
Et pourtant, en revenant d'être allé porté ma fille à pied à son école je broyais du noir.
Un proche disparu trop vite la veille, mais autre chose aussi.

Toutefois derrière, elle laissait des élèves en larmes (ma fille en lambeaux, j'ai cru sur le coup que son enseignante était morte!) et un train menaçant maintenant de dérailler. L'école se devait de réagir rapidement car l'enseignante, en larmes elle aussi devant cette situation impossible dont elle était à la fois la gagnante et la victime, quittait 4 jours après l'annonce de son nouveau poste.

(...)
Enceinte...
Enceinte
ENCEINTE TABARNAK!
Il a été confirmé qu'en mars, cette jeune femme quittera elle aussi cette classe de cinquième année pour laisser quelqu'un d'autre reprendre les rênes de la classe de ma fille.

Analogie toute simple: Une équipe de hockey dont on change l'instructeur-chef trois fois dans l'année ne fera PAS les séries éliminatoires.
Cette classe est larguée par son école.


Bon.
Je ne joue pas la game des parents divorcés. J'en ai même rien à cirer.
Dur , très dur de sympathiser avec les commissions scolaires (ou les enseignants) de nos jours...

Je marchais donc sur le chemin du retour à la maison, par un matin gris d'automne, avec ce grief en tête quand une voiture de police est passé à plus de 100 Km/h à mes côtés en direction de l'école. Puis une autre, et une autre encore.
"What The Fuck?" ai-je dis à voix haute. Police pas police, c'est une zone de 30 km/h et ma fille venait tout juste de traverser la rue. Fallait se calmer le cul.

J'ai eu le réflexe de revenir sur mes pas.
Mon pas agité m'a mené là où la police s'était arrêtée. Dans une rue tout juste devant l'école de Punkee. Il y avait beaucoup de fumée. Des badauds. Moi. Une voiture en feu et...et...une forme au volant de la voiture....fuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuck...
Je n'ai pas voulu voir. Mes yeux se sont posés sur la fumée qui fonçait sur l'école de Punkee. L'école a fait entrer les élèves à l'intérieur. Une grosse odeur de térébenthine, d'essence, un périmètre de sécurité qui m'a repoussé jusque chez moi, une image de cadavre trop raide, trop maigre, trop à la merci des flammes, trop en feu.

Ma mémoire a soudainement souhaité du brouillard.
Pas le même qui peuplait la tête de cet homme.
Son matin à lui n'était pas gris, il avait été noir.
Noir à ne plus rien y voir.
Il avait toutefois probablement vu ce matin-là, la plus cauchemardesque bande-annonce du film du reste de sa vie.