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Les Damnés: La lignée des Petrova – Chapitre 22

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

Noura avait attendu que la nuit tombe complètement avant de s’aventurer dans la ruelle dans laquelle se trouvait la maison de Noah. Elle avait patienté à l’abri d’un porche que les derniers villageois regagnent leurs foyers pour s’approcher de la porte et en forcer le verrou. Habituellement éclairée par une unique fenêtre étroite qui donnait sur la ruelle, la pièce principale était, à cette heure, plongée dans une quasi obscurité. Il régnait dans la maison un froid presque aussi mordant qu’à l’extérieur. Une odeur désagréable de cendres froides flottait dans l’air humide et fit froncer le nez de la jeune femme. Noura inspecta la pièce du regard peut-être dans un espoir complètement vain de trouver une quelconque preuve qui puisse prouver l’implication du sorcier dans toute cette histoire.

- Comme s’il allait me mettre en évidence un mot disant « Pauvre cruche je t’ai bien eue ! », se sermonna-t-elle.

Elle se rendit compte, qu’en dehors de sa visite irréfléchie de l’autre soir, elle n’était jamais venue dans cette maison. Et cette fois là, elle avait autre chose à l’esprit qu’observer l’environnement du sorcier. L’ameublement de cette pièce était impersonnel, très spartiate comme si son occupant était prêt à tout moment à disparaître. Une simple table trônait au centre, encadrée de deux bans. Noura alluma machinalement l’une des bougies à moitié consumée dont la dentelle de cire durcie recouvrait en partie le bougeoir. Devant la cheminée deux fauteuils dépareillés se faisaient face. Entre eux, un guéridon supportait le poids d’une pile de livres. Noura feuilletait machinalement celui qui la surplombait lorsqu’elle suspendit son geste. Des bruits de pas étouffés par le sol boueux de la rue se rapprochaient. Sa gorge se noua sous l’effet d’une angoisse qu’elle ne put réprimer à l’idée qu’il n’était peut-être pas seul, qu’elle s’était jeté la tête la première dans un guêpier dont elle ne parviendrait pas à se sortir. Elle eut soudain une envie irrépressible de  s’enfuir, de renoncer, de suivre pour une fois les conseils d’Elijah même si manifestement il était trop tard. Lorsque la porte s’ouvrit sur le sorcier, elle tenta de se composer une attitude la plus détachée possible.

Noah, qui ne s’attendait vraiment à ce genre de visite intrusive, essaya, lui-aussi de masquer son agacement pour offrir le visage de celui qui découvre une heureuse  surprise.

- Je ne m’attendais pas à te trouver ici. Tu fuis encore les deux autres ? demanda-t-il en déposant son paquetage près de la porte avant de s’approcher sourire aux lèvres.

Mais devant le visage fermé de la jeune femme, il rengaina la main qu’il avait tendue pour initier un geste affectueux ou du moins qui se voulait tel.

- Un problème ?

Noura mit quelques secondes avant de répondre tant parce qu’elle hésitait tout d’un coup sur ce qu’elle allait lui dire, et qu’elle avait pourtant répété à plusieurs reprises avec Klaus,  que parce qu’elle craignait que le nœud qui s’était logé dans sa gorge ne trahisse son angoisse.

- Tu avais l’intention de laisser Viktor tuer Ivan ? demanda-t-elle finalement en faisant fi de toutes les mises en garde de Klaus sur une trop grande et brusque franchise.

La mâchoire du sorcier se crispa imperceptiblement. Ce qu’il craignait en la voyant quelques secondes plus tôt se confirmait. Il se doutait que cette débâcle  dans la forêt allait tout compromettre. Il était censé lui-même intervenir pour sortir Ivan des mains de Viktor pour pouvoir asseoir un peu plus son emprise sur elle, la convaincre définitivement de lui apporter le grimoire. C’était ce qu’ils avaient planifié, tout avait été prévu… en dehors de ce phénomène  qu’il ne parvenait toujours pas à s’expliquer. Le regard froid qu’elle portait sur lui à ce moment précis, ne lui laissait aucun doute : elle savait tout. Noah soupira bruyamment de contrariété.

