Les incubateurs, s'ils se développent avec énergie au sein de la capitale française, n'ont encore jamais expérimenté un projet d'une telle ampleur. Xavier Niel, en partenariat avec le Caisse des Dépots et Consignations, entend mettre en place un incubateur géant dans les murs de la Halle Freyssinet. Espace de 30 000 mètres carrés, la Halle doit à l'horizon 2016-2017 devenir le lieu de l'innovation numérique. Bureaux, salles de réunions, amphithéâtres et services publics, le projet promet déjà un espace doté des meilleurs conditions de travail possibles pour les jeunes startups et entrepreneurs parisiens. En effet, la Ville de Paris prévoit d’accueillir 1000 nouvelles startups en 2016.
Un nouveau quartier numérique
Prenant parti du capital historique du bâtiment, la Halle Freyssinet, plus qu'un simple incubateur se veut la manifestation publique du dynamisme entrepreuneurial français. Intégrée au sein du 13e arrondissement, des projets de jardins et restaurants ouverts jour et nuit doivent permettre à la Halle de devenir non seulement un lieu de travail, mais aussi d'échange et de découverte. Normaliser un entrepreunariat numérique appréhendé encore fortement comme technique et attaché aux nouvelles technologies auprès de la population parisienne. Mais ce projet est aussi le signe de l'importance reconnue à l'innovation par les secteurs aussi bien privés que publics, on pourra ainsi y trouver des antennes de la Banque Publique d'Investissement et des banques privées. C'est presque une Cité Numérique autosuffisante que propose Xavier Niel, dans le prolongement de ses initiatives précédentes, que ce soit l'Ecole 42 dédiée à l'apprentissage des technologies informatiques ou l'EEMI. Un projet important et coûteux. Si la CDC entend participer à hauteur de 10% environ à la société co-créée avec Xavier Niel qui gèrera le projet, le reste des capitaux sera assuré par le vice-président de l'Iliad, 6e fortune française en 2013, à titre personnel. Le projet qui devrait s'élever à 120 millions d'euros pour Xavier Niel débutera dès 2014 avec la réfection des locaux, pour une ouverture aux startups dès 2016 dans le meilleur des cas.
Une première étape vers une politique plus élargie?
"C'est un projet qui paraît extrêmement ambitieux, et bien sûr tout projet qui entend soutenir les jeunes entrepreneurs dans le domaine de la recherche et de l'innovation est louable, mais l'échéance est encore lointaine" nous explique Jean Delalandre, Directeur de mission du Comité Richelieu, association française des start-up, PME et ETI innovantes. En effet malgré le clair soutien affiché par les pouvoirs publics, que ce soit la Mairie de Paris avec Bertand Delanoë ou le Ministère de l'Economie par la voix de Fleur Pellerin, cette initiative ne fait pas une politique. Concentrée sur Paris, elle ne doit pas éclipser l'importance et la vitalité des autres jeunes startups et entrepreneurs qui se trouvent partout sur le territoire, comme le rappelle M. Delalandre. Devant les difficultés que connaissent actuellement les jeunes entreprises, « la Halle Freyssinet constitue un projet intéressant à moyen terme mais ne peut être le levier de redressement de court terme nécessaire ».