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Flashback : «12 hommes en colère» de Sidney Lumet

Publié le 28 septembre 2013 par Masemainecinema @WilliamCinephil

En 1957, le premier long-métrage de Sidney Lumet apparaissait dans les salles : « 12 hommes en colère ». C’est une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre de Reginald Rose. Le casting se compose d’acteurs confirmés avec à leur tête : Henry Fonda, qui est en réalité à l’initiative du projet. Le film est le lauréat de l’Ours d’Or à la septième édition de la Berlinale et du BAFTA Awards du meilleur acteur pour Henry Fonda. « 12 hommes en colère » sortait dans nos salles françaises le 4 septembre 1957.

Synopsis : Un jeune homme d’origine modeste est accusé du meurtre de son père et risque la peine de mort. Le jury composé de douze hommes se retire pour délibérer et procède immédiatement à un vote : onze votent coupable, or la décision doit être prise à l’unanimité. Le juré qui a voté non-coupable, sommé de se justifier, explique qu’il a un doute et que la vie d’un homme mérite quelques heures de discussion. Il s’emploie alors à les convaincre un par un.

« 12 hommes en colère » relève d’un véritable talent de la part de son réalisateur, Sidney Lumet, encore plus quand on sait que c’est son premier long-métrage. En adaptant ce texte de théâtre, il s’impose des difficultés en plus. Son histoire ne se déroulera que dans une pièce, à l’exception d’une courte scène dans une pièce annexe, et n’aura ni ellipse, ni flash-back. En plus de cela, il doit respecter la règle théâtrale des trois unités (unité de lieu, de temps et d’action). Pour être franc, c’est une totale réussite. Une fois que Sidney Lumet pose sa caméra dans la pièce, elle va faire des miracles. Dans son premier tiers, il filme la pièce d’hauteur, puis va, dans un deuxième temps, se placer en face des personnages, pour, au final, les filmer en dessous des yeux avec une légère contre-plongée. Ce procédé accentue le côté étouffant du film, en plus de voir les personnages sués tout du long à cause de la chaleur. La réalisation de Sidney Lumet se veut très libre dans ses mouvements et enchaine les longs travelings, tout en s’amusant à suivre les personnages un à un par moment. Ce qui est formidable, c’est qu’on a l’impression d’une réalisation très dynamique, qui se déplace facilement et très librement, alors que tout le film se déroule dans une pièce pas si grande que ça … Je vous le disais en haut de ce paragraphe : « un véritable talent ».

Dans ce film, on retrouve douze personnages, incarnés par douze acteurs talentueux. Ce qui est formidable avec « 12 hommes en colère », c’est que toute la société y est représentée. De l’homme modeste, au vieux monsieur rempli d’à priori en passant par le beauf et le petit vieux : tous les caractères et classes sociales y sont dépeints. Ce qui est encore plus fort, c’est que Sidney Lumet ne va jamais utiliser leurs noms dans le film, préférant leurs donner des numéros. Avec cela, l’idée de caractères bien marqués, représentatifs de la société, est plus forte. On enlève à ces hommes leurs identités, pour ne laisser paraitre que leurs comportements. Le spectateur se surprend alors, pour suivre l’histoire, à leur donner des surnoms tels que « le timide », « le bon fonctionnaire » ou encore « le crâneur ». Il y a d’ailleurs, ce plan très beau où agacés par l’un des leurs, les jurés se lèvent et s’installent dans les coins de la pièce face contre les murs, comme une révolte silencieuse. C’est l’un des rares plans où tout le casting y est contenu. On nous présente Henry Fonda comme la vedette du film et même s’il possède le rôle le plus important, ce n’est pas sa prestation qui marque les esprits mais bien celles de ceux qui l’entoure. Ils sont tous très justes et d’une puissance émotionnelle très forte. Chacunes de leurs interprétations contribuent à cette ambiance générale pesante et très prenante.

Avec ce film, Sidney Lumet réussit un tout autre pari : celui d’intéresser le spectateur à une longue conversation sur un « doute valable ». Alors que l’on pourrait croire que le film est mou et manque de rythme, c’est tout l’inverse qui nous attend. À aucuns moments, l’ennui ne gagne le spectateur dont la curiosité est relancée toutes les dix minutes à coups de rebondissements et de changements de directions. Le spectateur devient alors le treizième homme et s’interroge tout comme les autres sur ce questionnement, qui peut enlever ou laisser la vie au présumé coupable. « 12 hommes en colère » est un véritable questionnement sur le poids du jugement de ces douze hommes où le spectateur se retrouve happé. On ressent toute la tension du récit, grâce au procédé d’écriture et de réalisation, et l’on se retrouve passionné durant une heure et trente cinq minutes par ce discours. Au final, « 12 hommes en colère » ne laisse personne indifférent et risque de lancer pas mal de débat après son visionnage. Mais n’est-ce pas cela l’une des caractéristiques des grand films de cinéma ?

« 12 hommes en colère » est un premier long-métrage très réussi, frôlant la perfection. Par son écriture et sa réalisation, Sidney Lumet conquit le spectateur comme jamais !

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12 hommes en colère. De Sidney Lumet. Avec Henry Fonda, Lee J. Cobb, John Fielder, Jack Warden, Martin Balsam, Jack Klugman, Ed Binns, …

Sortie en France le 4 septembre 1957.



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