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After the dream...

Publié le 10 octobre 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

C'est cet été, à la foire d'Art Basel que j'ai découvert l'artiste Chiharu Shiota. Elle y exposait In Silence une installation que nous étions invités à traverser. J'avançais timidement dans cet entrelacs de fils noirs où des chaises en bois et un piano calciné étaient pris au piège. Entre les centaines d’œuvres que j'avais vues ce jour là, et qui sont tombées aussitôt dans l'oubli, celle de Chiharu Shiota s'est démarquée tant il est difficile de rester insensible à son travail. C'est avec surprise que je l'ai retrouvée au Carré Sainte Anne à Montpellier pour cette exposition d'automne organisée par les amis du Musée Fabre.

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Chiharu Shiota, In Silence, ArtBasel 2013. Courtesy : Galerie Daniel Templon

Le Carré Sainte Anne, je vous en ai déjà parlé ici, il y a tout juste un an. Ce lieu d'exposition atypique n'est pas neutre, et donne toujours une dimension particulière aux œuvres qui y sont présentées. C'est encore vrai pour cette installation, dont cinq robes dans une sorte de procession funèbre prennent des allures de linceuls, entraînant quelques réflexions sur la mort.

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Chiharu Shiota, After the dream, 2011, La Maison Rouge à Paris. Courtesy : l'artiste. Photo : Sunhi Mang

Ces silhouettes fantomatiques flottent dans l'espace monumental matérialisé par des fils qui prolifèrent. Ce tissage m'a rappelé les lignes qui s'entrecroisent dans les gravures romantiques du XIXème siècle. C 'est comme si le dessin était représenté ici en trois dimensions. À la fois nous sommes invités à pénétrer dans cet espace palpable, et à la fois le cœur de l'installation demeure insaisissable, à la manière d'un souvenir qui s'efface, lorsqu'on se réveille « après un rêve... » dont il ne nous reste qu'une image brouillée mais une sensation tenace.

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Eugène Delacroix, Faust secourant Marguerite, 1828, Lithographie.

Car l'artiste rapporte ces fils à ses propres sentiments. Ils sont la trace des mouvements de son corps lors de l'installation de l'exposition. S'ils sont emmêlés, tendus ou coupés cela reflète son état d'esprit. Le travail du corps dans l'espace a été développé par des artistes comme Rebecca Horn dans les années 1970, auprès desquelles Chiharu Shiota a fait ses armes. D'ailleurs, ces robes sont vides, elles sont elles aussi le témoignage d'un corps qui a été présent, mais qui n'est plus là. D'après l'artiste « les vêtements sont comme une seconde peau, porteurs de beaucoup plus de souvenirs que notre véritable peau. »*.

On comprend donc qu'il est aussi question de « mémoire ». L'artiste, originaire du Japon qui vit à présent à Berlin, semble vouloir représenter à travers ses installations la complexité du souvenir, de l'absence, qui peuvent malgré tout nous hanter et nous envahir. Des thèmes mélancoliques, voir angoissant, pour une exposition qui ne laisse pas indifférent.

* propos issus d'une interview vidéo disponible sur le site internet de la Maison Rouge

Ophélie.

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Infos pratiques :

Le carré Sainte Anne

2 rue Philippy, 34000 Montpellier

Visite du mardi au dimanche inclus, de 10h à 13h et de 14h à 18h.

Entrée libre.

Visites guidées gratuites tous les jeudis à 16h et tous les dimanches à 11h, 14h30, 16h.


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