- On va sauter le passage où je fais semblant de m’indigner devant tes sous entendus et sur celui où j’essaie de te convaincre que tu peux me faire confiance. Ça nous fera gagner du temps. Mais j’avoue que je suis passablement vexé : des semaines pour m’attirer tes bonnes grâces, et ce satané vampire réussit à tout ficher en l’air en une soirée, se lamenta Noah en s’asseyant nonchalamment dans le fauteuil.

Son attitude et ses expressions n’avaient plus rien à voir avec celles que lui connaissait Noura. Une certaine arrogance froide et méprisante avait remplacé cette bienveillance qui l’avait, même si elle répugnait à l’admettre, attirée. Son regard également était tout d’un coup emprunt d’une dureté nouvelle qui la glaça littéralement et qui répondait implicitement à sa question : oui il n’aurait pas hésité à laisser Ivan mourir entre les mains de Viktor. Toutes ces semaines où  il s’était montré attentionné, attentif au bien –être de son neveu n’était qu’un leurre, une sinistre mascarade. Une sourde colère lui noua l’estomac, une colère aussi bien dirigée contre lui que  contre elle-même. Elle se maudit de sa bêtise, d’avoir aussi stupidement baissé sa garde. Elle inspira profondément pour parvenir à  contenir cette haine qu’elle n’avait que rarement ressentie. Avec elle, elle sentit monter inexorablement cette autre sensation qui la terrifiait plus que tout et qui ne devait surtout pas prendre le pas sur sa volonté.

- Je ne te conseille pas de faire ça, devina-t-il.

Elle détourna la tête pour échapper à ce regard qui semblait lire en elle comme dans un livre ouvert. Elle détestait décidément plus que tout cette impression, qui n’en était pas une, d’être en permanence à découvert. Son esprit ressemblait à une pièce ouverte aux quatre vents et dans laquelle ces maudits hommes, que ce soit lui ou Klaus, pénétraient sans vergogne. Il fallait que cela change. Mais pour cela, elle devait consentir à utiliser cette capacité que lui conféraient ses pouvoirs de vampires et qui lui permettrait de maîtriser ces émotions qui la rendaient si vulnérable et la laissait à la merci de ce genre de crapule. Mais en était-elle vraiment capable ? Le voulait-elle vraiment ? Rien n’était moins sûr.  C’était risquer de leur ressembler et ce n’était pas ce qu’elle voulait. Du moins pour le moment.

- Dis-moi ce que tu es venue faire ici, reprit-il.

- Je veux négocier avec Viktor. Je veux qu’il laisse ma famille tranquille en échange du livre, lâcha-t-elle précipitamment comme une automate qui récite une leçon à laquelle elle ne croyait plus.

Noah la regarda avec perplexité avant de lâcher un ricanement dédaigneux.

- Noura franchement tu me déçois : tu crois sincèrement que je vais avaler ça. Je suis prêt à parier que tes nouveaux pensionnaires ne doivent pas être très loin. Et quand bien même tu imagines Viktor épargner ta famille ? J’ai déjà eu un mal fou à persuader cet abruti de ne pas tous vous exterminer dès notre arrivée. Une fois que tu lui auras remis le grimoire, il ne s’en privera pas, crois-moi, reprit-il sans chercher à masquer ou minimiser la menace qu’il venait de proférer.  Et puis il y a autre chose qui me vexe : c’est que tu as l’air de penser que je suis un de ces sorciers qui se laisse embrigader comme sous fifres par ces vampires.

- Je dois t’avouer que c’est ce que je croyais jusqu’à il y a quelques minutes, admit Noura avec anxiété en réalisant que  le sorcier s’était joué avec la même facilité de Viktor.

 Noah se releva pour faire face à la jeune femme et la dévisagea avec dédain un instant avant de reprendre :

- Je me fiche pas mal de vos histoires de familles. C’est avec moi que tu vas négocier, commença-t-il d’une voix froide.  Je veux que tu me remettes le grimoire ou  je laisse Viktor faire ce qu’il meurt d’envie de faire depuis longtemps.

- Tu t’es servi de lui pour récupérer le grimoire ?  Pourquoi ? Qu’est-ce que tu veux en faire ?

- Nous sommes devenus très proches, toi et moi, mais je ne crois pas que mes confidences iront jusque là, railla-t-il  en approchant une main de la joue de la jeune femme.

