Bon j’avais dit que je ne publierais plus sur ce blog, ni sur aucun autre blog, mais vous savez ce qu’on dit : seuls les imbéciles ne changent pas d’avis (A contrario, changer souvent d’avis n’est pas une preuve d’intelligence…)
Je reviens pondre un entrefilet sur les éditions de la Musardine. La Musardine, c’est une librairie bien connue de Paris. mais aussi un éditeur dont la ligne directrice est l’éclectisme et l’ouverte à tout ouvrage traitant de la séduction et de l’érotisme, voire de la pornographie ou du BDSM…
Régulièrement, l’éditeur publie de petits recueils d’historiettes érotiques, sur une base thématique… La collection s’appelle « Osez… » Voyez ici le blog qui y est dédié…
Alors bon, qu’est-ce qui m’amène à revenir ici publier un nouvel article ? On m’accusera de parler trop de moi, mais tant pis. À quoi bon créer un blog si c’est pour ne rien dire de soi ? Pour la petite histoire, un soir je furetais sur un de ces réseaux dits sociaux que j’abhorre pourtant. Apparait la page d’Elise Musardine , qui était en recherche de nouvelles érotiques. Moi ça ne m’avait jamais tenté d’écrire ce genre de choses, qui me semblait de la littérature de sous catégorie. Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit que l’écriture érotique peut être littéraire, et que de surcroit l’éditeur a un souci de présenter des textes de qualité. Me voilà donc en train de noircir les pages, avec de temps une pause pour… enfin vous devinez quoi… Et bientôt heureux auteur de quelques textes croustillants. Cela suffit-il pour passer l’enceinte du comité de lecture ? Je le croyais bien, pensant que le genre était facile à appréhender, et peut-être trop vite content de moi. Mais aussitôt les textes envoyés à l’éditeur, un doute me submerge, et même plusieurs. Suis-je dans la ligne éditoriale ? Mes textes sont-ils bons ? Etc etc etc… Il n’y a qu’une chose certaine : si écrire nécessite de se tracasser, de revenir en arrière, d’ergoter… Alors je suis dans le vrai.
Soucieux de vérifier la ligne éditoriale de La Musardine, je commande quelques recueils déjà publiés. Dont le susdit : « 20 histoires de sexe en vacances »
Et dès réception de l’ouvrage, je m’y plonge au risque de le maculer de sauce tomate. Et surprise ! Les textes publiés sont de bonne facture, et n’ont pas à rougir de publications plus sérieuses… Ce n’est pas de la haute littérature, mais c’est joliment écrit, ouvragé, stylé. La plupart des nouvelles sont exotiques. Au minimum elles se passent dans le midi. Parfois en Méditerranée, ou plus loin encore. L’ambiance est agréable, on est emmenés en voyage véritablement, le dépaysement est garanti. Les pages se tournent facilement.Évidemment, le propre d’un recueil est sa diversité, en particulier quand il y a multiplicité d’auteurs. L’un vient directement au fait, l’autre pond quatre pages pour planter le décor. L’un fait dans le suggéré, un autre met les pieds dans le plat… Il est donc difficile de donner une appréciation globale…
Une nouvelle dépasse les autres, à mon avis, c’est « La tentation de Palerme », d’Octavie Delvaux . Ce texte m’a semblé presque parfait : Le décor est bien planté, l’ambiance captivante, chaque mot est à sa place. Mais aussi, les dernières lignes donnent un éclairage particulier, une teinte sadique, revancharde, narcissique, qui fait frémir…
Un bémol toutefois, dans certaines nouvelles l’ambiance est plus club Med que club libertin. L’auteur semble parfois oublier le but du texte érotique, qui est donc… l’érotisme. Parfois on a l’impression que le texte n’avait pas été rédigé dans ce sens, et que l’on a juste ajouté un paragraphe pour coller à la thématique. Là est sans doute le point noir lorsqu’on fait appel à des auteurs qui ne sont pas spécialisés dans le domaine…
Une caractéristique qui m’a étonné : les auteurs sont aussi bien hommes que femmes, mais il est difficile de distinguer le genre à la lecture. La femme s’est-elle alignée sur l’homme dans l’expression de ses fantasmes, ou les deux sont ils si peu différents, dans le fond ?
Quant à moi, me voilà encore plus dubitatif : mes textes sont d’une autre teinte, plus rose foncée, avec moins de chichis et d’atermoiements. Pour parler en terme plus simples, on y baise dès la seconde page, et d’une drôle de manière… Je ne suis pas originaire de la Cité ardente pour rien, la Marseille du Nord… J’espère toutefois bénéficier de l’ouverture d’esprit de l’éditeur, et je prie pour que les semaines passées à gratter le papier ne soient pas vaines…
« Les deux jeunes gens coururent s’abriter sous la voûte d’entrée d’une minuscule ruelle. Dans le mur était creusée une niche grillagée où des fidèles avaient déposé des fleurs en l’honneur d’une statue de la Vierge. À la vue de la madone, le prêtre se signa. Cherchait-il une protection contre les assauts de sa terrible voisine ? Gwen ne s’en laissa pas conter : la ferveur du prêtre ne le rendait que plus désirable à ses yeux de perverse. Ils étaient seuls, collés l’un contre l’autre, à l’abri des regards… »
Osez 20 histoires de sexe en vacances. Éditions de La Musardine