Magazine Cinéma

Paycheck

Publié le 10 octobre 2013 par Olivier Walmacq

Une machine permet à un jeune industriel de passer trois ans de sa vie en un clin d'oeil. Sauf que les problèmes vont arriver juste après...

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La critique alambiquée de Borat

Quand un cinéaste se casse la gueule une fois ça va, on se dit que c'est la faute d'une fois, on se dit que le suivant sera meilleur. Sauf que quand arrive la nouvelle gamelle en peu de temps et que vous êtes un étranger à Hollywood, votre ticket pour le retour s'avère vite torché. C'est ce qui est arrivé à John Woo. Pourtant bien rodé (Chasse à l'homme est un des Van Damme les plus corrects et puis il y a le génial Volte/Face), le réalisateur d'A toute épreuve avait signé le pitoyable mais très lucratif Mission Impossible 2. Arrive alors Windtalkers (que je n'ai pas vu, donc motus et bouche cousue) et évidemment le terrible Paycheck. Le genre de films qui vous bousille une carrière à lui tout seul. La plupart des principaux intervenants se sont faits griller par la suite. Ben Affleck a perdu définitivement son mojo avec Hollywood (Daredevil et Gigli étaient passés avant quand même) qu'il mettra près de sept ans à retrouver (avec le succès critique et public de The Town). Uma Thurman passera d'icône tarantinesque avec Kill Bill à has been de première (non seulement aucun de ses films n'a marché depuis, mais pour la plupart ce sont des purges). Aaron Eckhart devra attendre TDK pour devenir populaire et John Woo ne reprendra la caméra que pour son monumental (dans tous les sens du terme) Les trois royaumes.

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Pourquoi un tel ratage? Alors pas de raison officielle (bien évidemment) mais ce qui a été dit est un beau lot de réécritures, Affleck imposé, Woo pas libre dans ses mouvements... A vrai dire, même si qui l'ont vu ne s'en souviennent plus et je dois avouer que je n'aurais pu l'aborder aujourd'hui sans l'avoir revu (sur NRJ12 qui s'impose décidemment comme la pire chaîne de la TNT et sans besoin de Nabila pour el coup). Pourtant le film avait un argument béton: "adapté de Philip K Dick". Minority Report ayant bien marché, pourquoi ne pas continuer dans ce sens avec un récit pas trop futuriste mais sur la même mode? Raté puisque Woo signe un film encore plus ridicule que le show épileptique de Tom Cruise qu'il avait shooté trois ans plus tôt. Déjà, le film est une catastrophe visuelle. Comme sur MI2, John Woo recycle ses ralentis sublimes dans un ridicule pour le moins gênant. En gros, ils deviennent banals et terriblement hideux. Cela pourrait être n'importe quel tâcheron derrière la caméra, cela aurait le même effet. Les pires? Peut être ceux laissant le visage de Ben Affleck en roue libre. Le futur Batman n'a pas l'air à l'aise, preuve en est dans ces plans aussi involontairement drôle que celui de plusieurs minutes du dernier Michael Bay. Sans rire.

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Par ailleurs, l'acteur est mauvais comme cochon et pourtant à cette période de sa carrière, il n'en était pas à une casserole près (cf les deux films cités plus haut). Il n'y a qu'à le voir dans la scène totalement délirante où il savate des mecs armés avec une barre de fer comme s'il sortait d'un film de Bruce Lee! Et je ne dis pas ça pour tirer sur l'ambulance, mais là on voit à sa tête qu'il en avait marre de ces blockbusters pourris. Mais même sans les ralentis, la réalisation est d'une pauvreté incroyable, si bien que l'on se demande si John Woo ne s'est pas fait chipper sa place. On se croirait dans le premier film un peu bourrin. Sauf que pour le coup, on est face à un film qui se veut quand même assez ambitieux. On parle d'un film qui tourne autour du trauma d'Affleck, à savoir qu'il a perdu trois ans de sa vie et doit retrouver le fil avec des objets aussi ridicules que de la laque pour cheveux et des lunettes pourries! Le scénario n'est pas tellement bien structuré au point de devenir très rapidement bordélique et avance très lentement avant un final à base de paradoxes temporels complètement foireux (à l'image de l'effet-spécial qui dévit la balle à la limite d'un film d'action d'exploitation). 

En gros, Affleck va nous sauver de la fin du monde façon nucléaire, enfin s'il arrive à sauver sa peau d'abord. Mais le problème de Paycheck c'est que tout sonne faux dans son ensemble. Les indices qui sont en la possession d'Affleck sont montrés systématiquement comme des évidences. Un timbre avec Einstein? Pas de problème on va l'analyser à l'école en face où l'on n'a pas besoin d'autorisation pour utiliser un vulgaire microscope! Une bague? Pas de problème, elle sera volée par un jeune gauche (faut voir la manière de se jeter si ce n'est pas volontaire) qui l'emmènera à son ancienne boîte. Un badge Café Michel (je payerais pour voir Affleck dire ça avec un français à l'américaine)? Rendez-vous donné à Thurman avec réservation (maintenant on peut réserver des places dans un café, première nouvelle merci de nous prévenir). Je passe évidemment sur la course-poursuite à moto qui rendrait celle de MI2 pour un classique du genre. Thurman est vraiment ailleurs, Eckhart roule des mécaniques à tous les instants, Colm Feore joue à fond le sbire de service et Paul Giamatti avait besoin de payer le loyer (je ne vois pas d'autres options).

Un gros navet qui n'avance à rien et est visuellement très douteux. Un comble pour un esthète comme John Woo.

Note: franchement...

Note naveteuse: 17/20


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