Trentemøller

Trentemøller

Lost

(In My Room / La Baleine)

Jamais vraiment là où on l’attend, le danois Trentemøller ne recule devant aucune audace, quitte à laisser ses fans des débuts sur le coté. Anders aime prendre des chemins de traverse, brouillant un peu plus les pistes à chaque nouvelle sortie, délaissant au fil du temps l’electro pour se transformer en bête hybride lorgnant du coté de la pop et du rock enrobés de guitares claires ou noise. Avec Lost, Trentemøller continue dans le sillage débuté lors de son précédent opus, Into The  Great Wide Yonder, alternant instrumentaux et tracks chantés sur lesquels viennent se greffer une belle brochette de chanteurs confirmés : Sune Rose Wagner (The Raveonettes), Low, Ghost Society, Jonny Pierce, Jana Hunter (Lower Dens), Kazu Makino. Producteur et arrangeur ultra talentueux, il propose une alternative à l’ennui à travers son refus de faire du surplace, regardant en avant sans se préoccuper de ce qu’il a légué de par le passé. Lost est une odyssée dans l’éclectisme et la diversité, un plongeon sans gilet de sauvetage dans une mer agitée, où les mélodies se font l’écho de rythmiques solidaires et de basses aux résonances parfois eighties. Avec Morphine et son ambiance dark jazz, on peut se demander s’il n’est pas un hommage au groupe du même nom, tandis que son Still On Fire nous donne à apercevoir le fantôme écarlate de The Cure plongé dans un chaudron d’electro bouillante. Trentemøller donne à réfléchir autant qu’à entendre, offrant un album brillant qu’il faut apprendre à écouter pour en percevoir toute sa profondeur minérale et ses modulations orbitales aux explosions orchestrales magnifiées, à l’image du somptueux Hazed clôturant magistralement cette immersion en forme de jeu de pistes virevoltant. Vital.

Roland Torres

Site :  www.anderstrentemoller.com