Magazine Culture

Pina Bausch : danser pour ne pas se perdre et retrouver son chemin

Par Sergeuleski

Chorégraphe prolifique, artiste de la nostalgie et des quelques heures qu'il nous reste encore à danser et à vivre... nous tous accueillis bras ouverts, enfin acceptés, ne faisant plus qu'un, nous tous ensemble en rêve et songe - rêves dansants, cauchemars parfois aussi -, les surréalistes n'auraient rien renié d'elle.

Pina Bausch : danser pour ne pas se perdre et retrouver son chemin

Pina Bausch c'est la langue allemande qui danse le tango et le flamenco d 'une micro-virtuosité inédite, et jamais on n'aura autant dansé, même sur place ! Chorégraphe de l'insolite en nous, exubérance si précieuse pour notre santé mentale... avec la vieillesse a encore toute sa place ; on peut donc vieillir sereins car on danse de 14 à 77 ans, et au-delà... mais les deux pieds sur terre.

Illusion d'optique, prestidigitateur, parfois deux corps en un, féminin-masculin, chez Pina Bausch les hommes sont néanmoins des hommes et les femmes des femmes ; on ne peut pas s'y tromper ; et pour cette raison, il est souvent question de séduction et de compassion aussi car si les femmes souffrent plus que les hommes, quand tous deux se retrouvent et se rejoignent, l'un portera l'autre sur son dos, et aucun fardeau n'aura raison de l'amour qu'ils se vouent.

Pina Bausch : danser pour ne pas se perdre et retrouver son chemin

Urbanité assumée, avec Pina Bausch, on danse dans tous les lieux, aux carrefours des grandes villes, avec des lions en cage, des internés dociles et sans illusions, et pour un peu, c'est vivant que l'on menace de vous enterrer, pelletée de terre après l'autre. Aussi, après avoir dansé, souvent une bonne douche s'impose.

Pina Bausch : danser pour ne pas se perdre et retrouver son chemin

Chorégraphe de l'épuisement des corps, corps mécaniques quelquefois... corps souvent empêchés qui ont recours à leurs propres membres pour en articuler d'autres, de gré ou de force, d'accord ou pas - les bras pour les jambes, une main pour le coude d'un autre bras -, Pina Bausch est dans chacun de ses danseurs et dans chacun de leurs bras tendus vers le ciel qui appellent plus souvent la foudre que Dieu dans leur besoin impérieux de renouvellement d'une énergie vitale.

Poupées, polichinelles, pantins désarticulés, vertige tantôt burlesque, tantôt poétique, ses chorégraphies réconcilient Buster Keaton et Chaplin ; et ceux qui auront peur du ridicule et du grotesque devront aller voir ailleurs si ça se fait que de danser sans risque.

Jamais avec la danse, les visages des acteurs-danseurs de la compagnie "Tanztheater Wuppertal" nous auront autant intéressés. Implication totale jusqu'à la fusion avec leur créatrice qui les a fait naître, de toutes les dispositions physiques (grands, petits, jeunes, vieux...) - trait marquant de la danse contemporaine -, tous danseurs étoiles !... étoiles filantes aux métaphores incandescentes et oniriques, avec Pina Bausch et son théâtre chorégraphique tellurique, c'est toute la nature et toute notre humanité qui dansent ; une humanité dans laquelle chacun trouve sa place, chacun selon ses qualités, irremplaçable et unique, loin des régimes d'exceptions et de faveurs au nom d'une soi-disant "élection", élection de classe ou ethnique à caractère suprémaciste aussi ridicule qu'abjecte car chez Pina Bausch, tous les vocabulaires de toutes les cultures chorégraphiques sont appelés à la rescousse ; et l'eau, la terre, le vent aussi ; et si le feu est absent, c'est qu'il brûle dans tous les corps de ses danseurs.

Les quatre saisons : printemps, été, automne, hiver.

Pour prolonger, cliquez : Pina Bausch, un film de Wim Wenders

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sergeuleski 6225 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines