Magazine Culture

Dizzee Rascal ‘ The Fifth

Publié le 09 octobre 2013 par Heepro Music @heepro

Dizzee Rascal {The Fifth}The Fifth sent le mauvais goût de loin. Sa pochette semble un pastiche de Maths+English, la conviction et de toute évidence l’explosivité en moins. En effet, rien d’original en apparence, le gris est morne, à l’inverse du rose ou du bleu choisis pour deux de ses précédents opus, ou même du jaune sale mais étincelant de son indiscuté chef-d’œuvre Boy In Da Corner. Même Showtime, tout de noir vêtu, donnait une impression d’honnêteté dans les choix.
Désormais, Dylan Mills vit en Floride, et ça ne lui fait aucun bien.
Tout gris, The Fifth possède également un titre banal à s’en damner. Mais jusque-là, pourquoi pas, puisque l’important est ce que l’on aura à se mettre sous l’oreille.
La déception n’est finalement pas si grande que ça quand la première écoute du nouvel album de Dylan Mills se finit. En seize titres (pour la version bonus), difficile de trouver un intérêt quelconque à plus du tiers de l’album, et encore, avec peine. Toutes les facilités de The Fifth sonnent définitivement comme un appel du pied à toutes les radios et à tous les fans de musique facile, digeste et sans prétention autre que celle d’être immédiate. Et même pour ce dernier point, ce n’est même pas gagné.
Habitué aux collaborations, Dizzee réitère, avec plus ou moins de succès. OK pour celle avec Jessie J, « We don’t play around » étant certes facile mais très bien composée. Après un premier duo sur Maths+English, nouvelle grande réussite sur « H-Town » avec Bun B, et c’est certainement le meilleur titre de tous, nous rappelant pourquoi Dizzee Rascal est devenu si important pour le rap UK. Avec Calvin Harris sur le bonus « Here 2 China », le faux-pas est écarté, mais le titre reste faible en comparaison avec celles du passé (allez réécouter Tongue N’ Cheek).
« I don’t need a reason » résonne également comme du classique Dizzee, époque 2004. Le trio de titres initial est ainsi très bon et dès lors très prometteur. Mais la promesse n’est pas tenue, bien au contraire. Quelle désillusion que d’entendre des productions si banales par la suite !
Le duo avec Angel est une véritable calamité, derrière celui avec Tinie Tempah enfonce le clou encore plus profondément… malgré une tentative qui semble quand même plus louable. Mais ça ne passe pas à cause de ce dernier, car c’est bien Dizzee Rascal qui sauve les meubles ! Même constat ensuite, la participation de Sean Kingston étant une horreur, et la production « made in Europe » est d’une abominable inspiration. Heureusement, encore une fois, le rappeur principal essaie de nous laisser respirer à la surface de l’eau… mais ne réussit pas à empêcher son navire de continuer à couler avec lui dedans.
On pourrait se croire sortis d’affaires en voyant que Will.I.Am puis Robbie Williams arrivent sur chacun des deux morceaux suivants. Erreur, le premier proposant une collaboration sans aucune originalité, le second ayant perdu toute sa superbe (mais où est donc passé sa voix et son style si charismatiques de ses premiers albums ?).
Le bonus « Bang bang » rappelle, encore une fois et avec joie, l’époque dorée de Showtime.
L’hommage à sa ville, Londres, sur « Love this town », reste appréciable grâce à la fureur de l’Anglais, mais la production et le refrain de Teddy Sky sont bien en dessous du niveau de son flow. Idem sur le second duo avec Teddy Sky, qui est encore plus en dessous de tout.
« Life keeps moving on » est résolument défaitiste mais reste sympathique.
La lourde production de MJ Cole sur « Bassline junkie » est très adaptée aux paroles de Rascal. Bon titre, mais les écoutes successives s’avèrent tout de même très vite lassantes.
Le troisième et dernier bonus, « Watch your back », aurait facilement pu intégrer Boy In Da Corner.
En somme, je vous laisse recompter : cinq sur seize, on n’est très loin de la moyenne, qui ne serait même pas suffisante pour dire de The Fifth que c’est un bon album. Mais avec cinq titres tout de même, qui sait, peut-être que l’avenir de Dizzee Rascal n’est pas encore si sombre, mais encore faudra-t-il qu’il s’en rende compte.
Premier échec cuisant pour l’Anglais. Attendons de voir comment il s’en excusera ou l’assumera.

(in heepro.wordpress.com, le 09/10/2013)

_______

Voir aussi :

Dizzee Rascal ‘ The Fifth
 
Dizzee Rascal ‘ The Fifth
Dizzee Rascal ‘ The Fifth


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Heepro Music 2396 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines