Le Châtelet et Broadway coproduisent la première comédie musicale tirée du film de Vincente Minnelli. Une aventure complètement
inédite.
Ce devrait être "le" spectacle de l'hiver en 2014. Un Américain à Paris monté en comédie musicale avec une mise en scène confiée au
chorégraphe Christopher Wheeldon et un livret entièrement revu par Craig Lucas, auteur dramatique nommé au Pulitzer.
La version, donnée en création mondiale au Châtelet, s'installera ensuite à Broadway. "Je voulais monter ce titre pour fêter le 70e
anniversaire de la Libération de Paris. En 2011, quand j'ai demandé les droits à Todd Gershwin, il m'a indiqué que les producteurs américains de Pittsburgh CLO, distingués notament pour
Cinderella, Kinky Boots, Matilda, l'avaient approché pour Broadway. Il m'a suggéré de les rencontrer", raconte Jean-Luc Choplin, directeur du Châtelet. Qui s'exécute sans y croire, mesurant
combien ses habitudes de travail diffèrent de celles de la 52e Rue.
En France, le metteur en scène mène tout le projet. À Broadway, tout naît d'un collectif. Surtout, au Châtelet (on l'a vu avec My Fair
Lady , The Sound of Music ou Sweeney Todd ), les comédies musicales sont portées par de vastes orchestres, des chanteurs lyriques ou de grands acteurs.
À Broadway, on travaille avec des acteurs-chanteurs et des partitions réorchestrées pour limiter à une dizaine le nombre des musiciens
dans la fosse. "Le public du Châtelet retrouvera ses habitudes, et celui de Broadway, les siennes", précise Van Kaplan, de chez Pittsburgh CLO. "Le Châtelet passe aux États-Unis pour un des
premiers théâtres du monde. Jean-Luc Choplin a un goût impeccable, et ses productions de musicals ont été acclamées par toute la critique. Il a une sensibilité artistique que nous voulons
partager. Qui rêver de mieux en France pour Un Américain à Paris ?" se félicite son comparse Stuart Oken.
Dès la première réunion de travail, les producteurs conviennent de réécrire le livret, garder le principe d'acteurs-chanteurs-danseurs,
comme l'étaient Gene Kelly et Leslie Caron, plutôt que de séparer les rôles. Il faut aussi des costumes et des décors suscitant l'impression de couleurs qui se dégage du film. Bob Crowley
accepte: il a signé Don Carlo au Met, Alice au pays des merveilles pour le Royal Ballet, ou le nouveau Mary Poppins de Broadway. Le casting peu à peu se précise. La manière de réécrire l'histoire
aussi. "C'est une création. Nous voulons rendre le film en oubliant le film, rêver le music-hall qui aurait dû être fait avant lui, à l'âge d'or de Broadway. Il faut se recentrer sur le théâtre,
gommer le côté poulbot et trop carte postale pour donner une idée de ce qu'a pu être la Libération avec ces GI auxquels on a dit: “Restez à Paris, près des petites Françaises”", affirment les
producteurs. Ils entendent aussi ajouter d'autres tubes de Gershwin: "Ce sont eux qui assurent le succès du spectacle. Il y en a six ou sept dans le film, il faut passer à onze ou
douze."
À Broadway, le compte à rebours commence. Filages, recherche d'un théâtre qui ait une taille de plateau correspondant à celle du
théâtre parisien pour que les décors puissent s'y loger, remise en janvier de la maquette des décors, costumes et accessoires qui seront réalisés par les ateliers du Châtelet, répétitions sur
scène à Broadway en septembre et octobre, puis en novembre à Paris.
"Avec Un Américain à Paris, j'affirme que le Châtelet est un théâtre de production de grands spectacles", dit Jean-Luc Choplin.
"Partout dans le monde, il y a moins d'argent pour la culture. Aux États-Unis, de grandes maisons mettent la clé sous la porte. Peut-être suis-je comme Perrette avec son pot au lait, mais si
notre Américain est un succès à la War Horse, s'il est repris à Londres, Tokyo ou Sydney, le Châtelet gagnera de conséquentes royalties."
Source
http://www.lefigaro.fr/musique/2013/10/17/03006-20131017ARTFIG00643-un-americain-revient-a-paris.php