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J'ai pu entrer dans la tour Paris 13, je te raconte tout, photos à l'appui

Publié le 26 octobre 2013 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

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(Rimbaud, scintillant)

Avant (d'entrer)

Jeudi dernier, 6h15 du matin, le réveil sonne après 4 courtes heures de sommeil. Et pourtant je suis en vacances. Dur.

La raison?

J'ai décidé d'aller visiter la tour Paris 13 et étant donné que j'ai bien compris qu'il y a une attente interminable pour ceux qui se pointent trop tard sur place, j'ai mis toutes les chances de mon côté.

A ce stade là de la journée, j'ai la foi et l'énergie de ceux qui pensent avoir une longueur d'avance sur les autres. Je suis joie et euphorie légère. J'avale un café et une petite tartine, mon estomac étant tout à la joie lui aussi de se rendre sur place. Et puis je compte bien faire honneur au joli panier repas que je me suis préparé la veille au soir.

Parce que quand je veux, je suis une fille organisée. Ouais. Et même que j'ai pris soin de placer le sac plein de victuailles devant la porte pour ne pas l'oublier (mis à part le sandwich qui dort tranquillement au frigo - Tour Paris 13 ou pas, la salmonellose ne passera pas par moi).

Tout ça m'attend sagement devant la porte. Avec mon appareil photo. Or-ga-ni-sée, je te dis.

Parée.

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Sauf que quand j'ai prévu tout ça c'était sans compter qu'en plus d'être une fille organisée, je suis aussi blonde.

Le matin venu je cours donc prendre mon RER (beaucoup trop mâtinal) en écartant le sac placé devant la porte et je parcours le trajet qui me sépare de la gare d'un pas léger.

Arrivée dans le train j'observe les voisins de wagon, tous occupés à essayer de grapiller quelques minutes de sommeil. Toute à ma joie, je toise un peu tous ces pantins endormis. L'avenir m'apprendra qu'il ne fait décidément pas bon se sentir trop en confiance. Mais enfin, j'y viens doucement...

J'arrive donc au pied de la fameuse Tour Paris 13.

J'aperçois de loin une file déjà bien longue. Interloquée, j'avance plus vite (comme si les 20 derniers mètres allaient me permettre de gagner du terrain sur les autres dans la file. Mais enfin) et je m'aperçois qu'en m'installant, à 8h précises dans la file d'attente je me situe déjà derrière le panneau  "si vous êtes à cet endroit, vous ne pourrez pas entrer dans la tour aujourd'hui".

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J'ai un peu comme envie de pleurer. L'euphorie s'est envolée d'un coup pour laisser place à la désolation.

Les épaules basses, je décide de m'asseoir par terre comme ceux qui sont autour de moi. Des "habitués" (j'y reviens) expliquent qu'en étant présent à cette heure-là on est assuré de rentrer, panneau ou pas. Je décide donc de rester.

Je suis juste derrière trois jeunes hommes qui sortent de boite et avalent goulument un sandwich qui dégouline de mayonnaise. Ils discutent et je comprends qu'ils ont entendu parler de l'endroit par la boulangère d'à côté qui leur a conseillé de faire la queue pour pouvoir accéder à ce lieu "vraiment incroyable". Après 30 minutes d'attente et de vaines tentatives pour ne pas rentrer seuls en lancant d'étranges invitations alentour, ils finissent par abandonner.

Petit cri de joie intérieur, j'ai gagné trois places! Je me convaincs que tout le monde va céder et que je vais ainsi remonter la file en un rien de temps (ma naïveté est vraiment consternante). Mon moral fait un bond en avant!

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Le temps passe, j'avance bien le "Just Kids" de Patti Smith que j'ai commencé en arrivant.

Je réalise que, les fesses à même le sol, on grelotte rapidement. J'enfonce ma capuche en fourrure sur mon crâne, à l'instar de mes camarades de galère, je resserre mon écharpe et je tente de prendre mon mal en patience. Comme tout le monde. Lorsque je lève les yeux c'est pour m'amuser du regard moqueur que porte sur moi et mes compagnons de fortune, les passants pressés.

Pour m'occuper, je décide de sortir mon appareil photo. Et je constate que je ne l'ai bien évidemment pas pris puisqu'il était précisément dans le sac que j'ai crânement repoussé avant de quitter mon appartement.

