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On est allé voir « Blue Jasmine » de Woody Allen

Par Wtfru @romain_wtfru

Ces dernières années, le grand Woody Allen nous avait offert quelques délocalisations européennes dont certains ont déploré le manque d’inspiration. Que ce soit à Paris (Midnight in Paris), à Barcelone (Vicky Cristina Barcelona) ou à Rome (To Rome with love), l’homme aux 23 films nous servait de belles cartes postales rendant compte d’une atmosphère, d’un cliché, avec un regard très américain sur l’Europe. Avec Blue Jasmine il effectue un retour aux Etats-Unis avec un cinéma totalement différent. Alors que l’ensemble de la critique ne cesse d’encenser le film, se délectant comme à chaque nouveau Woody Allen du « meilleur Woody Allen depuis… », nous n’avons pas aimé. C’est dit.

 

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C’est l’histoire d’une déchéance, celle de Jasmine, incarnée brillamment par Cate Blanchett, veuve de son mari (Alec Baldwin), un riche mari infidèle et homme d’affaire peu scrupuleux. Elle est fauchée « parce que l’Etat lui a tout pris »… Il lui a tout de même laissé son sac Vuitton et son tailleur Chanel, qu’elle embarque direction la West Coast pour loger quelques temps chez sa modeste sœur Ginger (Sally Howkins) à San Francisco. Bienvenue chez les prolos. Ce changement de monde est difficile à supporter pour cette opportuniste qui a toujours vécu aux crochets de son mari dans un monde précieux. Du coup elle se soigne à coup de Xanax et de Martini. Histoire de tenter de devenir quelqu’un, elle choisit de faire son entrée dans le monde réel, celui du travail. Elle trouve d’abord un poste de secrétaire dentaire, qu’elle fuira lorsque le dentiste essaiera de la draguer/violer. Elle se lance alors dans la décoration intérieure. Envoyé par la providence, un élégant homme politique (Peter Sargaard) se place sur son chemin. Il est jeune et riche, et il a un appartement à décorer. Tout va très vite, la vie à deux, les fiançailles, tout ça. Sauf qu’on ne peut pas éternellement cacher son passé, et celui-ci lui revient en pleine face pour la laisser seule face à elle-même, dans un état de schizophrénie et de déréliction, comme au début du film.

Comme un symbole, ce passé est justement narré en courts flash-back tout au long du film, un bon choix qui constitue une originalité narrative. Dans le rôle principal, Cate Blanchett est époustouflante, tour à tour tourmentée et dévastée, hypocrite et méprisante. Un personnage pathétique qui nous donne envie d’en rire par compassion ou de le mépriser.
La description de l’univers précieux de la côté Est rappelle par moment The Great Gatsby : d’abord dans les scènes où toute ce petit microcosme mondain déguste un thé glacé Long Island en guise de rafraîchissement après une séance de polo ou de golf ; ensuite dans les efforts de l’héroïne pour masquer son passé embarrassant.
Pour le reste, comme la confrontation de deux membres de la même famille que tout oppose, le destin, le train de vie, c’est du déjà vu. L’argent ne fait pas le bonheur, il ne faut pas mentir sur son passé, l’être s’oppose au paraître, telles pourraient être les morales un peu niaises de Blue Jasmine. Qu’on se le dise, ce film est chiant. Woody Allen est vraiment capable de tout, et son cinéma varie de tout un à tout autre. Ces dernières années il excellait dans le rendu d’une atmosphère, d’une époque, d’un décor ; le Paris des années 20, l’architecture romaine ou la Catalogne bohème… Woody Allen s’éloigne de l’aspect purement esthète et visuel pour rentrer dans un cinéma purement narratif, et on a tendance à trouver le temps long.
Une soirée d’automne pluvieuse et un Gin Tonic compléteront parfaitement la lassitude vécue pendant le film. Vous savez, les bulles qui laissent entrevoir quelque chose de pétillant et d’excitant au premier abord, pour finalement laisser place à l’amertume de l’ennui.

Pour m’insulter : @twitter.com/eller_hur


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