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Gerd-Rainer Horn, le concept de théologie de la libération est né en 1968

Par Alaindependant

Gerd-Rainer Horn considère que « Vatican II insuffla un esprit nouveau » : « la hiérarchie, dit-il, prit une série de mesures et offrit à cette génération un nouvel élan, une ouverture au monde et à l’avenir. La convocation du concile fut décidée personnellement par Jean XXIII (1958-1963). Le Suprême Pontife avait été élu notamment grâce à son caractère plus modéré que celui de son très conservateur prédécesseur, Pie XII (1939-1958) et à sa maîtrise de la diplomatie du Saint-Siège. C’est Vatican II qui a fait redécouvrir la question sociale à l’Église. Les catholiques de gauche eurent à ce moment l’impression que la hiérarchie était de leur côté, ce qui leur donna des ailes. Quelques théologiens, comme Chenu et Congar, furent rappelés d’exil pour assumer un rôle de conseiller à Rome. »

Et, pour conclure, dit-il, je n’affirme pas que, sans le catholicisme de gauche, 68 n’aurait pas eu lieu, mais il s’agit là d’un acteur très important et peu étudié qui mérite toute notre attention.

Michel Peyret

INTERVIEW

"Les catholiques de gauche ont joué un rôle important en mai 68"

Propos recueillis par Ruggero Gambacurta-Scopello - publié le 11/09/2013

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Gerd-Rainer Horn est professeur d’Histoire politique à l’Institut d’Études Politiques de Paris, docteur de l’université du Michigan. Spécialiste d’histoire politique européenne, il a publié sur ce thème The Spirit of ’68: Rebellion in Western Europe and North America, 1956-1976 (Oxford University Press, 2007). Auteur de plusieurs ouvrages, dont Western European Liberation Theology, 1924-1959: The First Wave (Oxford University Press, 2008), il prépare actuellement un livre intitulé The Spirit of Vatican II: Western European Left Catholicism in the Long Sixties, 1959-1980. Ses ouvrages, pionniers, sont décisifs pour comprendre le catholicisme de gauche et l’influence de la théologie de la libération sur les mouvements sociaux de 1968.

Comment définissez-vous le concept de « gauche catholique » en Europe ?

D’après moi, les définitions sont subjectives. Du point de vue historique, le phénomène débute dans les années vingt et s’amplifie dans les années trente, avec un premier pic dans les années quarante, avant de diminuer pour revenir en force dans les années soixante/soixante-dix. On peut dire que le catholique de gauche est quelqu’un qui participe à des mouvements sociaux progressifs catholiques et séculiers.

Dans les années quarante, ce courant n’acquiert pas seulement une visibilité mais aussi une certaine influence, à cause des circonstances liées à la Résistance. En effet, à cette occasion et pour la première fois, des catholiques se retrouvent du même côté que les radicaux de gauche, les socialistes et les communistes. Ils découvrent ainsi des idéologies différentes : avant la Première Guerre mondiale – et même dans l’entre-deux-guerres – le milieu catholique n’avait que peu de liens avec le milieu socialiste.

La source principale de la gauche catholique dans la première moitié du XXe siècle – et même plus tard – était l’Action catholique spécialisée, dont l’une des branches était la Jeunesse ouvrière chrétienne. En Belgique, l’abbé Joseph Cardijn (1882-1967) fonda, en 1924, la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Certes, à ses débuts, ce mouvement n’avait aucunement un caractère progressiste, son but étant avant tout de ramener à la religion la jeunesse belge, ouvrière et sécularisée.

En quoi l’Action catholique spécialisée est-elle un projet « de gauche » ?

C’était, à vrai dire, un effort conservateur qui provenait du haut de la hiérarchie : l’intention de l’Action catholique spécialisée – et de l’Action catholique tout court – était de récupérer des fidèles, et non pas de les radicaliser vers la gauche. Depuis le début de la JOC, on souhaitait que les jeunes ouvriers décident eux-mêmes de leurs actions et du travail missionnaire qu’ils allaient accomplir ; on souhaitait également qu’ils jouissent d’une autonomie d’action dans la société. Rappelons le slogan de la JOC belge : « Entre eux, par eux, pour eux ». En France, avec le Front populaire, l’orientation vers une plus grande autonomie des jeunes ouvriers chrétiens provoqua un élan vers la gauche, mais ce fut une conséquence involontaire. Si certains des responsables des organisations de l’Action catholique spécialisée y avaient peut-être déjà songé, ce ne fut pas le cas des grandes figures fondatrices du mouvement, comme Joseph Cardijn et le Français Georges Guérin (1891-1972).

