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Négritudes d’aujourd’hui

Par Christian Tortel

Editorial de Mondomix, site de musiques du monde :

«Pousser d’une telle raideur le grand cri nègre que les assises du monde en seront ébranlées»  Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal (1939).

160 ans. C’est ce qu’il aura fallu attendre depuis l’abolition de l’esclavage en France pour qu’un écrivain Noir - Aimé Césaire - reçoive des obsèques nationales, à l’instar de Victor Hugo, Paul Valery ou Colette. 40 ans, c’est ce qu’il aura fallu attendre après l’assassinat de Martin Luther King pour qu’un Noir américain, Barack Obama, brigue la présidence des Etats-Unis.

De longues attentes qui n’auront pas été passives. Il a fallu lutter sans cesse, toujours clamer haut et fort les valeurs qui nous fondent en tant qu’êtres humains. Les valeurs de respect, de droit, de devoir, d’universalité et de partage, pour que vivre tous ensemble ait du sens, pour que chacun ait sa place.

Pour autant, sommes-nous soulagés de ce combat ? Dans le monde d’aujourd’hui, que reste-t-il à conquérir pour obtenir enfin l’égalité entre les hommes ? Tout est si politiquement correct désormais.

Et pourtant, nous sommes toujours inégaux devant la faim et le froid. Les atrocités ethniques subsistent, quand elles ne se multiplient pas, mais ce «politiquement correct» a gagné tous les esprits. Ainsi, lorsque la Chine écrase dans le sang la rébellion tibétaine, faisant s’élever quelques voix de-ci de-là, elle s’offusque de ces protestations, se dit outragée, déroule une propagande mondiale nauséabonde qui fédère tout le peuple chinois, diaspora incluse. Au point de faire plier la France, qui s’excuse d’avoir laissé quelques militants égarés «salir» le parcours de la flamme olympique…

Aimé Césaire disait tellement vrai dans son Discours sur le Colonialisme : «Et alors, je le demande : qu’a-t-elle fait d’autre, l’Europe bourgeoise ? Elle a sapé les civilisations, détruit les patries, ruiné les nationalités, extirpé «la racine de diversité». Plus de digue. Plus de boulevard. L’heure est arrivée du Barbare. Du Barbare moderne. L’heure américaine. Violence, démesure, gaspillage, mercantilisme, bluff, grégarisme, la bêtise, la vulgarité, le désordre.»

Ce texte vaut pour tous les colonialismes : ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui, ici, là, partout dans le monde. Colonialismes qu’il faut combattre, sans relâche.

Marc Benaïche


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