Grâce à l'impulsion du gouvernement Obama imposant l'utilisation généralisée d'EMR (Electronic medical record systems) d'ici 2014, les professionnels de la santé américains sont de plus en plus nombreux à accélérer la digitalisation de leurs services de traitement de données. Selon une récente étude d'Accenture, plus de 93% des docteurs américains utilisent déjà un système d'EMR et la moitié d'entre eux utilisent régulièrement des données médicales externes grâce aux outils d'HIE (Health information exchange). Cependant, et alors que la FDA avait déjà mis en garde les fabricants d'appareils médicaux électroniques contre des risques de cyber-attaques, plusieurs rapports pointent de nombreuses difficultés rencontrées lors de la transition vers un traitement digital et ouvert des données médicales. Dans la majorité des cas, ces imperfections constituent des menaces pour la confidentialité des données voire la santé des patients.
Des irrégularités répétées et une absence de communication
Le passage des dossiers au numérique entraîne de nombreux accidents aux Etats-Unis, comme le reconnaît l'American College of Emergency Physicians. Des logiciels incomplets conduisent par exemple à "de mauvaises affectations d'ordonnances et de médicaments et une présentation de données erronées". Ainsi en Pennsylvanie, les autorités médicales notent que le nombre d'erreurs associées à l'utilisation d'un EMR est en augmentation, passant à 1.142 en 2011 soit le double de 2010. Dernier exemple en date, le groupe UnitedHealth Group a été contraint de rappeler tous ses logiciels Picis ED PulseCheck utilisés dans plus de 20 Etats face à la disparition répétée des dossiers de prescriptions médicales. En cause principalement, la courbe d'apprentissage du personnel soignant n'étant pas forcément à l'aise avec les outils numériques utilisés pour le traitement d'EMR. Comme le pointe un rapport détaillé publié par Bloomberg News en septembre 2013, le moment critique où les patients s'exposent à de potentielles défaillances du système correspond aux premières semaines d'utilisation, passé un certain cap d'adaptation les irrégularités du système se réduisent fortement. Difficulté de mesurer efficacement l'origine d'une défaillance, distinguer entre erreur humaine et défaut du système, par ailleurs manque de retour puisque la FDA n'impose pas de transparence aux utilisateurs d'EHR. En effet les médecins déplorent également leur impossibilité à communiquer efficacement sur ces points d'amélioration se disant parfois bâillonnés par les vendeurs de logiciels, les contrats incluant le plus souvent des "gag clauses" empêchant les praticiens de fournir un retour transparent concernant les éléments à améliorer.
Des rendements néanmoins conséquents
Il semblerait pourtant que la transition technologique et le nécessaire délai de formation des professionnels soient véritablement à l'origine de ces erreurs, et qu'il s'agisse rarement d'erreurs intrinsèques au fonctionnement de ces logiciels. En parallèle cette nouvelle méthode de traitement en EMR continue de porter ses fruits, ainsi deux études publiées cette semaine dans le Journal of the American Medical Association révèlent les améliorations apportées par cette nouvelle technologie de traitement des données. Ainsi une première étude menée par Kaiser Permanente analyse l'impact sur l'état de santé de diabétiques, après la transition au traitement numérique le nombre d'admission aux urgences et d'hospitalisation en général a baissé de plus de 5%. De même une autre étude menée en Finlande souligne l'efficacité des EMR dans la détection de malformation chez les enfants en bas âge.