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[Portrait d’innovateur] Carlo Ratti donne les clés au citoyen pour façonner sa ville du futur via l’open source

Publié le 23 septembre 2013 par Pnordey @latelier

Un innovateur ? Oui et un globe trotteur. « J’ai vécu dans beaucoup de villes en Italie, en France, en Angleterre, aux États-Unis et en Asie. Ma passion pour les cités est donc toute naturelle». A présent basé au MIT, il dirige le Senseable City Lab. Ce Lab met en place avec les collectivités locales notamment des projets basés sur l’open data. Ainsi, quantités de données analytiques peuvent être récoltées et sont à la base de cartographies, ou d’aménagements d’espace. Un projet important car pour lui si les technologies notamment mobiles ont changé le quotidien du citoyen, l’innovation sera à présent tournée vers la ville. «Avec l’apport tout particulier de la géolocalisation, c’est l’espace qui profitera du changement ». Ainsi, un projet de futur stade olympique monté par le Lab fait apparaître les trains de la “data”, les parkings intelligents ou encore un stade plus immersif pour le spectateur. Ce projet ambitieux est le résultat de plusieurs missions effectuées à travers le monde grâce à l’étude des déplacements et des activités par la géolocalisation.

L’idée disruptive ? S’intéresser à une vision “bottom-up” de la ville du futur plutôt que d’adopter une démarche d’ingénieur visant à optimiser les espaces. « La vision Bottom-up de la ville du futur vise à intégrer le citoyen  en tant qu’acteur dans sa ville. Le citoyen de demain doit pouvoir façonner une nouvelle ville ». Ainsi, le projet Urban Mechanics lancé à Boston doit transformer le citoyen en « mécanicien de la ville ». A l’aide d’applications, celui-ci peut récolter des informations  et les partager dans le but de « changer » son espace.  Ainsi, à l’aide de son smartphone, le citoyen “reporte” donc à son administration en envoyant photos et emplacements à problèmes tels les graffitis. Ce signalement est automatiquement partagé afin de faire d’une gêne signalée à l’Hotel de ville une opportunité de meilleure organisation communautaire.

Pourquoi s’intéresser à la smart city ? Car pour Carlo Ratti, si une partie du développement de la smart city ne fait qu’accompagner l’évolution de l’économie numérique actuelle notamment grâce aux applications, ce ne serait pas là le cœur du changement et de l’innovation. C’est en effet vers un mouvement plus global et ambitieux que la smart city se tournerait. « Il nous appartient de repousser les limites du système actuel, d’imaginer, de concevoir notre vie de demain ». A ce titre, l’objectif annoncé du Senseable City Lab consiste à repérer les insights, à anticiper les changements radicaux à l’origine de la vie future, à les concevoir ainsi qu’à imaginer leur ampleur.

Pourquoi ça nous impacte ? Carlo Ratti rappelle que les villes actuelles « fonctionnent selon la règle du 2-50-75-80». En effet, les espaces urbains représentent 2% de la surface de la planète mais totaliseraient 50% de la population, 75% de l’énergie consommée et 80% des émissions de CO2. «Notre rôle de citoyen est donc de rendre nos villes plus efficaces». Ainsi, un projet du Senseable City Lab mis en place avec Singapour vise à offrir à la population la possibilité de consulter, de récolter et de relayer des open data. «Cela aidera à changer les dynamiques de la ville». De même à Rio de Janeiro, l’accent est porté sur les zones informelles comme les Favellas.

Et à l’avenir ? Que les fans de science fiction ravalent leurs espérances. La ville du futur ne devrait pas être très différente de celle d’aujourd’hui dans sa conception physique. «Depuis l’antiquité, nous avons besoin de surface pour construire, de façades pour se protéger ou bien de fenêtres pour regarder vers l’extérieur». C’est plutôt dans notre façon d’interagir avec les individus, de se mouvoir dans l’espace qu’il faut envisager une réelle évolution. « Ce qui va changer (…), c’est notre façon de vivre, de se déplacer, de travailler, de rencontrer des personnes, de se balader ». Enfin, si l’apport de la technologie nous aidera à progresser dans tous ces domaines, celle-ci «tendra à s’effacer pour permettre au citoyen de faire ce qu’il aime de façon collaborative».


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