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L'Ancien Régime, par Jean-Marie Le Gall

Par Mpbernet

09 octobre 2013

legallC'est le quatrième tome de la collection "Une histoire personnelle de la France", et je me régale toujours autant à cette lecture, qui écessite pourtant une sérieuse prise de notes !

La période décrite ici est celle qui va des Grandes découvertes à l’avènement du siècle des Lumières. De la première mondialisation – à laquelle la France participe peu – aux prémices de la Révolution. Evidemment, à l’époque, nul ne parle d’Ancien Régime …. Mais alors que l'Espagne, le Portugal, les Pays-Bas regardent vers l’ouest, nos souverains visent plutôt l’Italie qui les fascine. A part sans doute Jean de Bethancourt, découvreur des Canaries ou Jacques Cartier à la recherche du passage du Nord-Ouest, la monarchie française ne s’intéresse pas au commerce au long cours.

Cependant, le royaume devient plus maritime avec le rattachement, à la fin du XVème siècle, de la Guyenne, du Roussillon,  de la Provence et la Bretagne. Le roi de France, « Empereur en son royaume » est de droit divin et héréditaire. Il ne craint plus les féodaux mais rêve toujours d’Italie que revendiquent tour à tour Charles VIII, Louis XII, François Ier et Henri II. C’est la porte vers la terre sainte, le mirage de l’Empire romain… Ce rêve italien s’achève avec la défaite de Saint Quentin. La réconciliation avec l’Espagne intervient avec la paix du Cateau-Cambrésis.

L’osmose culturelle avec la Renaissance italienne a de profondes répercussions dans la mode, l’architecture, le langage, la peinture et la musique. Mais la seconde question de ces temps, c’est la – ou les – Réforme religieuse. Une immense fracture sociologique va entraîner la France dans des guerres civiles et internationales (1562 – 1629). Luther peu traduit en France, c’est Jean Calvin qui organise, depuis Genève, l’Eglise réformée qui rassemble près de 10% des Français. Jusqu’à l’Edit de Nantes, les puissances étrangères en profitent pour s’ingérer dans nos affaires …

Afin de discipliner la noblesse et de valoriser son autorité, Henri III développe le système et le cérémonial de la Cour. Henri IV, lui, valorise l’image d’un roi de guerre. Son concept de tolérance civile implique que le bien commun soit dissocié de la communauté de salut et de foi.

Au XVIIème siècle, le poids des guerres s’alourdit : plus d’hommes, d’armes sophistiquées, de chevaux et de munitions, d’alliances diplomatiques ; les dépenses de l’Etat s’envolent de 3% de la récolte céréalière à 23% en 1635. Puis, on passe de la guerre étrangère à la Fronde. C’est donc aussi le temps des révoltes antifiscales puis des dures répressions. Louis XIV exalte la gloire militaire, bâtit Versailles, encourage l’art classique et la Gloire de Dieu, exploite le Pré Carré et fortifie les frontières. Son règne, trop long, trop guerrier a entraîné l’essor de l’impôt, le développement de l’armée et d’une administration qui flanque le pouvoir absolu d’une bureaucratie dont on commence à dénoncer le despotisme.

Des tendances qui perdurent encore aujourd’hui : mettre en lumière ces constantes de la civilisation française n’est pas l’un des moindres mérites de cette petite collection d’ouvrages passionnants.

L’Ancien Régime, XVIème – XVIIème siècles, par Jean-Marie Le Gall, dans la collection « Une histoire personnelle de la France, Presses Universitaires de France, 198 p. 14€


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