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"Le gouvernement souhaite faire de la Côte d'Ivoire le Hub régional sur les NTIC"

Publié le 22 octobre 2013 par Pnordey @latelier

Interview de Innocent N’Dry, Chargé de développement Nouvelles Technologies, Innovations et Services du Bureau Ubifrance d’Abidjan

L'Atelier : D'un point de vue général, quel est l'état des lieux du numérique et de l'innovation en Côte d'Ivoire?

Innocent N'Dry : La Côte d'Ivoire a vu depuis 10 ans une croissance très forte du numérique. Entre 2003 et aujourd'hui, c'est une croissance à hauteur de 7 à 8% par ans du secteur des télécommunications et d'Internet. Avec 5000 emplois directs créés, 50 000 indirects, c’est environ 300 millions d'euros de ressources fiscales rapportées au gouvernement. C'est effectivement devenu, et ce secteur continue à le devenir, un marché très important en Côte d'Ivoire, estimé à environ 6% du PIB en 2013. C'est cette croissance soutenue, et cette intégration très forte des habitudes de télécommunications auprès de la population qui fait du pays celui ayant un des taux de pénétration du mobile les plus élevés de la région avec un peu plus de 75%. On dénombre ainsi 10 millions d'utilisateurs internet et surtout au premier semestre 2013, 18,5 millions d'abonnés téléphones estimés sur une population de 23 millions d'habitants seulement.

Pourtant, malgré ces bons chiffres, vous nous expliquiez que la Côte d'Ivoire accuse encore un léger retard au niveau du numérique...

Effectivement, mais pas tant au niveau justement des appareils ou des habitudes que de la rapidité du réseau. Il y a en effet très peu de fibre optique, mais des politiques publiques intensives sont en train de mettre en place près de 6500 kilomètres de fibre pour renforcer d'autant la structure du réseau. En l'occurrence, la Côte d'Ivoire est déjà un des rares pays qui en 2012 avait reçu la labellisation 3G. Cette utilisation d'Internet est particulièrement le fait de la connectivité mobile, avec entre 75 et 80% environ de la population possédant un smartphone. Du côté des jeunes entreprises et des nouvelles technologies, il y a un réel dynamisme entrepreneurial, avec la création d'incubateurs, notamment le technocentre d'Orange, mais aussi de nombreux concours organisés par des acteurs privés. Pour ce qui est du public, il y a un travail de fait sur l'infrastructure mais l'accompagnement est encore réduit.

Selon votre expérience propre, voyez vous émerger un modèle de développement numérique sinon africain du moins ivoirien?

Oui il y en a un, du moins pour nous. Nous suivons ou plutôt nous cherchons à suivre en Côte d'Ivoire le modèle sénégalais, qui est celui d'un fort accompagnement par les autorités publiques des jeunes entreprises. C'est dans cette optique que le gouvernement ivoirien a mis en place, il y a quelques années déjà, une zone franche dédiée aux TIC à l'extérieur d'Abidjan, mais il y a encore un manque d'investissement en infrastructure, notamment de réseau, qui freine encore l'enthousiasme des entreprises. Cependant, c'est bien une priorité économique du gouvernement, et si les atouts en termes de pénétration des habitudes numériques ou de marché sont les mêmes que le Sénégal, la politique Ivoirienne en est encore à ses débuts. Le gouvernement souhaite intégrer la Côte d'Ivoire sous 2020 dans les pays émergents, et les nouvelles technologies doivent permettre d'en faire un hub régional des TIC.

Quel impact (si impact il y a eu) ont les nouvelles applications utilitaires mobiles, principalement les applications de mSanté et de mBanking/Paiement ?

Comme je l'ai dit, les smartphones sont très répandus auprès de la population en comparaison avec les ordinateurs, et le marché des applications utilitaires est très fort auprès des ivoiriens. Dans le secteur de la banque et des paiements notamment, une grande partie des ivoiriens paient leurs courses, leurs factures ou effectuent des transferts d'argent à travers leur mobile. Pour ce qui est des autres grands secteurs, santé et éducation notamment, les applications dédiées sont encore peu présentes. Mais mSanté comme e-éducation font partie des projets phares des prochaines années au niveau de l'investissement public et ne devrait pas tarder trop longtemps à apparaître, voire devenir comme les applications bancaires, inhérentes au quotidien de la Côte d'Ivoire.


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