Un lycéen glandeur qui tombe amoureux, se fait jeter, passe
son temps à fumer des pétards avant d’attaquer les champignons hallucinogènes.
C’est tout ? Ben oui c’est tout. Ah non, il y a aussi plein d’autres ados
glandeurs et fumeurs et un chien sans yeux que notre « héros » est le
seul à voir. Une variation de plus sur la crise de la jeunesse à travers
l’histoire très autobiographique de l’allemand Sascha Hommer.
Alors bien ? Pas bien ? J’ai envie de répondre pas
bien, pas bien du tout même. Du moins sans aucun intérêt. Ok, on suit la
descente aux enfers du gamin, son passage du simple pétard au LSD et aux
champis, son pseudo début de rédemption, notamment grâce au dessin. Mais bon on s’en fiche un peu, on reste très
extérieur à ce qui lui arrive. Il faut dire qu’il n’attire pas spécialement
la sympathie. Et puis il n’a aucune épaisseur, il est pour
ainsi dire transparent. On n’a même pas envie de le secouer pour le sortir de
son apathie, on voudrait juste le laisser dans son univers sans relief pour
s’intéresser à quelqu’un d’autre.
Coté dessin, on a droit à un noir et blanc sans âme, très
scolaire. C’est fluide et lisible mais ça ne casse pas trois pattes à un
canard.
Quatre Yeux, c’est une sorte d’autofiction en BD. Tout ce
que je déteste. La propension qu’ont les auteurs à se regarder le trou de balle
pour créer une œuvre m’impressionnera toujours. Un sujet certes inépuisable
mais neuf fois sur dix l’exercice n’intéresse qu’eux. Et nous pauvres lecteurs,
avons juste l’impression de perdre notre temps. Franchement, dans le genre
crise adolescente crépusculaire et turpitudes de la jeunesse, je préfère en
rester au Black Hole de Charles Burns.
Quatre yeux de Sascha Hommer. Atrabile, 2013. 104 pages. 16 euros.