Même dans l’Italie mussolinienne, l’Action catholique donna lieu à de nombreux développements non désirés. Il faut préciser, en effet, que l’Action catholique était plus ou moins la même dans les divers pays, ce qui conféra, de manière délibérée ou non, davantage d’autonomie aux laïcs. Ces derniers jouèrent un rôle plus actif dans l’Église que par le passé et cela, dans certaines circonstances, déboucha sur une orientation politique de gauche. En fait l’Action catholique avait gagné de l’importance dans l’Église avant de se radicaliser, et avant qu’un processus subversif involontaire ne s’enclenche.

Comment expliquez-vous le côté transnational de ces mouvements ?

À mon avis cela s’explique par le fait que le catholicisme est, par nature, transnational. L’Action catholique spécialisée dans la classe ouvrière est née avec Joseph Cardijn à Bruxelles, s’est répandue en Flandres et en Wallonie, et a presque immédiatement influencé le nord de la France. Après ces succès, une dynamique favorable à son implantation dans d’autres pays s’est installée. Les liens personnels ont compté aussi : le fondateur de la JOC française à Clichy, le père Georges Guérin (1891-1972), avait découvert l’existence de la JOC belge par des publications imprimées en Belgique, puis en avait réclamé d’autres afin de mieux connaître ce mouvement dont il devint par la suite l’aumônier pour la France. La Jeunesse ouvrière chrétienne, la Jeunesse étudiante chrétienne, comme d’autres branches de l’Action catholique spécialisée vers des milieux sociaux distincts, prirent racine en Espagne, au Portugal, en Allemagne, en Suisse ou en Italie, quoique de manière non absolument concomitante – et dans la majorité des cas seulement après la Seconde Guerre mondiale.

En tout cas, le réseau international eut un rôle essentiel : ce n’était pas des mouvements organisés en dehors de l’Église catholique, mais au-dedans : c’est pourquoi la transnationalisation a été assez rapide.

Pouvez-vous nous expliquer pourquoi, dans le titre de votre livre, Western European Liberation Theology, 1924-1959: The First Wave, vous avez précisé que vous examinez la first wave, la « première vague » ?

Le concept de théologie de la libération est né en 1968, donc après la fin de la première vague décrite dans mon livre. J’ai voulu donner un titre un peu polémique, et souligner que des mouvements comme, par exemple, la théologie de la libération latino-américaine, qui gagnèrent une grande visibilité internationale des années soixante-dix aux années quatre-vingt, avaient en réalité des racines plus anciennes dans le vieux continent. Nombre d’idées dont se sont inspirés les mouvements catholiques de gauche d’Amérique latine viennent d’Europe.

La génération dont je parle dans mon livre – celle représentée par les théologiens Jacques Maritain (1882-1973), Emmanuel Mounier (1905-1950) et Louis-Joseph Lebret (1897-1966), et encore par de nombreux autres penseurs francophones – est à l’origine de concepts qui furent ensuite repris en Amérique Latine. La théologie de la libération est, bien sûr, un mouvement autonome en soi, mais pas totalement. Par exemple, le théologien péruvien Gustavo Guttiérez, qui étudia à Louvain, à Paris et à Rome, a affirmé qu’il avait été inspiré par l’expérience des prêtres-ouvriers français et belges lorsqu’il était étudiant, au début des années cinquante. Il en va de même pour le théologien brésilien Leonardo Boff, qui avait fait ses études à l’Université de Munich où il se trouvait du reste en 1968. Il y avait aussi des théologiens européens – devenus par la suite des personnalités clés de la mouvance de la théologie de libération latino-américaine – comme l’Espagnol Jon Sobrino ou le Belge Joseph Comblin, auteur de livres influents dont les titres expriment déjà à eux seuls tout un programme : Théologie de la révolution et Théologie de la pratique révolutionnaire

Mais lorsque je parle de « première vague » et de « deuxième vague », je fais référence à des réalités européennes. Le second livre sur cette thématique, que je suis en train d’écrire (The Spirit of Vatican II: Western European Left Catholicism in the Long Sixties, 1959-1980), est la suite naturelle du premier. Le premier ouvrage couvre la période allant de 1924, date de la création de la JOC belge, à 1959, juste avant le concile Vatican II. Le second, ou « la deuxième vague », s’étend du début de Vatican II (1962-1965) jusqu’à la fin des années soixante-dix.

Lors de la première vague, l’importance des catholiques de gauche augmente jusqu’au milieu des années quarante, puis diminue, pour plusieurs raisons. Il faut savoir que la hiérarchie française de l’Église – encouragée par Rome, bien sûr ! – mit fin à l’expérience des prêtres-ouvriers le 1er mars 1954. Il y avait à l’époque cent prêtres ouvriers en France, et douze en Belgique. La hiérarchie leur imposa de quitter l’usine, ce qui mettait fin à leur projet de vie. Paradoxalement, c’est cette même hiérarchie qui les avait appuyés dans les années quarante.

