Aux éditions 1 : 1
(poésie) coll. « anciens modernes », vient de paraître un livre à
double entrée : côté pile Cyrano de Bergerac, Lettres, côté face, Jean-Patrice Courtois, Mélodie et jugement.
Extraits.
À Monsieur Le Bret
Advocat au Conseil
Contre l’hyver
Lettre 1
Monsieur,
C’est à ce coup que l’Hyver a noüé l’aiguillete à la Terre* ; il a rendu
la matière impuissante ; & l’esprit mesme, pour estre incorporel, n’est
pas en seureté contre sa tyrannie ; mon ame a tellement reculé sur
elle-mesme, qu’en quelqu’endroit aujourd’huy que je me touche, il s’en faut
plus de quatre doigts que je n’ateigne où je suis ; Je me tâte sans me
sentir, & le fer auroit ouvert cent portes à ma vie, auparavant de fraper à
celle de la douleur : Enfin nous voylà presque paralytiques, & cependant
pour creuser sur nous une playe dans une blessure, Dieu n’a creé qu’un baûme à
nostre mal, encore le Medecin qui le porte ne sçauroit arriver chez nous qu’apres
avoir délogé de xix maisons* ; Ce paresseux est le Soleil, vous voyez comme
il marche à petites journées ; il se met en chemin à huict heures, prend
gîte à quatre. Je croy qu’à mon exemple il trouve qu’il fait trop froid pour se
lever si matin : mais Dieu veüille que ce soit seulement la paresse qui le
retienne, & non pas le dépit : car il me semble que depuis plusieurs
mois il nous regarde de travers [...]
Cyrano de Bergerac, Lettres, éditions
1 : 1 (poésie), anciens modernes, 2013, p. 9
* « se dit d’un maléfice qui empêche qu’on ne consomme pas le mariage »
(Furetière).
* Les six signes zodiacaux.
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Contre l’hiver pour l’été pour le printemps contre l’automne pour contre
collant contre pour, invariable alternance de la divergence des effets naturels
selon l’air, tel visible paraît le grand chant du contredit des saisons. Le jeu
des mots qu’on peut affirmer ou nier parce qu’ils le supportent accidente par
la force de son propre réel les choses qui ne le supportent pas. « Je me
tâte sans me sentir » dit le philosophe de l’hiver : indice élevé,
teneur philosophique, lancé loin, force, poignet précieux ! Réponse du
physicien de l’été : « C’est lui, l’été, qui débarrasse l’eau, le
bois, le métal, l’herbe, la pierre, et tous les corps différents que la gelée
avait fait venir aux prises ». Rien ne s’égare de la pluralité sous le
glacis de l’unité blanche. Le poète du ramas vérifiant ligne à ligne l’in situ du vêtement divin argumente sans
majuscules pour honorer la majuscule. Du Dieu Été, le poète dit que « pour
légère que soit l’Essence d’un Dieu, la moitié des hommes dégoûte de sueur en
la paortant ». Union séparation
/ Clarté simplicité / perception corps / toucher sentir / corps je / la
vue qui sent sous les transformations doute du quoi. Le sachant rien poète sans
flou jamais glose en corrigé des variations saisonnières : un dieu
corporel permet de se sentir soi-même sans se toucher et un Dieu porté comme un
vêtement effectue la réconciliation du retour chez soi et de l’échange des
prisonniers.
Les travaux de la main qu’on ne voit pas restent conflit de bas bruit au vu des
actions menées. Leçon / Leçon / Leçon ! Retenues ? L’ouvrier
pernicieux a marché sur la Lune. Du fond des valises diplomatiques fuit une
fumée bavarde depuis. Leçon / Leçon / Leçon ! Tenues, ténues ? La
doublure électronique dispose l’invisible en présence. L’ouvrier global est
sans Stimmung va de soi et la
philosophie ignore la plainte. Leçon / Leçon / Leçon ! Finalement ?
Ténues. Héliocentrisme financier de figure réalisée, vous ne connaîtrez pas l’inquiétude :
s’il faut, ptoléméen demain ! Les terres ras disparaîtront après les coraux
et tuent en attendant. « Ma nature pour un cheval » ! clame trop
bas / trop tard / trop pas assez / la leçon insuffisamment arboricole.
Jean-Patrice Courtois, Mélodie et
jugements, éditions 1 : 1 (poésie), anciens modernes, pp. 16 et 17
Jean-Patrice Courtois dans Poezibao :
bio-bibliographie,
ex.
1, Les
Jungles plates (par A. Emaz), ext.
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