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Filiations- b

Publié le 06 octobre 2013 par Pantalaskas @chapeau_noir

Filiations- bAttention en traversant la peinture, un Brandon peut en cacher un autre. C'est le constat que propose l'exposition "filiations-b" à l'APACC de Montreuil.
Si dans la famille Brandon vous demandez le père, vous recevrez Frédéric qui a développé avec opiniâtreté une oeuvre totalement dévouée à son amour pour la peinture. Cet amour n'a rien de naïf :

"De Lascaux à nos jours où est le progrès ? Alors pourquoi peindre si tout a été dit ? Pour savoir qui l’on est à travers le regard des autres et surtout l’indéfinissable plaisir de peindre ».

Frédéric Brandon a décliné, entre autres séries, "Moi, moi toujours moi" dont quelques toiles sont présentées à l'APACC. Cette série propose un nombre imposant de portraits de clowns sous les traits desquels se cache le peintre lui-même et souvent quelques uns de ses amis.
Si dans la famille Brandon vous demandez le fils, apparaîtra une silhouette impressionnante : b.philippe.
Il faut se faire une raison : le fils a pris, lui aussi, la voie de la peinture. Il a choisi, comme son père, le chemin d'une figuration. Et, comme si les mêmes causes produisaient les mêmes effets , il s'est interrogé sur sa place dans ce schéma . Une récente série " Tout ceci n'est qu'un je" réactualise la question que posait son père sur cette situation si singulière que connaît le peintre aujourd'hui.
Jean-Luc Chalumeau écrivait à ce sujet
: "B. Philippe est trop jeune et trop peintre pour ne parler que de lui, alors, il joue avec les infinies possibilités de la peinture qui elle-même joue avec la photographie."
Nous y sommes. D'une génération à l'autre, cette peinture continue à jouer au chat et à la souris avec  la photographie. Déjà Frédéric, dans plusieurs séries, telles que "Barios Nicolle", tissait sa toile dans un jeu de confrontation entre photo et peinture. b. philippe, dans ses auto-portraits de la série " Tout ceci n'est qu'un je" ne quitte jamais son appareil photo, devenu l'appendice greffé sur la main du peintre.

Filiations- b

Peinture de b.philippe 2013

Le lien souterrain qui relie le désir du père et du fils dans cet engagement total est-il d'ordre familial ? Tient-il à d'autres paramètres, à des forces supérieures à ce lien familial? La question est posée par l'exposition.
A défaut d'avoir la réponse, je peux témoigner de mes conversations, il y a quelques années,  avec le peintre Louttre B, décédé l'an passé. Louttre B était le fils d'un peintre connu : Marc-Antoine Bissière. Vivant dans le sillage de ce peintre à l'oeuvre réputée, le fils vécut dans cette double envie : partager l'aventure de son père, s'en séparer pour vivre sa propre vie d'artiste. Louttre B m'expliquait les difficultés d'une telle situation à la fois marquée par la joyeuse complicité avec le père dans le travail de l'atelier et la lourde tâche de se détacher de la notoriété de Marc-Antoine Bissière.
Faut-il parler de filiation, d'héritage, de succession, d'hérédité ?  De Lascaux à nos jours, pour reprendre la phrase de Frédéric Brandon, la peinture, elle, sait bien, qu'il y aura toujours une main humaine pour illustrer son mystère.

filiations-b

APACC
exposition de 15h à 19h
les 5 et 6 octobre et
pendant les portes ouvertes de Montreuil
(vendredi 11 au dimanche 13 octobre - pas lundi 14)
19 rue Carnot
93100 Montreuil


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