Elle chassa d’un geste brusque cette caresse importune et le fusilla du regard.

-Tu crois sincèrement que je vais te remettre le grimoire aussi facilement ! Grâce à toi, je sais qu’il contient  un moyen pour détruire Viktor et j’ai bien envie de tester la solution d’Elijah te concernant.

Tandis que le sorcier semblait s’amuser de la menace plus qu’il ne s’en inquiétait, elle luttait contre une envie impérieuse de lui arracher les yeux. Ses penchants naturels lui criaient haut et fort de céder à cette tentation mais il y avait encore beaucoup trop de questions sans réponses et ce fut curieusement les reproches d’Elijah sur son impulsivité qui la retinrent.

- Tu crois vraiment être en mesure de jeter un tel sort? Regarde-toi, Noura, tu es sans doute la plus lamentable sorcière qui m’ait été donné de croiser. Tu as passé toutes ces années à enfouir tes dons au lieu d’apprendre à t’en servir. Et tu ne vaux pas beaucoup mieux en tant que vampire. T’es-tu seulement une seule fois nourrie d’un être humain en 15 ans ? Tu as reçu un formidable cadeau et tu t’obstines à ne jouer qu’avec l’emballage. C’est pitoyable. Je suis prêt à parier qu’à peine auras-tu achevé le rituel que tu auras rejoint ton ancêtre et ta sœur.

Elle encaissa sans broncher mais chaque mot qu’il venait de prononcer l’avait blessée plus qu’elle n’aurait voulu l’admettre.

- Et si  Viktor apprenait que tu lui mens depuis le début ? rétroqua-t-elle pour faire diversion sur le trouble qui s’emparait d’elle.

- Et c’est toi qui va aller lui dire ? railla-t-il. Ou Klaus ou Elijah peut-être ? Il est tellement aveuglé par son désir de vengeance qu’il ne voit pas plus loin que le bout de ses crocs.

Elle baissa la tête et pinça les lèvres, dépitée par cet homme qui avait décidemment réponse à tout. Elle mourait d’envie de lui clouer le bec et de faire disparaître cette expression suffisante dont il se parait.

- Tu es cerné par des vampires : qu’est-ce qui te faire croire que tu vas pouvoir rester en vie  assez longtemps pour mener à bien tes projets… quels qu’ils soient ?

- Parce que j’ai en ma possession quelque chose dont tu vas avoir besoin pour épargner ce cher Elijah. Sans cela, la formule les détruira tous.

Il s’interrompit pour admirer la réaction de la jeune femme. En la voyant simplement baisser le regard, il comprit qu’elle devait déjà être au courant de ce léger détail.

- Si la formule est dans le livre, je ne crois pas avoir besoin de toi, quoi que tu en penses.

- Bien sûr que si, mon père a eu ce livre entre les mains aussi longtemps que Goran et, comme lui, il a pris quantité de notes.

Noura releva brusquement la tête. Le souffle court, elle se sentit blêmir à la grande satisfaction du sorcier qui admirait son visage défait avec une certaine délectation.

- Ne t’inquiète pas, je ne t’en veux pas de l’avoir tué. Je devrais même t’en remercier.  Mais laissons ces détails pour en revenir à l’essentiel, décréta-t-il en chassant ses propos d’un revers de main. Tu as effectivement la formule en ta possession mais il va te manquer des ingrédients que je ne vais certainement pas te laisser le temps de te les procurer.

- A savoir ?

- A savoir le sang de chacun des membres de la famille, moins bien sûr celui de Klaus et Elijah mais tu n’auras pas de mal à les convaincre.

- Comment as-tu réussi à …

-…à les convaincre de sagement me le donner ? la coupa-t-il. Eh bien, cela va te surprendre mais en leur disant simplement la vérité, en leur disant que tôt ou tard ils seraient tous menacés et qu’il fallait absolument rompre ce lien qui les unissait. Je te remettrai chacune des fioles lorsque j’aurai le livre.

- Je n’ai pas eu le temps de décrypter la formule, admit Noura.

- Je m’en doute et je vais être magnanime avec toi : je vous laisse trois jours pour la trouver et la déchiffrer. Après tout, elle me sera forcément utile, elle me débarrassera de Viktor.

