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Ma vie avec liberace: une réussite brillante

Par Acrossthedays @AcrossTheDays

Quelques mois après l’ouverture du Festival de Cannes, Ma vie avec Liberace arrive enfin dans nos salles. Le biopic retrace les cinq années de romance entre le pianiste Liberace et Scott Thorson, proposant de revivre les années fortes du kitsch de la fin des années 1970, entre homosexualité et célébrité, drogue et musique classique. La claque.

02 1024x681 MA VIE AVEC LIBERACE: UNE RÉUSSITE BRILLANTE

Las Vegas, fin des années 70. Scott Thorson, jeune homme à l’enfance difficile, se rend au concert du plus célèbre showman de l’époque, Liberace. Derrière son piano, il hypnotise, fascine les foules, les femmes. Les deux hommes, durant cinq ans, vivront un amour passionné, douloureux, tendre. Malgré leurs différences profondes, les deux hommes s’aimeront et se déchireront, se transformeront.

Il est de ces télé-films que l’on veut revoir. Et revoir très vite, si ce n’est tout de suite. De ces films dont on espère une durée illimitée, un nouveau départ, une nouvelle fin, une suite; de ces films qui marquent. La finesse, l’humour, la profondeur de ses personnages en font l’un de mes coups de coeur de cette année. Au même titre que Spring Breakers ou Cloud Atlas, je pourrais ne parler que de celui-ci, pendant longtemps.

Tout d’abord, pour ses deux acteurs principaux. Michael Douglas, sidérant dans le rôle de Liberace, réussit l’exploit de nous toucher malgré les folies et les sautes d’humeur de son personnage. Il est drôle, séduisant, attendrissant. En témoigne cette déclaration d’amour dans le jacuzzi, si belle que reprise au générique, et qui, je l’avoue, m’aura fait pleurer à ses deux passages. L’acteur, revenant de loin, semble s’être totalement dénié d’a priori, de préjugés, et éloigne bien loin cette peur de caricature, trop présente lorsqu’il s’agit de figurer un homosexuel au cinéma.

Et puis il y a Matt Damon. Beau, génial, Matt n’est plus lui, méconnaissable, il change de visage, de voix, du tout au tout. Lui qui, à la plus grande surprise, est capable de passer de façon schizophrénique du héros gentil-méchant-mais-gentil-finalement bourré à la testostérone dans Elysium, à l’amant du célèbre pianiste, adepte du brushing et des costards les plus kitsch. Pour sa septième collaboration avec Steven Soderbergh, l’acteur nous surprend, enfin.

La plongée du jeune Scott dans le monde luxueux et pailleté de Lee dévoile avec effroi toute l’obscurité d’un univers où tout va trop vite. Où l’on s’oublie vite, et où l’on oublie les autres. On se prend d’affection, puis d’énervement et enfin de désespoir pour ce jeune homme profondément seul. On rit avec lui, on pleure avec lui. Tout va vite, même pour nous.

Mais, et bien heureusement, la force de Soderbergh dépasse la grandeur de son casting. Car si vous pensiez assister à une suite sans intérêt de concerts du pianiste, vous vous trompez. La musique, aussi belle soit-elle, s’alterne avec de longs moments où l’unique bande-son est celle des conversations des personnages, du bruit d’une voiture, d’un jacuzzi, d’un repas.

On plonge dans leur vie, sans artifices. Seulement ceux de la sulfureuse époque dans laquelle on est immergé. Les costumes, d’une rare splendeur, les décors, qui donneraient presque mal à la tête tellement ils flamboient… tous ces détails nous font écarquiller les yeux, sans jamais vouloir les cligner.

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Oui, ce biopic surpasse largement l’histoire, évitant toutes les lourdeurs, mené avec grâce par un cinéaste sûr de lui, de son travail et de son équipe. Un Soderbergh inspiré, donc, pour ce qu’il considère comme sa dernière oeuvre cinématographique. Inspiré par cette histoire d’amour, quasiment impossible à une époque où homosexualité et célébrité étaient difficilement accommodables, nous donne envie d’aimer, malgré toute la souffrance qui s’en dégage.

« Tu es celui qui m’a rendu le plus heureux », lance Liberace à Scott. Ou Michael à Matt, je ne sais plus. Ma vie avec Liberace, la belle histoire de deux hommes et de Soderbergh, les unissant pour la beauté du cinéma.


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