Merveilleux!

Je n'ai donc pas non plus de nourriture sur moi. Après une brève période mêlant sueurs froides et sondage intensif de mes poches ainsi que de mon sac, je finis par tomber sur un Kinder Bueno qui me fait l'effet d'un graal.

Après avoir eu une pensée émue pour cette sale manie qui veut que j'ai toujours de la bouffe qui traine partout parmi mes affaires, je décide de me replonger dans ma lecture.

Ca m'évitera de penser que je commence déjà à avoir faim. Qu'il n'est que 10h30 et que j'ai dû avancer de 5 mètres depuis mon arrivée.

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Pendant la longue -si longue- attente, j'écoute distraitement mes voisins.

Deux jeunes filles asiatiques discutent en anglais et expliquent qu'elles veulent absolument voir la tour avant de partir.

Trois étudiantes en art (si j'ai bien compris), papotent et se remotivent régulièrement, dès que l'une d'elles manifeste des signes d'impatience ou d'agacement (je les remercie au passage, elles sont sans le savoir pour beaucoup dans le fait que je n'ai pas craqué au bout des 5 premières heures d'attente).

Devant moi un couple d'amoureux flirte gentiment. J'apprendrai quand les caméras de BFM TV viendront les interviewer que c'est la troisième fois qu'ils viennent sans réussir à entrer jusque là et qu'ils sont bien décidés à visiter la tour aujourd'hui (raison pour laquelle ils étaient là "si tôt" ce matin).

Les malheureux! Comme moi ils ne savent pas que des plus motivés encore (et un peu plus fous sans doute) sont là depuis longtemps déjà, avec un équipement digne des meilleurs campements de survie : lit de camp, sac de couchage, ravitaillement à foison, jeux de cartes... C'est bien simple, on croirait qu'ils ont passé la nuit sur place (d'ailleurs, je me demande si ça ne correspond pas vraiment à la réalité...).

Bref. Tant mieux pour eux : je ne me sentais pas prête à me lancer dans ce genre de projet pour rentrer tôt de toute façon (et en toute honnêteté j'étais à 100 lieues d'imaginer que les choses se passaient ainsi sur place).

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Le temps passe.

Lentement.

Je quitte Patti pour éplucher le dernier exemplaire des Inrocks et distraire ma faim. Peine perdue. Je craque. J'attaque la moitié de mon butin. Courage.

Je boirais bien un peu d'eau (j'ai ma bouteille avec moi, ça n'est pas tout à fait la lose, t'as vu?) mais je n'ai pas suffisamment confiance en ma vessie pour m'y risquer. Je vois déjà la terrible envie de la soulager qui va me venir et me contraindre à quitter ma place dans la file. Plus de 4 heures que j'y suis déjà. Je m'imagine que c'est encore l'affaire d'une heure à tout casser. A ce stade là, rien ne pourrait me faire renoncer.

Et le temps continue à défiler. L'ennui me gagne. J'ai repris la lecture de l'histoire passionnante de Patti mais je me perds un peu parmi la multitude de personnages qui se cotoient. Et j'ai faim. Ceci explique peut-être cela d'ailleurs.

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Je finis par m'en convaincre en tout cas et je grignote ma friandise sucrée, convaincue qu'outre le fait qu'elle va me permettre d'apaiser un peu ma faim, elle va également me permettre de retrouver la concentration nécessaire pour arriver au bout de mon bouquin.

En vain. Ni la faim ni le reste ne va vraiment mieux après ça. L'agacement me gagne. D'autant que je ne peux même pas utiliser mon téléphone sous peine de ne plus avoir assez de batterie pour photographier mes oeuvres préférées une fois entrée. Grrrrrrr.

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Au moment du déjeuner, ceux qui sont venus à plusieurs se séparent le temps d'aller chercher un repas souvent du côté du Mc Do d'Austerlitz. Je ne sais pas si tu imagines la torture de les voir manger, là, sous mes yeux avec l'odeur du gras qui me rendrait -pour un peu- presque folle. Je me contiens et je parviens à ne pas arracher la nourriture de la bouche de mes voisins. Au prix d'efforts surhumains.