Il s’interrompit et s’approcha à nouveau beaucoup trop près au goût de Noura qui ne voulait pas lui donner la satisfaction de reculer. Elle le fusilla du regard avec tout le mépris dont elle était capable.

- Tu as repris du poil de la bête à ce que je vois. C’est dommage, je te préférai fragile et  docile, lâcha-t-il avec sourire et un regard concupiscent qui finirent par faire céder les derniers lambeaux de sang froid auxquels Noura se raccrochait.

Elle le repoussa brutalement.

- Espèce d’ordure, tu ne paies rien pour attendre, fulmina-t-elle.

Elle ne cherchait plus à contenir la colère et la haine qu’elle portait contre cet homme. Elle les laissa s’emparer d’elle sans tenter de les retenir. Inévitablement, elles apportèrent avec elle, cette vague impuissante et irrépressible. Lorsque que la seule fenêtre vola en éclat, projetant violemment à l’intérieur ses éclats de verre, Noah se protégea instinctivement le visage et perdit pour la première fois son expression narquoise avant de se reprendre :

- Fais attention à ce que tu vas faire ! N’oublie pas que s’il m’arrive quelque chose plus rien ne retiendra Viktor, prévint-il.

Ils s’affrontèrent un long moment du regard :

- Je te conseille de sortir d’ici au  plus vite avant que je ne change d’avis pour le délai. Je te donne trois jours pas un de plus.

Elle resta néanmoins immobile, peinant de plus en plus à se contenir. La voix de Klaus provenant de la porte restée ouverte la fit sursauter et la sortit de cet état second dans lequel elle était  plongée.

 - Noura, sors de là ! ordonna-t-il.

Devant son manque de réaction, il haussa la voix.

- Maintenant !

Elle obtempéra de mauvaise grâce en tachant d’ignorer le sourire satisfait de Noah qui la suivit du regard jusqu’à ce qu’elle disparût par l’encadrement de la porte.

Une fois dehors, elle fut saisie par le froid glacial mais surement moins durement que par la poigne de Klaus qui l’agrippa sans ménagement par le bras pour l’entraîner loin de cette maison. Il ignora ses protestations, entrecoupées de plaintes discrètes lorsqu’il accentuait la pression de ses doigts. Elle peinait à suivre le rythme rapide et décidé de ses pas et manqua de perdre définitivement l’équilibre quand il la poussa violemment sous un porche. Outrée, elle voulut se rebiffer contre ce malotru qui la maltraitait, pensait-elle, sans raison. Elle voulut le remettre à sa place,  se prouver sans doute aussi qu’elle n’était plus cette gamine qu’il pouvait terroriser à sa guise. Elle esquissa un geste malheureux mais qui fut rapidement stoppé dans son élan par la gifle monumentale qu’il lui asséna. Elle perdit définitivement l’équilibre sur les pavés irréguliers et glissants et tomba brutalement au sol.

- Qu’est-ce que tu cherches à faire  au juste? Tu veux attirer le conseil ici avant que l’on ait trouvé une solution ? Tu trouves que l’on n’a pas assez de problèmes comme ça ! fulmina-t-il.

Elle resta au sol, tête baisse, le dos de la main toujours posée sur sa lèvre fendue dont la plaie s’était déjà pourtant refermée. Elle laissa échapper un sanglot qui fit lever les yeux au ciel et soupirer Klaus d’exaspération.

- Espèce de bourrique ! lâcha-t-il entre ses dents en la relevant avec toujours aussi peu de tact. Tu manques de tuer un homme et à peine cinq minutes après tu pleurniches comme une gamine.

Il lui releva le menton de force et planta son regard implacable dans le sien. Il ignora les larmes qui inondaient ses joues rougies par le froid et par la marque de ses doigts et la jaugea froidement.

- J’ai entendu le portrait peu flatteur qu’il a fait de toi mais ce n’est pas en agissant de manière inconsidérée que tu vas prouver le contraire.

Le ton était sec et dur pourtant Noura crut l’espace d’un instant y déceler une certaine bienveillance. Aussi fugace que fut cette impression elle n’eut d’autre effet, au grand damne de Klaus, de la faire fondre définitivement en larmes.

