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Au Revoir Simone – Move in Spectrums

Publié le 09 octobre 2013 par Hartzine

On se souvient d’un soir d’avril 2007 au cours duquel nous avions fait la connaissance d’Au Revoir Simone, qui partageait l’affiche (le bas) avec un autre groupe féminin, Electrelane, alors au sommet de sa relative gloire. Les trois New-Yorkaises venaient de sortir leur véritable premier opus (The Bird of Music) après un mini-album en forme d’essai (Verses of Comfort, Assurance & Salvation) passé relativement inaperçu mais qui laissait pourtant entrevoir ce qui deviendrait ensuite l’identité d’un groupe ô combien attirant tant pour l’ouïe que pour l’œil. On avait alors été frappé par la fraîcheur se dégageant de ce girls band à claviers dans une période dégoulinante de revival pseudo rock’n'roll ou de groupes folk à barbes souvent insipides. Leurs compositions faites de bric et de broc – comprenez de boîtes à rythme achetées en brocantes et de synthés de chez Cash Converters – sur lesquelles  s’entremêlaient leurs voix doucement ingénues touchaient en plein cœur par leur mélancolie légère jamais surjouée. Rares sont d’ailleurs les albums aussi immédiats dont il devient difficile de se passer, certainement parce que renvoyant l’auditeur amateur de pop music – le plus souvent atteint du syndrome de Peter Pan, donc – à ses souvenirs et spleen adolescents.
Pourtant, le temps fait son œuvre, et nos chères nymphettes semblent avoir succombé aux sirènes du modernisme – l’électro pop – certainement par volonté de durer et de faire carrière (le groupe fête aujourd’hui ses 10 ans !).
Avec Still Night, Still Light, sorti en 2009, Erika Forster, Annie Hart et Heather D’Angelo avaient ainsi entamé leur virage vers une musique légèrement plus sombre, plus produite, plus conventionnelle aussi, et donc moins originale, lorgnant vers celle jouée des années plus tôt par Saint-Etienne et Stereolab, sans toutefois l’égaler.

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Elles réitèrent avec ce nouvel album, Move in Spectrums, dont la production à été confiée à la tête pensante de Violens, l’omniprésent Jorge Elbrecht, pour un résultat honnête mais qui fait regretter l’esprit DIY qui était le leitmotiv d’Au Revoir Simone à ses débuts. Ce nouvel effort sonne d’ailleurs comme la dernière production en date de Chairlift, sans toutefois qu’on y retrouve le grain de folie et la sensualité débordante de Caroline Polachek. Le single Somebody Who, salué ici et là comme une merveille d’arrangement, est certes agréable à l’écoute mais pas indispensable et encore moins intemporel comme pouvaient l’être les titres Sad Song et The Lucky One.
Les influences variées ont quelque peu changé, s’éloignant de la pop sixties de chambre (d’enfant) – à l’exception du joyeux Crazy – pour puiser dans l‘électro aux batteries en avant de New Order – décidément toujours aussi pillé -, dans la french pop d’Air (Let the Night Win), ou encore dans la new wave d’Étienne Daho période Pop Satori (More Than). Le Français s’est d’ailleurs rapproché du trio pour une collaboration à paraître sur son prochain album.
Bien sûr il faut relativiser notre déception de ne pouvoir être à nouveau surpris par la bande-son d’un Brooklyn fantasmé. Cet album reste au-dessus du niveau moyen proposé en cette rentrée (le Hand Over Hand nous rend nostalgique de la bande de Sarah Cracknell aujourd’hui perdue dans la pire euro-disco), et ce malgré quelques titres assez moyens relevant du remplissage (The Lead is Galloping, We Both Know). Il sera cependant difficile pour le trio de poursuivre dans cette voie synthétique sans lasser. Ne serait il pas venu le moment de lui dire au revoir (…Simone) ?
Pour ne pas faire l’album de trop, il faut en effet savoir sonner la fin de la récréation… Electrelane a su le faire au bon moment pour devenir culte.

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