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Naissance d'une nation

Publié le 27 octobre 2013 par Olivier Walmacq

1865. Lincoln veut abolir l'esclavage entraînant la colère des Blancs. Cela va s'intensifier après la mort du président américain...

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La critique raciste de Borat

S'il y a bien un classique du cinéma qui fait polémique c'est bien Naissance d'une nation de DW Griffith. Un film important pour le Cinéma mondial, mais son ton trop premier degré pour ce qu'il démontre entraînera une révision de bons nombres de cinéphiles, au point d'être considéré comme un film immensément raciste. Autant dire qu'une fresque qui démontre que le Ku Klux Klan fut bénéfique aux USA ne serait certainement pas vu d'un bon oeil dans nos salles actuelles (il fut d'ailleurs censuré à sa sortie dans plusieurs Etats des USA). Même pas sûr qu'il soit disponible en DVD ou tout du moins dans une copie potable en dehors d'internet (j'ai vu le film sur Youtube). Je ne sais pas si en 1915 les Américains étaient suffisamment racistes pour signer un film pareil et le voir aussi massivement, mais en tous cas c'est le sentiment qui ressort de ces 2h40 de métrage.  Naissance d'une nation commence plutôt sérieusement avec la Guerre de Secession. Les Sudistes sont contre l'abolition de l'esclavage initiée par Abraham Lincoln. Ce qui donne lieu à cette bonne vieille guerre entre nordistes et sudistes et surtout du point de vue des Sudistes. Griffith montre l'ampleur de la guerre par plusieurs plans de bataille qui font de Naissance d'une nation une des premières si ce n'est la première fresque du Cinéma.

Beaucoup de plans fixes certes, mais les batailles sont belles et bien présentes et s'avèrent plutôt spectaculaires même de nos jours. Pareil par la suite avec les assauts du Ku Klux Klan habilement mis en scène (malgré le propos) et surtout pour l'époque. Griffith montre de vraies scènes de bataille et le réalisateur est connu pour ne pas faire dans la demi-mesure. Après la mort de Lincoln qui nous est montrée, on suit plus longuement les aventures de Ben Cameron aka Little Colonel avec la jolie Elsie. Pendant ce temps, Griffith nous sort le grand jeu et montre très bien où il veut en venir: les Noirs entrent au pouvoir et mettent en branle les conventions blanches. Ce qui entraîne la corruption et surtout le mal absolu! Si encore le film pouvait se voir comme une pastiche de l'époque post-Secession, mais même pas. Naissance d'une nation est une preuve qu'il ne faut parfois pas opter pour le premier degré, surtout sur un sujet aussi polémique. Pour être gentil, les Noirs sont des méchants très méchants et les Blancs des hommes propres sur eux et très gentils! Je caricature à peine tant le film véhicule cette idéologie pour le moins malsaine et surtout délirante. Un spectateur actuel risque d'hésiter entre rire ou pleurer devant tant de mépris. 

Mieux, Griffith opte par moments pour des blancs grimés en noirs via le cirage! Les gentils noirs ou tout du moins plus ou moins incompétents sont campés par des afro-américains, mais les très méchants sont des blancs grimés. Impossible de ne pas rire devant les maquillages outranciers où l'on remarque très facilement les traces de cirage. Gus est un ancien officier et veut épouser la soeur d'Elsie. Mais comme elle ne veut pas alors il la poursuit et cette dernière saute d'une falaise pour ne pas se faire attraper! Un vrai méchant noir qui en plus est proche d'un violeur! A partir de ce moment, Naissance d'une nation part dans le racisme pur et simple et se complaît dans une propagande pas très fine et franchement ridicule. Suite à cette mort, le gentil Ben part sur le front avec le Ku Klux Klan, cette milice sudiste qui a tant fait du bien pour le peuple ricain, surtout quand il s'agit de dégommer le plus d'afro-américains ou étrangers possible. Le KKK est montré comme un véritable bonheur pour la population blanche et surtout nécessaire. Un portrait vomitif qui sera d'autant plus accentué par le fait que le KKK a repris du poil de la bête grâce au succès du film. Autant dire qu'on s'en serait bien passer. Plus ironique encore, dans un assaut, la musique n'est autre que La chevauchée des walkyries de Wagner, annonçant des années avant la scène de guerre d'Apocalypse now et ironique quand on sait les relations du compositeur avec quelques fascistes. 

Une fresque qui a le mérite d'être épique et techniquement irréprochable (surtout pour l'époque), mais écoeurante de par la propagande qu'il propose.

Note: ?

PS: Voici la première vidéo des 46 proposées en version originale sous-titrée français. Enfin si cela vous tente.


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