- Il raison : je ne suis bonne qu’à provoquer des catastrophes et à courser des lapins pour me nourrir.  Je suis incapable de jeter un quelconque sort : je ne sais pas comment on fait, et je n’aurai pas l’énergie nécessaire pour le faire. sanglota-t-elle.

Il dévisagea un instant le visage défait de la jeune femme. Il hésita avant d’ordonner :

- Viens, dit-il en se saisissant de son poignée pour  l’entraîner à sa suite.

Ils s’engouffrèrent à nouveau dans les ruelles totalement plongées dans le noir. Peu à peu, le silence fit place à quelques rumeurs qui s’amplifiaient au fur et à mesure qu’ils approchaient de la place centrale. La taverne, seul lieu d’où émanait à cette heure une quelconque vie, avalait et déversait son flot d’habitués qui s’invectivaient ou s’apostrophaient gaiement.

- Attends-moi là, ordonna-t-il  en la repoussant dans l’ombre.

Elle ne patienta pas longtemps dans l’étroit passage dans lequel elle s’était réfugiée, à l’abri des regards. Klaus revint quelques minutes plus tard entraînant derrière lui un jeune homme qui paraissait familier à Noura. Et pour cause, elle avait à de nombreuses reprises arraché Ivan à sa compagnie ou plutôt à sa mauvaise influence. Il ne se débattit pas lorsque Klaus le poussa devant lui dans la ruelle  sombre et humide. L’air absent, le regard totalement vide, il se laissa mener comme un automate  et ne réagit pas plus quand il le colla sous le nez de Noura, qui elle, en revanche, se crispa et se plaqua instinctivement contre le mur froid derrière elle. Elle jeta un regard incrédule au vampire en espérant de tout cœur qu’il n’était pas en train de suggérer qu’elle fasse à ce garçon ce qu’elle s’était toujours refusé à faire. Quoiqu’à la réflexion le terme « suggérer » n’était pas vraiment approprié à la situation, le visage déterminé de Klaus lui fit vite comprendre qu’il ne lui laissait pas vraiment le choix.

- J’ai besoin de toi au meilleur de ta forme. Alors tant que toute cette histoire ne sera pas terminée, tu vas laisser tomber la chasse aux lapins et te nourrir comme un vrai vampire, décréta-t-il en saisissant sa victime indolente par la nuque pour l’approcher davantage du visage de Noura.

Devant le regard hésitant de la jeune femme, il s’impatienta et pour mieux la « convaincre », il planta d’abord lui-même ses crocs dans la gorge du jeune homme. L’odeur du sang la saisit si brutalement qu’elle ferma vivement les yeux et détourna vainement la tête. Mais la tentation se faisait de plus en plus forte, la torturait  aussi surement que si on lui avait enfoncé un tisonnier brûlant dans les entrailles. Sa respiration se fit plus saccadée, elle sentit ses veines se dilater, réclamant ce nectar précieux qu’elle se refusait depuis de si longues années. Elle approcha des lèvres hésitantes de la plaie laissée par Klaus puis, n’y tenant plus, enfonça ses crocs d’abord précautionneusement comme si elle répugnait à le blesser. Mais elle se laissa vite envahir par cette envie irrépressible. Plus le liquide se répandait  dans ses veines, plus elle sentait une énergie nouvelle l’envahir. Lorsqu’elle relâcha son étreinte, le corps sans vie du jeune homme s’affaissa et retomba entre elle et Klaus sans qu’elle ne parvienne à en éprouver un quelconque remord.

Debout face à elle, l’originel lui adressa un sourire satisfait auquel elle ne répondit que par un «  Je te hais » bien senti et lâché entre ses dents.

-  Tu me remercieras plus tard, rétroqua-t-il malicieusement. Maintenant, rentrons avant qu’Elijah ne débarque pour te chercher.

Il lui tendit une main galante et passablement ironique qu’elle ignora de manière hautaine et tout aussi exagérée avant de le planter au milieu de la ruelle et de disparaître dans la nuit.

- Bon sang, je n’aurais jamais cru qu’elle le ferait. J’espère que je ne vais pas le regretter, se dit Klaus en jetant un dernier regard au cadavre exsangue  du jeune homme allongé sur les pavés.


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