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[Critique] SHARKNADO

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] SHARKNADO

Titre original : Sharknado

Note:

★
½
☆
☆
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Anthony C. Ferrante
Distribution : Ian Ziering, Tara Reid, John Heard, Cassie Scerbo, Chuck Hittinger…
Genre : Horreur/Comédie/Catastrophe
Date de sortie : indéterminée/Diffusé sur Syfy

Le Pitch :
Une terrible tempête s’abat sur Los Angeles. Pluies diluviennes, vents violents et tornades à répétition détruisent tout et font de nombreuses victimes, tandis que petit à petit, le niveau de l’eau monte dans les rues. Mais le plus terrifiant reste les centaines de requins qui, aspirés par les tornades, tombent en rafales sur la ville. Fin, un surfer super balèze, son pote au teint halé, une serveuse en mini-short et un pilier de bar tentent de survivre…

La Critique :
Steven Spielberg se doutait-il, alors qu’il mettait en boite Les Dents de la Mer, qu’il ouvrait du même coup la boite de Pandore ? Que d’innombrables opportunistes aux dents longues allaient s’engouffrer dans l’embrasure et livrer un paquet de navets mettant en scène des requins tueurs ? Peu de chance. Car hormis les suites du chef-d’œuvre de Spielberg, assez mauvaises, c’est depuis quelques années de véritables monuments de connerie qui déboulent à intervalles réguliers. Des trucs qui organisent des unions hybrides entre des créatures connues pour leur appétit vorace, comme Sharktopus (requin+pieuvre), ou qui boostent les capacités des prédateurs en modifiant leur ADN de manière complètement délirante, comme dans L’attaque du requin à deux têtes, ou bien encore dans Sand Shark : les dents de la plage, où des requins nagent dans le sable…
Le studio américain The Asylum (fondé par un ancien cadre de Village Roadshow) s’est imposé comme l’épicentre du mouvement. Dans un premier temps spécialisé dans les copies bon marché des blockbusters à succès, comme Snakes on a train (copie de Des Serpents dans l’avion) ou plus récemment Atlantic Rim (copie de Pacific Rim), Asylum s’est aussi distingué par la mise en chantier de films pseudo-horrifiques aux concepts franchement incroyables, à l’image donc des titres cités plus haut ou de trucs difformes comme Mega Python vs. Gatoroid.

D’habitude, ces longs-métrages, bien sûr interdits de sortie en salle, restent très confidentiels. On les regarde entre amis, avec une bonne pizza, de la bière et on se fend la poire. La chaîne américaine (disponible en France sur les réseaux câblés et sur le satellite) Syfy relaye aussi joyeusement ces films, tout comme NRJ 12, qui ne se refuse pas non plus une petite diffusion de temps à autre, entre deux navets avec Steven Seagal.
Sharknado marque en cela un changement de taille. Lui, il a carrément explosé les records. Tout le monde en parle et sur le net, les amateurs s’affolent au point de construire, peut-être involontairement, un culte autour du long-métrage qui n’en méritait pas tant. Diffusé sur Syfy USA en juillet 2103, Sharknado arrive dès le mois d’octobre de la même année en France et ici aussi c’est la folie furieuse. Même certaines émissions télé lui consacrent un reportage. Le phénomène est total , déclenchant, on l’imagine, chez Asylum, une liesse bien légitime vu le budget réduit de la chose (1 million tout rond).

Le concept y est bien sûr pour quelque chose. Qui n’aurait pas envie de voir un film où des requins voyagent dans des tornades pour mieux bouffer des passants horrifiés ? En soi, Sharknado organise le mariage de Twister et des Dents de la Mer. Des tornades, des requins par centaines, et le tour est joué ! Au final, bien évidemment, Sharknado est une purge incroyable. Les dialogues rivalisent de débilité, les effets-spéciaux sont affligeants et le scénario cumule les invraisemblances. Ne cessant pas de nous affirmer qu’il est tout à fait possible qu’un tel phénomène se produise, les héros de Sharknado se résument à autant de clichés débiles et leurs réactions, on s’en doute, sont à l’avenant.
Mais c’est drôle. Et le fait de rire à gorge déployée permet d’être indulgent. Après tout, il est clair que personne ne se prend au sérieux, mis à part peut-être la pauvre Tara Reid, sobre comme un Pape tout du long. Piégée dans un corps que la chirurgie esthétique a transformé en copie peu flatteuse de la fiancé de Frankenstein, l’actrice, autrefois mignonnette, star d’American Pie, prouve par sa présence à quel point sa carrière coule à pic. Elle ne semble rien piger et joue sur l’alternance de deux expressions. Rien à voir avec le superbe Ian Ziering, alias Steve Sanders de la série Beverly Hills 90210. Lui a tout compris au film. Il court, nage, saute, tranche du requin à la tronçonneuse et se coule dans le moule avec une aisance qui fait honneur à son sens du second degré. Mine de rien, l’acteur n’a pas vraiment morflé, affichant à l’aube de la cinquantaine, une forme olympique tout à fait adaptée pour porter à bout de bras un navet over the top comme celui-là.
Ce genre de film constitue un refuge de choix pour les has-been de tous bords. On retrouve régulièrement chez Asylum des têtes connues. Parfois conscientes du ridicule de l’œuvre qu’elles sont en train de tourner, ces ex-idoles jouent à fond la carte du décalage et sauvent les meubles, en donnant un écho favorable et bienvenue au comique volontaire de l’ensemble.

Agression visuelle de tous les instants, Sharknado est quoi qu’il en soit un phénomène comme seul internet peut en bâtir. Sa réputation n’est plus à faire et au fond, quand on voit le nombre de purges qui se prennent au sérieux, il est plutôt tentant de lui accorder un certain crédit. Idéal pour se divertir sans se prendre la tête, Sharknado est peut-être laid, con, débile, réalisé par un incompétent manifeste et probablement écrit par des gamins de 7 ans, mais au final, en tant que navet, il fait le job. Les limites de la nullité sont repoussées. Après avoir touché le fond dans son premier tiers, Sharknado creuse bien profond et se termine par une espèce de twist incroyablement crétin.

Il y a navet et navet. Ceux qui s’avèrent insupportables et ceux qui font de leur nullité un atout. Sharknado apparient à la deuxième catégorie.
La concurrence, de son côté, est déjà à pied d’œuvre. Dans le viseur, un certain Avalanche Shark ! Et dire qu’on a peut-être encore rien vu…

@ Gilles Rolland

Sharknado


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