Titre original : 2 Guns
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Baltasar Kormákur
Distribution : Denzel Washington, Mark Wahlberg, Edward James Olmos, Paula Patton, Bill Paxton, Fred Ward, James Marsden, Robert John Burke…
Genre : Comédie/Action
Date de sortie : 25 septembre 2013
Le Pitch :
Robert Trench et Michael Stigman sont deux criminels, embourbés jusqu’au cou dans les opérations d’un baron de la drogue mexicaine, Papi Greco. Trahis par leur employeur, ils échafaudent un plan pour braquer une banque apparemment quelconque dans une petite ville au sud de la frontière, où Greco prétend cacher son argent. Quelle ironie, alors que les deux amis se connaissent si peu ! Trench est un agent de la DEA sous couverture, tandis que Stigman est en fait un officier de la Navy. Aucun des deux ne sait qu’ils sont tous les deux du côté des gentils et tous deux s’attendent à se faire entuber par l’autre pour s’attaquer à Greco ensuite. S’ils savaient seulement ce que mijotent leurs supérieurs…
La Critique :
C’est officiel, Washington et Wahlberg sont les nouveaux Gibson et Glover. Peut-être un des rares divertissements à mériter le terme « film popcorn », le 2 Guns de Baltasar Kormakur est avant tout un exercice de puissance pour ses stars. Cette virée joyeusement tord-boyaux au sud de la frontière américaine est remplie de trahisons sanglantes et d’intrigues enrayées, menées à bien avec un élan casse-cou par Denzel Washington et Mark Wahlberg, qui montrent ici le meilleur rapport entre chicaneurs dans un buddy movie depuis Mel Gibson et Danny Glover. Le studio aurait dû laisser tomber le titre bancal ; fallait juste l’appeler Charisme: Le Film.
Lancé sur des rails convenus, 2 Guns pervertit la nature de ses braqueurs avec une combine assez bien trouvée. Washington est un agent des stups et Wahlberg roule pour la Navy ; les deux travaillent ensemble pour abattre un caïd de la drogue mexicain joué par le toujours-génial Edward James Olmos. Sauf que voilà : aucun de ces deux compères ne savent que l’autre est un flic, donc la révélation de leurs boulots complique un peu les choses, surtout quand un hold-up tourne mal et qu’ils finissent par choper des fonds de la CIA allant jusqu’à 43 million en liquide. Sans faire exprès.
Affranchis par leurs agences respectives, ils se retrouvent coincés au Mexique et forcés de compter l’un sur l’autre parce que tout le monde des deux côtés de la frontière veut leur peau. Olmos qui pisse sur ses propres mains avant d’empoigner une batte de baseball pourrait leur attirer pas mal d’ennuis, mais il y a aussi un mec sadique de la CIA (Bill Paxton, imitant Joe Don Baker) qui joue à la roulette russe sur les genoux des gens.
Bourrant le cadre avec des références au cinéma crasseux des 70′s de Sam Peckinpah et Don Siegel, Kormakur s’agenouille devant les maîtres old-school alors que son ton contagieusement enjoué doit beaucoup aux répliques viriles des films qui se regardent encore et encore, comme Midnight Run ou Bienvenue dans la Jungle. On est tellement pris d’assaut par le charme à chaque fois que Washington et Wahlberg sont à l’écran, que chaque scène où ils ne sont pas ensemble devient contrariante.
Fringué en chemises ringardes, des dents en or et le genre de fedoras que lui seul peut porter, Washington enclenche le mode badass à la Man on Fire et se pose sur un rythme de cynique imperturbable, décochant ses plaisanteries avec la même impassibilité entichée ; alors que Wahlberg lui, augmente le volume, à la fois belliqueux et fragile, un chewing-gum toujours à la bouche, affichant cette expression sincère de toutou essoufflé qu’il maîtrise tellement. Deux mecs, bons et mauvais, amis et ennemis, qui savent tout et rien sur l’autre. Et Marky Mark porte très bien les vestes en jean.
Inspiré d’une B.D. de Steven Grant (parce qu’apparemment tout droit être inspiré d’une B.D de nos jours), 2 Guns malheureusement ne casse pas trois pattes à un canard niveau histoire. Les scènes d’action sont compétentes mais très balisées ; à part un moment très fun où Wahlberg guide Washington à travers une fusillade militaire par téléphone, on a déjà vu la majorité de ces gunfights et carambolages autre part, et même les instants plus décalés ont tendance à être recyclés.
Voyons plutôt : un gangster mexicain avec des méthodes de torture excentriques et une moue patriotique inattendue ? Déjà vu. Des têtes décapitées dans des sacs ? Déjà vu. Des agents du gouvernement malveillants ? Déjà vu. La roulette russe mentionnée plus haut ? Déjà vu. Chirurgie illégale chez le vétérinaire ? Cherchez pas plus loin que cet été avec Wolverine ; c’est du déjà vu. En voyant Denzel traîner dans une chambre d’hôtel avec une fille à moitié nue qui a l’air assez jeune pour être sa nièce, on a l’impression de revoir Flight. Même le grand final, qui se résume à « Et puis merde, on va tuer tout le monde », rappelle une version diluée de Savages.
Mais bon. Parfois, l’attitude ça compte pour tout. Illustrant l’importance d’un bon casting, qui peut faire la différence en rehaussant l’intérêt d’un film d’action assez basique, 2 Guns est parfois plaisant au point d’être absurde. On parle d’un film où Fred Ward joue un amiral dans la Navy. Pour certains, c’est la cerise sur le gâteau.
@ Daniel Rawnsley
Crédits photos : Sony Pictures Releasing France