Au bout de 6 heures d'attente, j'atteins le panneau "à partir de cet endroit, il vous reste environ 2 heures d'attente". Alors que je poste une photo sur Instagram, une internaute m'annonce dans un commentaire que, lorsqu'elle y est allée, à partir de cet endroit, elle n'avait plus en fait que 30 minutes à attendre avant d'entrer.

Je m'imagine que ça va être le cas aussi pour moi. Euphorie.

Et bon, disons que je décide de mettre un terme à ce suspense inouï dès à présent : NON POUR MOI CE NE FUS PAS LE CAS. Et non! A partir de ce panneau il me restait en fait deux bonnes heures d'attente. Chienne de vie.

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Bon, mais, à force d'écouter les discussions autour de moi j'ai fini par comprendre que nombreux dans la foule étaient déjà venus, sans succès. Et que rien ne pourrait les déloger de leur place dans la file, tout emplis de motivation qu'ils étaient.

Voilà donc l'explication : Au début, ceux qui venaient se laissaient facilement décourager par l'attente et la vitesse de progression de la file, désespérément lente. Puis ils sont revenus et ont constaté que rien ne changeait et que -s'ils voulaient vraiment faire partie des happy few qui ont le droit de visiter l'endroit- il allait falloir faire face à ces longues heures d'attente. Ils sont donc là ce jeudi, fermement résolus à ne quiiter la file sous aucun prétexte. A mon grand désespoir. 

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Je sais que c'est un grand classique mais tant pis, je vais quand même te dire que les dernières heures ont été les plus longues. Que, moi qui avais réussi à me convaincre que jamais je n'attendrais plus de 6 heures, j'ai fini par attendre 8 heures. Avec juste un en-cas au chocolat dans le ventre.  Tout simplement parce qu'une fois que tu as tenu les 6 heures à te geler dans le froid, tu ne te vois pas laisser tomber (ce qui reviendrait à accepter d'avoir fait tout ça pour rien : NO WAY!).

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La visite.

Et vraiment, crois-moi, ça valait le coup.

Ca peut paraitre fou mais après 8 heures d'attente dans des conditions de confort plutôt spartiates, tu es dans un tel état de délabrement que -peut-être- si tu n'avais découvert qu'un squat pouilleux grouillant de cafards, tu aurais déjà applaudi.

Tellement à ce stade là tu n'en reviens pas de juste pouvoir entrer.

Tellement l'excitation grimpe pendant la dernière demi-heure.

Tellement tu te laisses griser par le feu nourri des applaudissements qui saluent l'entrée de ce couple un peu âgé (quelques minutes avant toi) -qui était là depuis 7h30.

Sauf que là non seulement tu es un peu ailleurs rapport à l'hypoglycémie et à l'hypovolémie qui te guettent mais en plus, dedans, c'est un feu d'articie de couleurs, de matières, d'idées brillantes, de styles qui se cotoient en s'opposant ou en se répondant.

Là haut, c'est l'ordre et le chaos.

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Une expérience multi-sensorielle à laquelle tu ne peux pas être préparé avant d'y entrer.

Il y a d'abord l'odeur grisante des peintures encore fraiches qui te donnent l'impression de pénétrer dans l'atelier de l'artiste alors qu'il vient à peine d'achever son travail (insolite quand on sait que la tour est ouverte au public depuis le 1er octobre déjà).

Ensuite ce sont les oeuvres qui te font tourner la tête. Chaque artiste a choisi d'exploiter les volumes à sa façon. Certains se sont contentés d'exploiter les murs, la plupart a aussi envahi les plafonds et les sols et d'autres encore ont même fait le choix de conserver certains éléments du mobilier afin d'en faire une part de leur installation à proprement parler.

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Concernant la lumière, là encore les choix sont différents.

On entre dans certaines pièces en n'y voyant presque rien si bien qu'il faut quelques minutes à l'oeil pour s'adapter et permettre de deviner puis percevoir complètement les oeuvres présentées (inutile de chercher, ces oeuvres là ce n'est pas avec mon téléphone que je vais pouvoir te les faire partager).

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Dans d'autres pièces, des puits de lumière ont été soigneusement aménagés, laissant filtrer les rayons du soleil de façon à mettre en valeurs certaines parties des oeuvres, un éclairage qui évolue au cours de la journée et contribue donc à rendre les oeuvres un peu vivantes, mouvantes.

Parfois même, les artistes ont choisi d'exploiter les fenêtres pour les fondre aux murs ou au contraire, pour en faire un support privilégié, contrastant, en jouant sur la filtration de la lumière extérieure que le matériau permet.

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On navigue entre les appartements un peu étourdi devant tant d'imagination, devant tant de folie.

Là une installation apocalyptique retient ton attention, ici un agencement hyper-ordonné intégralement graffé attire ton oeil curieux, là un rideau, ici du mobilier revisité, plus loin un mur troué pour ménager deux cavités oculaires vides semblant enflammées grâce aux lumières rougeoyantes astucieusement placées dans la pièce située derrière te ravissent tour à tour. Eblouissement.

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Parmi ces oeuvres en 2D ou en 3D selon les endroits, on s'étourdit devant tant de créativité et de beauté.

Lors de l'entrée dans la tour on pénètre dans un petit espace au rez-de-chaussée, aménagé, puis direction le 9ème étage (par ascenseur) pour découvrir 4 appartements par étage (je ne sais pas si tu réalises la multitude d'oeuvres à découvrir, c'est complètement grisant!).

Certains logements sont fermés mais il s'agit d'une toute petite minorité, la plupart des espaces sont ouverts au public et ont été confiés à des artistes qui se les sont magistralement appropriés.

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La vraie surprise c'est que les caves ont aussi été aménagées. Grâce à de la peinture fluorescente et à un éclairage adapté, tu parcours ainsi, dans le noir quasi-complet, le sous-sol de la tour où des installations ou graphismes ont été préparés.

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J'ai émis de grosses réserves sur le sérieux de l'organisation des visites ici, souviens-toi, après qu'une de mes amies ait vécu une expérience un peu difficile là-bas.

Je ne regrette pas mes mots et les conditions d'accès à l'endroit ne me conviennent toujours pas (même pas un vendeur de gras pour caler les estomacs qui crient famine -mais enfin personne n'a pensé à faire venir le camion qui fume là bas sur les coups de midi) mais force est de constater que la Tour Paris 13 est une expérience à nulle autre comparable.

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Pour qui est -ne serait-ce qu'un peu- attiré par l'art contemporain et le street art en particulier, il est impossible de rester insensible à ce spectacle inédit.

Tu l'auras compris, le message que j'essaie de te faire passer c'est que la Tour Paris 13 c'est un peu the place to be en ce moment.

Si tu ne manques pas de motivation (et de temps), n'hésite pas un instant, file là-bas, tu seras récompensé de tes efforts au delà de tes espérances mais, conseil d'amie, équipe toi.

Si tu peux y aller avec quelqu'un c'est mieux (histoire de vous relayer dans la file de temps en temps, ne serait-ce que pour aller se réchauffer en marchant un peu), prévois de te vêtir chaudement avec plusieurs épaisseurs que tu pourras choisir de superposer si besoin en cas de météo changeante (on constate de gros écarts de température en 8 heures). Pense à prendre un parapluie ou un vêtement imperméable.

Prévois de quoi t'isoler du sol pour t'asseoir sans attraper d'engelures (un magazine fait l'affaire, un petit plaid est idéal et peut servir à réchauffer si besoin).

Prends de quoi manger et boire, il n'y a rien sur place. Rien du tout. Oualou.

Enfin, ultime conseil entendu de la bouche même du gardien qui laisse filtrer les visiteurs lors de l'accès final, il faut venir sur place à 6h du matin. Sans ça, tu auras au moins 6 heures d'attente à affronter. Voilà. Triste réalité.

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Pendant que je me lamentais doucement jeudi dernier, certains m'ont conseillé de laisser tomber arguant qu'il existe une visite virtuelle sur le net. Sans vouloir offenser personne, ça n'a rien à voir. Pour apprécier les volumes, les odeurs, les matérieux, les jeux changeants de lumière, rien ne vaut la visite "réelle". Vraiment, si tu peux te libérer, vas-y sans hésiter!

Retour en photos sur ma visite personnelle, il s'agit d'un choix de mes oeuvres favorites, tu en trouveras d'autres ailleurs notamment sur Instagram (TourParis13):

Bon week-end, lecteur.

XX

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