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[Critique] TORE TANZT

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] TORE TANZT

Titre original : Tore tanzt

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : Allemagne
Réalisatrice : Katrin Gebbe
Distribution : Julius Feldmeier, Sascha Alexander Gerzak, Swantje Kohlhof…
Genre : Drame
Date de sortie : indéterminée

Le Pitch :
Tore, un jeune paumé membre d’un groupe punko/religieux Jesus Freaks, croit réaliser de petits miracles quand il se fait adopter par une famille dirigée par un homme étrange et inquiétant…

La Critique :
Frédéric Temps (le boss de l’Étrange Festival) nous avait prévenu : Tore tanzt est un film choc et dérangeant qui risque de nous marquer sur la durée. Il est clair que terminer le festival sur une note aussi nauséabonde est un choix délicat voire carrément risqué, de si sordides images en guise d’au revoir étant un pari particulièrement audacieux.
« La Passion du Christ, version dégénérée». Voici certainement la meilleure description du film que j’ai pu lire. Malsain, méphitique et profondément troublant, ce premier film de la réalisatrice allemande Katrin Gebbe a le mérite de poser les ambitions d’une artiste qui n’a pas l’air d’avoir envie de suivre « la marche silencieuses des réalisateurs en manque de couilles ».
Tore tanzt raconte l’histoire du jeune Tore, un jeune paumé/illuminé/fanatique ne jurant que par l’amour et le partage, et qui est recueilli par une famille déchirée, gérée par un beau-père qui est le diable en personne. Concevant son calvaire comme un véritable chemin de croix, le jeune Tore va aller de son plein gré se faire rôtir en enfer, les figures saintes et démoniaques finissant par se mêler pour dépeindre une humanité dont il ne semble pas rester grand-chose à sauver.

Si Tore tanzt n’est pas un film exempt de défauts (d’un point de vue technique et narratif) il montre aussi de très belles qualités.
On peut tout d’abord souligner la beauté de certaines scènes, le jeu intense de l’acteur principal (le prometteur Julius Feldmeier) et l’atmosphère démoniaque et suffocante qui ne quitte jamais vraiment ce film anthracite. Même lorsque Gebbe propose des scènes remplies d’allégresses, une sourde menace semble toujours se tapir dans l’ombre.
Ce sentiment se fait sentir dès la scène d’ouverture où on voit le héros se faire baptiser dans la mer. Bien que la joie s’invite sur tous les visages de ses invités, une musique ambiante particulièrement venimeuse finit par mettre mal à l’aise. L’odeur du pourri que l’on devine ne tarde pas à se faire prégnante, elle deviendra peu à peu le parfum putride du sadisme des bourreaux, l’horreur allant crescendo dans Tore tanzt.
Il serait toutefois complètement faux de dire que Tore tanzt est un film qui veut choquer pour choquer.
Le fond du film et ce qu’il dénonce tout du long est clair, et si et le caractère subversif et cru du propos de la réalisatrice heurte d’une manière directe et frontale, il n’est pas, hélas, le fruit de son imagination.
Tore tanzt se base en effet sur une histoire vraie, et montre une réalité beaucoup plus sordide que n’importe quel film choc pourrait dépeindre. Les critiques les plus acerbes qu’a subi le film lui reprochent son caractère voyeur et gratuit…un peu comme s’il était inconcevable de penser que l’homme pouvait être cruel sans motifs valables. Un simple coup d’œil sur les faits divers des journaux nationaux vient, hélas une fois encore, convaincre rapidement du contraire.

Tore tanzt est donc un film coup de poing qui bouscule, dérange et marque la rétine de façon dure et durable. Si vous n’avez pas le cœur bien accroché, inutile de tenter l’expérience, vous pourriez vous faire plus de mal que de bien. Si vous concevez par contre le cinéma comme un art qui permet encore de venir questionner les tréfonds les plus obscurs de l’âme humaine, alors Tore tanzt est pour vous. Vous ne l’aimerez peut-être pas, mais croyez-moi, il ne va pas vous laisser de marbre.

@ Pamalach

tore_tanzt_photo


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