Les prêtres-ouvriers sont-ils des « prêtres rouges » ?

En fréquentant l’usine, ces prêtres, qui partageaient la vie des travailleurs dans le but de les ramener au catholicisme, découvrirent un monde inconnu, avec ses idéologies, ses syndicats. Si ces prêtres ne devinrent pascommunistes, ils se rapprochèrent néanmoins des idéaux de gauche – ce qui déplut fortement aux évêques.

Dans les années cinquante, la hiérarchie sanctionna cette nouvelle théologie à laquelle Emmanuel Mounier, que nous avons déjà mentionné, mais aussi les théologiens dominicains Marie-Dominique Chenu (1895-1990) et Yves Congar (1904-1995) – qui, d’une certaine façon, étaient des radicaux – avaient donné ses lettres de noblesse. Ces théologiens octroyèrent davantage de place au laïcat dans l’Église, ce qui se concrétisa entre autres par des groupes de prière ou des groupes de discussion sur les textes. Au cours de ces réunions, l’on discutait de l’engagement des chrétiens dans la société.

Ces théologiens furent également sanctionnés par Rome et certains de leurs livres mis à l’index – ce fut le cas de deux ouvrages de Chenu. Ils furent contraints à l’exil : Congar, qui joua par la suite un rôle important lors de Vatican II, dut quitter Paris en 1954 pour Jérusalem où il enseigna à l’École biblique. Un an après, néanmoins, il revint en Europe et s’installa dans un couvent à Cambridge, où il vécut dans une quasi réclusion – une « captivité », selon ses propres termes. Chenu, personnalité d’importance, qui fut également dans les coulisses de Vatican II, connaissait l’exil à Rouen – ce qui ne semble pas être comparable à la Sibérie, mais qui l’éloignait néanmoins du laboratoire d’idées du Saulchoir, le couvent des Dominicains à Étiolles, au sud-est de Paris.

Comment est née la deuxième vague ?

La deuxième vague s’inspira largement du concile Vatican II. Le catholicisme de gauche existait auparavant, mais il était sur la défensive : les théologiens ne pouvaient pas écrire librement, et les prêtres ouvriers suscitaient la méfiance. Vatican II insuffla un esprit nouveau : la hiérarchie prit une série de mesures et offrit à cette génération un nouvel élan, une ouverture au monde et à l’avenir. La convocation du concile fut décidée personnellement par Jean XXIII (1958-1963). Le Suprême Pontife avait été élu notamment grâce à son caractère plus modéré que celui de son très conservateur prédécesseur, Pie XII (1939-1958) et à sa maîtrise de la diplomatie du Saint-Siège. C’est Vatican II qui a fait redécouvrir la question sociale à l’Église. Les catholiques de gauche eurent à ce moment l’impression que la hiérarchie était de leur côté, ce qui leur donna des ailes. Quelques théologiens, comme Chenu et Congar, furent rappelés d’exil pour assumer un rôle de conseiller à Rome.

Le concile ouvrit des perspectives inédites à la première génération de catholiques de gauche, qui était sur la défensive depuis au moins une douzaine d’années. Cela se traduisit, entre autres, par une floraison de communautés catholiques de base, en Italie, en Espagne, en France et ailleurs encore. En France, leur nombre fut multiplié après 1968 tandis qu’en Italie ce mouvement avait déjà débuté dès 1964. Pour autant, Vatican II n’est pas le fruit de la première vague. La deuxième vague était surtout animée par les nouvelles générations de théologiens et de militants.

Mais assez rapidement des craintes apparurent, car l’élan donné par Vatican II échappait au contrôle de la hiérarchie. Lorsqu’une soixantaine de séminaristes eurent occupé le Grand Séminaire de Derio près de Bilbao en 1968, et que certaines communautés de base eurent occupé des cathédrales et commencé à défier ouvertement la hiérarchie de l’Église, les enjeux se durcirent. La répression s’est indéniablement poursuivie après Vatican II, même si la hiérarchie avait manifesté au début davantage de tolérance que par le passé. Jean XXIII lui-même, et bien d’autres, étaient presque du côté des militants. La lune de miel entre les autorités religieuses et les catholiques de gauche prit fin entre 1968 et 1969, à cause de la radicalisation des mouvements sociaux. Paul VI (1963-1978) – qui entretenait par ailleurs des liens amicaux avec des théologiens militants – commença à avoir des craintes. Ainsi, de 1968 à 1973, la deuxième vague atteignit-elle son sommet, tout en rencontrant de plus en plus de difficultés dans ses relations avec Rome. À partir de 1973, on assiste à un recul du catholicisme de gauche.

Tous les pays ont-ils été également pénétrés par « l’esprit de Vatican II » ?

Oui, quoique de façon inégale. Un bon exemple de l’impact de la deuxième vague à l’échelle européenne a été l’expérience des prêtres-ouvriers. Lors de la première vague, le mouvement se limitait strictement à la France et à la Belgique. C’est en 1965 que les évêques et les archevêques décidèrent d’autoriser à nouveau l’expérience des prêtres-ouvriers. En France et en Belgique, à partir de 1968, ces derniers, qui avaient été réprimés en 1954 et en 1955, virent s’accroître considérablement leurs effectifs. En 1974, en France, on compte plus de sept cents inscrits à l’archevêché, contre cent dans les années cinquante. Dans la réalité même, le nombre de prêtres allant à l’usine de leur propre chef était encore beaucoup plus élevé. Mais l’expérience des prêtres en bleu de travail devenait également un phénomène transnational et non plus seulement franco-belge.

En général, on peut dire que la deuxième vague du catholicisme de gauche se faisait beaucoup plus forte que la première. Et la France n’était plus forcément l’exemple par excellence de la deuxième vague. L’Italie a joué un rôle important dans cette nébuleuse de dissidents catholiques des pays démocratiques de l’Europe de l’Ouest. Mais, lors de la deuxième vague, dans les années soixante surtout, l’Espagne acquit elle aussi un rôle charnière sous la dictature de Franco. La Nouvelle gauche espagnole était au départ animée avant tout par les militants catholiques. Le catholicisme de gauche participa très activement aux mouvements sociaux ouvriers et étudiants espagnols. J’ai déjà mentionné le cas de l’occupation d’un Grand séminaire au temps où la hiérarchie catholique espagnole était fermement du côté de Franco. Le dictateur fit même bâtir une prison spéciale à Zamora pour les prêtres rebelles.

Si l’on se tourne vers les Pays-Bas, on constate qu’ils ont posé un problème majeur au monde catholique. En effet, la hiérarchie ecclésiastique hollandaise, surtout dans son aile modérée, était presque entièrement du côté des catholiques de gauche alors que la tendance était plutôt inverse dans les autres pays. Dans les discussions de Vatican II, le Catéchisme hollandais, publié en 1966 par la Conférence épiscopale des Pays-Bas, donna lieu à d’infinies controverses. La hiérarchie, qui se trouvait « à gauche du centre », donna l’imprimatur à ce document qui, bien que très novateur, n’était pas aussi subversif qu’on le prétendait. En conséquence, le catholicisme de gauche aux Pays-Bas put se développer presque sans entraves, du moins initialement. Je vous donne un exemple. En dehors du mouvement des prêtres-ouvriers, il y en avait un autre, formé de prêtres contestataires encore plus nombreux que ces derniers, lui aussi de caractère transnational. En France, il s’agissait des prêtres organisés par le réseau d’Échanges et Dialogue ou, en Italie, parSette Novembre. Mais c’était aux Pays-Bas que ce mouvement – portant le nom de Septuagint – prenait en charge la plus grande partie des prêtres, du fait de leur nombre relativement réduit dans un pays de taille modeste.

Quel a été l’impact des catholiques de gauche sur les mouvements sociaux ?

Il ne faut pas sous-estimer l’apport du catholicisme de gauche aux manifestations des étudiants et aux mouvements ouvriers de ces années-là. Quand on essaie de retracer le profil des militants, on se rend compte de la contribution très forte du catholicisme de gauche, que ce soit en France, en Belgique, en Italie ou en Espagne – même si, dans ces trois derniers pays, l’apport fut sans doute plus considérable.

Un symbole : à l’usine horlogère LIP de Besançon, éclata une révolte en 1973-1974 contre la direction et une grève massive s’ensuivit. Les ouvriers occupèrent l’usine, et l’autogérèrent pendant neuf mois, continuant à produire et à vendre des montres. Ce mouvement social connut un énorme retentissement non seulement à l’échelle nationale mais aussi européenne. Il s’agissait, en effet, de la première autogestion d’une usine par les ouvriers. Il fut soutenu par l’archevêque de Besançon et guidé, entre autres militants d’origine catholique, par un prêtre ouvrier, Jean Raguenès. Ce frère dominicain était aumônier de certaines facultés parisiennes au moment même des barricades du quartier latin en mai 68 ; en 1971 il décida de s’installer à Besançon où il trouva un emploi de prêtre-ouvrier chez LIP. Raguenès est décédé en 2013 à San Paolo, ayant consacré la deuxième partie de sa vie à la défense des paysans amazoniens.

Pour conclure, je n’affirme pas que, sans le catholicisme de gauche, 68 n’aurait pas eu lieu, mais il s’agit là d’un acteur très important et peu étudié qui mérite toute notre attention.


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