Un film moyen, cinématographiquement parlant, de Margarethe Von Trotta avec Barbara Sukowa, Axel Milberg, Janet McTeer...à propos d'un personnage hors du commun.
Comme Hans Jonas qui était son ami et dont parlait hier Alain Gentil au café philo, Hanna Arendt a suivi en Allemagne les cours de Husserl, Heidegger, Karl Jaspers et Bultmann, excusez du peu !
Elle a même eu une liaison avec Heidegger qui a rejoint le parti nazi en 1934 pendant quelques mois pour être nommer recteur de l'Université de Fribourg et qui resta, malgré tout, l'homme de sa vie.
A part quelques flash-back sur sa liaison avec Heidegger, le film se concentre sur le suivi par Hannah du procès d'Adolph Eichmann, qui va durer 6 mois en 1960 à Tel-Aviv. Hannah va écrire un article compte-rendu dans le New Yorker. Article publié sous le titre Eichmann à Jérusalem. Eichmann fut considéré par la hiérarchie nazie comme le « spécialiste de la question juive »
Bien qu'elle ait travaillé de nombreuses années au sein d'une organisation sioniste Hannah Arendt évolua progressivement au sujet d'Israël, et exprima son opposition constante à tout enfermement nationaliste. Elle était favorable à un État fédéral mixte judéo-arabe.
Suite au procès, elle entra en conflit avec la presse israélienne. Cette œuvre, Eichmann à Jérusalem, est plus qu'un simple compte rendu de procès. Il s'agit en réalité d'une étude sur le mal, ou plutôt sur les ressorts du mal qui ont rendu les camps d'extermination possibles. Hannah Arendt décida d'ailleurs pour cette raison de donner à cette œuvre, le sous-titre d'Étude sur la banalité du mal.
On reprocha à tort à Hannah Arendt d'avoir non seulement présenté Adolf Eichmann comme un sioniste mais aussi, et surtout, d'avoir fait le reproche aux populations déportées de ne pas s'être suffisamment révoltées contre le sort terrible que les dirigeants nazis leur réservaient. Ces deux points et les critiques infondées, qui résultent d'une lecture erronée de l'œuvre de Hannah Arendt, furent largement rejetées par l'auteur.
Sur la base d'un important travail de documentation, Hannah Arendt, qui a toujours revendiqué une réelle indépendance d'esprit, dénonça dans Eichmann à Jérusalem le comportement des membres de certains Judenräte (conseils juifs), en particulier celui de Theresienstadt, qui furent amenés à collaborer avec les autorités nazies. Ces accusations, qui avaient déjà été formulées par d'autres, provoquèrent une importante polémique.
Intéressante réflexion sur la difficulté de philosopher librement. Les sionistes ont décidé une fois pour toute que la Shoah faisait parti des dogmes d'Israël et on ne peut pas toucher aux dogmes sans risque, même sur un point de détail, même en posant des questions légitimes. Hannah Arendt l'a vérifié à ses dépends.