Magazine Culture

La pluie, avant qu'elle tombe ~ Jonathan Coe

Publié le 13 octobre 2013 par Antigone

lapluieavantquelletombe"Ca peut sembler insignifiant, ce que ta grand-mère a pu subir dans son enfance. Et certes, partout dans le monde, il y a des enfants auxquels leurs parents infligent des choses bien pires, j'en suis consciente. Mais malgré tout, il me paraît important, il me paraît essentiel de ne pas sous-estimer ce qu'on doit ressentir quand on se sait mal-aimé par sa mère. Par sa mère, celle qui vous a donné le jour ! C'est un sentiment qui ronge toute estime de soi et détruit les fondements même d'un être. Après ça, il est très difficile de devenir une personne à part entière."

Rosamond vient de mourir. Et la vieille femme a été retrouvée inanimée, dans son fauteuil, un micro à la main. Gill, sa nièce, chargée de la succession, tombe sur des cassettes enregistrées, adressées à une certaine Imogen. Les recherches pour remettre en main propre les cassettes à l'intéressée se révèlent infructueuses, et Gill, découragée et curieuse, décide d'écouter les enregistrements en compagnie de ses filles. 
Il s'avère que ce sont vingt photos, qui balisent toute une existence, que Rosamond avait décidé de décrire à une Imogen non voyante, dans ces cassettes. Et petit à petit, c'est le récit d'une histoire douloureuse qui émerge, celle d'une génération de femmes mal aimées qui avancent dans la vie cahin-caha, semant le désordre autour d'elles, et parfois aussi le malheur...

Le ton qui règne dans La pluie, avant qu'elle tombe déconcerte un peu lorsque l'on a lu peu de temps auparavant Testament à l'anglaise [clic] (du même auteur), dont j'avais personnellement beaucoup goûté l'humour et la vivacité. Je dois avouer que les premières pages de ce roman-ci, plus sensible, ne m'ont pas emportées. J'ai eu le sentiment de ne rien lire de très nouveau, ni de très original. La description systématique des photos que Rosamond entreprend avec méthode m'a même un peu lassée. Et puis, je me suis laissée cueillir peu à peu par le thème, troublée par sa résonnance manifeste. Le désamour maternel est-il donc une émotion que l'on reçoit en héritage ? Y-a-t'il un moyen d'en arrêter le processus héréditaire ? Jonathan Coe tente des réponses et surprend encore une fois par sa propension à dénouer en fin de roman les fils d'une trame construite habilement au fil des chapitres précédents. Ses personnages - pour la plupart féminins - sont attachants, vrais, poignants. Les lieux, les demeures et les paysages, toujours grandioses (comme dans Testament à l'anglaise), jouent un rôle certain sur des destinés, sur lesquelles il apparaît très vite que personne n'a prise. Etonnante, par ailleurs, cette fin en mode pirouette !
Un très bon moment de lecture.

Editions Folio - 7.20€ - Avril 2010 - Grand merci à mes prêteurs !

D'autres lectures ... Magnifique pour George ! - Poignant, doux amer et presque magique pour Chiffonette - Val est restée perplexe - Clara a été captivée - Cathulu est restée un peu sur sa faim - Une belle lecture pour Liliba - C'est à l'époque le billet de Bellesahi (billet disparu avec son blog) qui m'avait tenté, "Un régal !" disait-elle enthousiaste !

Qui d'autre ? N'hésitez pas à me rajouter vos liens en commentaire. 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Antigone 5421 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine