Je n’écris généralement pas sur des sujets d’actualité ici, mais je vais faire une petite exception, parce que çà me démange. Concernant le projet de charte des valeurs québécoises, je me suis en réalité offert le luxe de publier dans un « vrai » journal, sous mon véritable nom. Mais il semblerait que j’ai encore des choses à dire pour apporter ma petite contribution à ce dialogue de sourds…
Ces derniers temps, je me suis beaucoup rendue dans différents groupes de discussions sur le sujet, organisés par des non-musulmans. Un élément revient souvent dans le débat, c’est le malaise (irrationnel, beaucoup l’admettent) causé par le foulard. J’ose espérer que nous avons les moyens de faire disparaitre ce malaise. Dans le cas contraire et au risque de paraitre rude, j’aimerais cependant rappeler à tous qu’un tel sentiment n’est pas pertinent. Ce n’est pas parce que quelque chose met certains mal à l’aise, que la loi doit l’interdire. C’est même exactement le contraire. Le droit à la liberté d’expression est fait pour protéger les discours, les tenues vestimentaires, les actes, etc., susceptibles de déranger la majorité, tant et aussi longtemps qu’il n’y a pas atteinte aux droits des autres. On ne peut interdire le hijab (ou tout autre signe religieux) simplement parce qu’il provoque une gêne. Quant aux preuves des autres justifications avancées, on les attend toujours.
Vous n’arrivez pas à supporter le fait de voir une femme voilée? Deal with it. On appelle ça vivre en société.
Bien sur que les femmes qui décident de porter le foulard le font de leur plein gré (On n’aura bientôt plus de voix à force de le crier!). Et bien sur qu’elles sont influencées. Elles sont influencées par leur croyance, leurs lectures, leurs fréquentations, leur entourage, leur éducation, leurs voyages, etc.
Et vous? Rien de tout cela n’a d’impact sur vos choix de vie? Alors vous êtes un caillou, pas un être humain.
Pour être fortement impliquée dans une mosquée, ici à Montréal, je peux vous dire que je n’ai jamais croisé une seule femme forcée de porter le foulard. Au contraire, nous avons souvent à réconforter des femmes qui ne se sentent pas soutenues par leur mari dans leur choix de mettre le hijab. Et c’est encore pire depuis le début du débat médiatique autour de la charte. Certains hommes préfèreraient faire profil bas et ne surtout pas se faire remarquer. Ils sont donc mal à l’aise avec la « visibilité » qui découle du choix fait par leur femme, ou leur fille. Ils sont aussi inquiets pour leur sécurité ou parce que cela pourrait les empêcher de s’épanouir au niveau professionnel.
Y-a-t-il des cas de violence dans la communauté musulmane? Certainement, comme partout ailleurs. Je n’ai pas besoin de vous rappeler que la violence conjugale est l’un des fléau de société le mieux partagé par tous les milieux ethniques, sociaux et autres.
On parle également beaucoup des immigrants en ce moment, eux qui ont du mal à saisir le sens des valeurs québécoises. Je vous invite à vous rendre dans une mosquée, vous y croiserez des québécoises « pure laine » de l’âge de votre grand-mère et même des autochtones qui portent le foulard. Allez-donc tester sur elles la validité de votre discours du « nous » et du « vous ». Vous en profiterez pour leur expliquer comment le Québec s’est débarrassé de l’emprise de la religion. Je suis certaine qu’elles apprécieront la petite leçon d’histoire. Mais si vous préférez, vous pouvez bien entendu continuer à lire les Djemila Benhabib et autres immigrants en mal de reconnaissance…
Pauline Marois pense que la France est un bel exemple d’intégration à suivre, alors je suggère que nous lui offrions un billet d’avion pour aller lui mettre le nez dans la réalité des choses. Le Québec voudrait-il donc rejoindre le clan des pays placés sous vigilance islamophobe par Amnesty International? Car c’est bien de cet exemple dont on parle.
Éduquez-vous.