Magazine Cinéma

Gravity : Espace, Débris et Montagnes Russes

Par Callahan21

Gravity : Espace, Débris et Montagnes Russes

Pour sa première expédition à bord d’une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l’astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu’il s’agit apparemment d’une banale sortie dans l’espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l’univers. Le silence assourdissant autour d’eux leur indique qu’ils ont perdu tout contact avec la Terre – et la moindre chance d’être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d’autant plus qu’à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d’oxygène qu’il leur reste.

Mais c’est peut-être en s’enfonçant plus loin encore dans l’immensité terrifiante de l’espace qu’ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre…

Lorsque j’étais enfant, l’espace m’a toujours paru un endroit hyper excitant. Lever les yeux vers le ciel étoilé, le soir, était AMHA encore plus extraordinaire que de regarder le plus beau des tableaux, et j’ai toujours trouvé que l’espace était un monde magnifique. Certains d’entre nous, enfants, veulent devenir président de la République (hinhin, s’ils savaient !), dictateur, pilote de formule 1 ou même mafieux. Entre tout ça, être astronaute faisait partie de mes rêves.

Tout ça pour dire tout simplement que chaque film ayant trait à l’espace,

j’l'attends au tournant !

De l’hollywoodien Armaggeddon au merveilleux Apollo 13, on peut dire que tous les films qui parlent de l’espace font, de base, rêver. Donc, petit être manipulable que je suis, l’annonce de la sortie de Gravity m’a bien entendu donné une formidable envie de reprendre une balade dans l’espace.

Comment décrire l’espace ? Comment rendre le mieux compte de cet espace infini, extrême, à des années-lumières de nos besoins pour vivre, que nous tentons d’apprivoiser depuis plusieurs dizaines d’années ? Comment rendre le constant travail d’équilibriste des astronautes, les dangers des vols, les sorties sous oxygène, convaincant et prenant ?

Gravity : Espace, Débris et Montagnes Russes

Pour faire très simple : Alfonso Cuaron l’a fait.

Enfin, il l’a fait…

Il l’a plus que fait. Il a, à mon sens, créé quelque chose d’absolument extraordinaire, le genre de choses que nous voulons tous que le cinéma nous procure : un mélange entre émerveillement, appréhension, plaisir et terreur. Une petite phrase valant mieux qu’un long discours, Gravity est à mon sens un film difficilement critiquable, parce que je n’ai RIEN trouvé à critiquer (et pourtant Dieu sait que je peux être tatillon…). Le film est construit de manière très courte (il dure 1h30), ce qui le rend extrêmement digeste. Il se déroule à 99% du temps dans l’espace orbitaire terrestre, et n’a que deux acteurs tout au long du film : Georges Clooney et Sandra Bullock. Non seulement le faible nombre d’acteurs a dû pour le coup permettre de doper le budget effets spéciaux, mais la créativité de Cuaron aurait permis un tournage dans des sortes de boîtes, garnies de vert pour mieux y incruster l’espace sidéral.

Ce film rend l’espace sidéral mobile, tout en vitesse et en tension. Lorsque Sandra Bullock part en vrille dans l’espace (scène assez longue par ailleurs), le réalisateur fait en sorte que l’on vrille avec elle, que l’on s’inquiète, que l’on angoisse et que l’on se tende, à la recherche d’une main tendue qui arrêterait le supplice. Cette scène scelle le film : on devient Bullock, on respire avec elle, on vrille avec elle, on délire avec elle et l’on lutte avec elle pour survivre.

Parce que ce film n’est pas qu’un film sur l’espace.

Gravity : Espace, Débris et Montagnes Russes

C’est aussi un film de la survie, qui vous fait reprendre conscience de la petitesse de l’être humain dans un univers infini, inhospitalier et pour lequel nous ne sommes pas préparés à survivre. Chaque acte dans ce film peut conduire à la mort. Chaque main tendue, si elle n’agrippe rien, entraine dans l’espace de manière irréversible. Les explosions, les dislocations sont vues de manière quasiment artistiques, dans un silence et une paix qui contraste avec l’affreux de la situation.

C’est enfin un film initiatique. Le personnage de Bullock n’a pas grand goût à la vie, elle n’a pas à proprement parler de raison de vouloir survivre, et va tenter bon an mal an de s’en sortir. C’est aussi la magie de ce film : qui va à travers le personnage principal faire comprendre que la vie est un cadeau et qu’il faut lutter pour la préserver. Le personnage de Clooney est magnifique à ce titre : goguenard, un peu redneck, l’allure du vieil astronaute qui a la besace pleine d’histoires, il est empli de vie et de malice, avec la sagesse folle de celui qui connait l’espace. C’est tout l’atout du grand Georges : réussir à faire se relever Bullock, sans en faire trop dans son jeu, et sans prendre trop de place. Son jeu est subtile, fin, incitant sa coéquipière au « lâcher prise » afin de reprendre sa vie en main (oui, j’adore faire des allégories sur le contenu du film).

Les images sont proprement incroyables. On est dans l’espace, et la 3D apporte un cachet incroyable en vous faisant sentir que vous n’êtes pas dans une salle de cinéma : vous êtes en orbite à des milliers de kilomètres de la terre, vous êtes face à deux astronautes luttant pour leur survie, comme dans une boite scellée qui vous permettrait d’observer le monde sans risques. Ce petit côté « Koh Lanta de l’espace » touche au sublime pendant les temps morts du film, où l’apesanteur, le silence et le temps semblent se distordre, se moduler. La musique est elle-aussi minimaliste (logique, pour un film dans l’espace !) mais très appropriée, réussissant (et Dieu que c’est bon !) à vous faire accrocher à ce personnage, cet avatar humain qui virevolte dans le ciel.

Gravity : Espace, Débris et Montagnes Russes

On comprend l’espace, et on l’aborde sur une modalité très différente des films spatiaux précédents, hormis peut-être Apollo 13 qui, seul, avait fait sentir tout le danger de cet endroit oscillant entre +140 et -150°C.

En bref, bien plus que Les Fils de l’Homme (déjà incroyable en soi), Gravity s’impose comme le chef d’oeuvre d’Alfonso Cuaron ; un chef d’oeuvre long à venir (4 ans de préparation quand même), mais qui mérite de nombreuses louanges sur sa qualité générale.

Parce que parfois citer des statistiques étoffe bien mieux une explication que de longs exemples, il faut égrainer les chiffres : 4.7/5 de moyenne pour les critiques presse de Allociné, 4.3/5 pour les critiques spectateurs (dans les meilleurs films de l’année), un score incroyable de 96/100 sur le site Metacritic.

Comment ça, vous êtes encore là à me lire ? FILEZ-VOIR CE FILM, BON SANG ! Et en 3D s’il vous plait ! Si vous ne l’avez pas vu cette année, vous aurez bel et bien loupé l’un des plus beaux films depuis longtemps, qui collera beaucoup moins bien à une télévision ou à un écran d’ordinateur qu’à une salle de cinéma.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Callahan21 1896 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines