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Road-trip pour losers attachants (l’art de la roue libre)

Par Borokoff

A propos de Les Conquérants de Xabi Molia ★★★☆☆

Mathieu Demy et Denis Podalydès - Les Conquérants de Xabi Molia - Borokoff / Blog de critique cinéma

Mathieu Demy et Denis Podalydès

Dans le Nord de la France, Galaad (Denis Podalydès) et Noé (Mathieu Demy), deux demi-frères, arrivent en retard à l’enterrement de leur père, un explorateur et chercheur reconnu avec qui ils avaient peu d’affinités pour ne pas dire étaient restés en froid. Outre leur parenté, Galaad et Noé partagent un certain goût pour l’échec et les déconvenues sentimentales. Pour conjurer le sort, convaincus qu’ils ont été frappés par une malédiction, héritage d’un sacrilège commis par leur père lorsqu’il déroba un Graal, Galaad et Noé décident de partir à la recherche d’une grotte cachée et mystérieuse pour y remettre la relique sacrée en place. Mais leur pèlerinage, placé sous le sceau de la rédemption, va justement (mal) commencer par un vol…

Denis Podalydès - Les Conquérants de Xabi Molia - Borokoff / Blog de critique cinéma

Denis Podalydès

Les duos de losers au cinéma sont (presque) toujours attachants lorsque l’entente et l’alchimie entre les acteurs fonctionnent aussi bien. C’est le cas du couple formé par Podalydès et Demy, tout en décalages, entre le perché et septique voire un brin fataliste Galaad et le plus mélancolique voire austère (mais tout aussi perdant) Noé.

Galaad est un comédien de théâtre un brin désabusé et déprimé depuis qu’il a appris la rechute de son cancer. Noé, lui, est un entraîneur de football en CFA qui tient des discours gauchistes qui trouvent peu d’écho auprès de ses joueurs. Le point commun de Galaad et Noé ? C’est qu’ils sont très proches de la porte et que pire, ils semblent s’en foutre.

Mathieu Demy et Denis Podalydès - Les Conquérants de Xabi Molia - Borokoff / Blog de critique cinéma

Si Galaad est un personnage lunaire, qui semble vivre dans un songe, en tout cas planer dans la réalité, Noé est un quadragénaire qui éprouve plus cruellement, plus directement, plus tangiblement et frontalement l’amertume de l’existence.

Le ton de cette comédie teintée de fantastique permet bien évidemment de ne pas tomber dans la complaisance et le pathos. Le sujet du cancer de Galaad ne prêtait pas forcément à rire. D’où le ton doux-amer de Les Conquérants.  Non ce qui est vraiment drôle, c’est l’enchaînement des échecs et l’abonnement à la « lose » que semblent avoir pris ces deux pieds-nickelés au départ assez hostiles l’un envers l’autre avant de se rapprocher de plus en plus. Comme si l’échec leur collait à la peau, d’où cette idée chez Galaad qu’il doit absolument conjurer le mauvais sort jeté sur son père et toute sa descendance.

Mathieu Demy et Denis Podalydès - Les Conquérants de Xabi Molia - Borokoff / Blog de critique cinéma

Influençable, lui qui n’a plus rien à perdre, Noé le suivra dans la brume des montagnes et la trajectoire d’un destin aussi fluctuante qu’hasardeuse.

Si Les Conquérants n’est peut-être pas une comédie impérissable (la chute est un peu plate et décevante), il faut reconnaître qu’il y a vraiment des moments où l’on rit, comme par exemple dans la scène où Noé se fait offrir par sa voisine de pallier, qui l’a invité au restaurant pour le draguer, un collier africain un peu ridicule. La scène des vestiaires où Noé remet à des joueurs dubitatifs des médaillons d’ouvriers licenciés ou morts, dans le but de les encourager à gagner et à se battre pour eux, est pas mal aussi.

S’il n’est pas étonnant de retrouver Podalydès dans un rôle de Pierrot la lune à côté de la plaque, c’est en revanche une surprise de découvrir le talent comique de Mathieu Demy, peut-être pas à contre-emploi mais peu habitué au genre en tout cas. L’humour et l’(auto)-dérision de son personnage tranchent avec le sérieux et le grave, la fermeture et la rigidité de son expression et font mouche. Un comique un peu à la Buster Keaton ou à la Darry Cowl.

A l’image de 8 fois debout, on retrouve le goût du réalisateur pour les personnages décalés, marginaux ou habitués à merder. Un univers original et personnel. Prometteur. En attendant la suite, qu’on espère plus ambitieuse encore…

http://www.youtube.com/watch?v=wB6ynTUp1mg

Film français de Xabi Molia avec Mathieu Demy, Denis Podalydès, Christian Crahay (01 h 36) 

Scénario de Xabi Molia : 

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Mise en scène : 

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Acteurs : 

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Compositions de Benjamin Rosier : 

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