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Shopping

Par Eguillot

La nouvelle qui sort aujourd'hui devrait surprendre quelques-uns de mes lecteurs. En voyant la couverture, certains se demanderont certainement quelle mouche m'a piqué. Pourtant, si je cible en effet un public résolument plus féminin avec cette nouvelle, je reste dans le registre fantastique. Pour être plus exact, c'est en mettant un peu d'anticipation dans ce thriller technologique contemporain que je déclenche le côté fantastique. Un joli mélange des genres, donc, puisqu'on y trouve aussi de la romance. La nouvelle fait 22 000 mots, soit une soixantaine de pages.

Shopping, nouvelle de 22000 mots

Shopping, nouvelle de 22000 mots

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Karine est une scientifique de la société Cyberzyme, spécialisée dans la biotechnologie. Trop occupée, cela fait longtemps qu’elle se contente de faire son shopping sur Internet.

Julie, à l’inverse, pose dès qu’elle le peut une RTT pour aller faire du lèche-vitrine avec sa meilleure amie, Hélène. Un soir, Hélène, pourtant très peu portée sur les jeux vidéo, surprend Julie en lui prêtant un jeu intitulé Shopping. Révolutionnaire, le programme développé par Cyberzyme suscite l’engouement général. Il s’avère en effet capable d’analyser l’ADN de l’utilisateur pour s’adapter, anticiper ses désirs et réactions et fournir une expérience inoubliable.

Une expérience beaucoup plus marquante, d’ailleurs, que ne l’aurait souhaité Julie...

Extraits :

« Karine Lagoumenie savait avoir contribué à donner naissance à une créature digne de celle de Frankenstein. Elle ne pouvait imaginer, cependant, que le monstre – son propre bébé – en viendrait à la dévorer. Née avec un clavier dans les mains, elle avait très tôt montré des prédispositions pour les matières scientifiques. Son affinité élective avec l’informatique lui avait permis de se faire courtiser, une fois son doctorat de sciences appliquées en poche, par les multinationales les plus prestigieuses. Elle avait pourtant préféré aux Google, Apple et autres Facebook une simple start-up, française qui plus est, du nom de Cyberzyme. Les efforts prodigués dans le domaine de la recherche fondamentale et l’audace que déployait cette start-up à trouver des applications pratiques l’avaient séduite, compensant le maigre salaire. »

« Son smartphone se mit à vibrer dans son sac. Elle en releva la coque rose. Il fallut un moment au MMS pour se charger, et pour qu’apparaisse le visage souriant d'Hélène, devant une boutique de la Part-Dieu.

« Je suis là dans cinq minutes », tapota-t-elle en réponse.

Des nuages s’ourlaient dans le ciel bleu. Son cœur devait être à peu près aussi léger que l’un d’eux.

Puis ce fut l’arrêt de bus, et après quelques centaines de mètres, la cohue incessante de la Part-Dieu. Elle s’y faufila comme un saumon frétillant qui aurait remonté le courant. Elle n’était peut-être pas très grande, mais elle savait où elle allait et était pressée. Le visage allongé d’Hélène, avec sa queue de cheval caractéristique, se repérait de loin. Son amie était en jupe, pour ne pas changer. Il faut dire que ses longues jambes de déesse – elle était à peu près aussi grande que Roland – le valaient bien. Elle les lui avait enviées au début, jusqu’au jour où Hélène lui avait révélé avec quelle régularité elle se les épilait. Avoir une taille moyenne comme la sienne ne présentait finalement pas que des inconvénients. »

« Un personnage 3D en rotation se matérialisa. Elle n’avait chargé aucune photo d’elle, ce qui rendait la ressemblance physique d’autant plus troublante. La figure à l’écran aurait pu être celle d’une sœur qu’elle n’avait jamais eue, mélange entre ses traits à elle – notamment le front, le nez et les oreilles – et ceux de sa mère pour les joues plus creuses que les siennes et le menton un peu plus large. La caméra prit du champ. Les seins de l’avatar étaient peut-être un peu plus rebondis, ses fesses plus galbées, mais le graphisme s’avérait d’une précision hallucinante. A sa stupeur, elle reconnut des grains de beauté à l’emplacement exact de certains des siens.

Elle donna un nom à son avatar.

Une voix suave masculine la salua et l’invita à le suivre. Elle se mit à bouger la souris d’après les indications de flèches qui apparaissaient et s’évanouissaient tout aussi soudainement. Son personnage virtuel, même nu, se mouvait avec une grâce ensorcelante. Si les boutiques que lui fit visiter le programme avaient un aspect extérieur assez sommaire, les vêtements, chaussures et accessoires à l’intérieur révélaient des couleurs, des motifs et un design qu’elle n’avait jamais vus ailleurs. »


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