5 octobre Primaires On accède aux mines de soufre en coupant à travers les champs de colza. A cette époque ils sont en fleur et leur odeur particulière vous entête. On sait qu'on approche de la mine lorsque le pâle soleil ne parvient plus à percer le brouillard ocre. Les arbres morts sont recouverts d'une fine pellicule d'or, ainsi que les maisons en ruine. D'immenses camions benne jaunes émergent de la brume tous klaxons dehors et leurs phares éclairés même en plein jour ne sont pas de trop sur la route safranée. Le village ne vit pas que de la mine, il possède un abattoir. Le sang vous saute à la gueule sitôt entré. Les carcasses de bœuf entier, dont la chair récemment déshabillée luit, sont pendues par les pieds et dégoulinent de sang carmin, poussées par des hommes vêtus d'une cape blanche maculée. Même leurs yeux sont injectés de sang. Une caisse de cœurs qui semblent trembler encore gît là attendant un éventuel acheteur. Heureusement le village est au bord de la mer et le ciel tout à coup se nettoie et plonge dans l'océan d'un bleu qui se confond avec lui. Un bus marine attend devant une cabine cobalt d'éventuels touristes de retour de la plage. Même les arbres sont bleus. Des eucalyptus parfumés jaillissent de tapis d'iris bleu Van Gogh. On appelle le village "Les Trois Couleurs".
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