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Notre entretien avec Saint Michel

Publié le 29 octobre 2013 par Chroniquemusicale @chronikmusicale

Saint MichelQuelques jours avant la sortie de leur premier album (au doux nom) Making Love & Climbing encensé par la presse, nous avons rencontré le jeune duo Saint Michel. Confortablement installé dans les locaux parisien de Sony Music, Philippe et Emile ont très gentiment répondu à nos questions…

Pouvez-vous vous présenter pour nos chers lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?

Philippe : Moi c’est Philippe, je chante dans Saint Michel.

Emile : Moi c’est Emile, et je fais de la basse en grande partie. Après on fait tous les deux les guitares, synthés.

Dans votre bio, il est indiqué que vous venez de Versailles, est-ce un élément important ?

Emile : En tout cas c’est important pour le public, c’est important pour les journalistes.

Philippe : En fait je pense que ce sont plus les gens qui le notent. On viendrait de Clermont Ferrand, on mettrait qu’on viendrait de Clermont Ferrand. Après les gens font une distinction parce que c’est Versailles. Je ne sais pas s’il y a beaucoup de bios où on ne donne pas la ville d’origine des musiciens. Il se trouve que Versailles provoque un truc très particulier, parce que c’est tout petit, c’est une ville provinciale et pourtant il y a des artistes majeurs français qui y sont issus. Les gens se disent « pourquoi ? » Cela crée autant d’agacement que d’admiration, c’est à double tranchant.

Vous vous sentez des influences avec les groupes tels que Phoenix, Air ?
Philippe : Pas particulièrement. Ce sont des artistes qu’on respecte. J’aime beaucoup Air, j’aime beaucoup Phoenix, j’aime beaucoup ce genre de musique…

Emile : Et pas parce qu’ils viennent de Versailles ! Mais parce qu’ils font de la bonne musique.

Philippe : Alex Gopher, on travaille avec lui. On ne voit pas d’accointance musicale particulière entre Air et nous. Après on n’est pas toujours les mieux placés pour le savoir. Parfois les gens nous disent « si, il y a une forme de délicatesse, de finesse dans les productions versaillaises ». C’est une musique qui se veut un peu fine, un peu raffinée, un peu recherchée, un peu intellectualisée, un peu cérébrale. Plus qu’une musique qui se revendique ultra efficace, bourrin, genre « boum boum », gros truc dans la gueule et basta. Parce que même Daft Punk qui fait du ultra efficace à renfort de gros kicks et de rythmiques technos, c’est ultra léché dans les détails. Ce n’est pas du David Guetta non plus…

Le nom du groupe vient d’où ?

Philippe : Le nom du groupe ce n’est pas pour la France, c’est pour le reste du monde. On a l’impression qu’en France les gens ont du mal à comprendre pourquoi on s’appelle Saint Michel…

C’est pour le Mont-Saint-Michel ?

Philippe : Ce n’est pas vraiment le Mont, c’est juste la légende de Saint Michel qui a terrassé le dragon, ça nous a parlé. On s’est dit qu’on aimait ça, cette idée de volonté, cette idée d’ambition, cette idée de guerrier, cette idée de conquête. On ne veut faire de mal à personne, mais on veut envahir la terre entière. Donc ça nous parle.

Sur la préparation du disque, comment vous vous êtes répartis les rôles, qui écrit, qui compose ?

Philippe : J’écris la musique, et je viens avec des embryions que je propose et que je fais écouter à Emile, sur lesquels je travaille et avance plus ou moins tout seul. Après il y a l’idée de faire écouter ces choses là à Emile. On sélectionne ensemble les choses qui nous parlent, qui nous inspirent.

Emile : Ca, ça me plait, ça, ça me plait moins

Philippe : C’est assez instinctif. On se met à travailler sur ce qui parle le plus. On avance comme ça.

Comment s’est faite la rencontre avec Alex Gopher ?

Philippe : Ca s’est fait de manière très naturelle. C’est notre producteur qui a rencontré Alex dans une pizzeria, parce qu’il travaille dans le même arrondissement, il avait nos démos sous le coude qu’il a filées à Alex. Alex a simplement rappelé en disant : « c’est cool ce truc ! je suis intéressé pour bosser dessus ». Mais ce n’est pas quelqu’un qu’on connaissait avant. Même en faisant le projet à Versailles, nous n’étions pas connectés au réseau versaillais.

Et la rencontre avec votre label Columbia ?

Emile : La rencontre avec Columbia s’est faite pas nos producteurs, nos éditeurs qui bossent avec nous depuis quasiment le début du projet. C’était l’année dernière, on avait plusieurs propositions de plusieurs labels différents suite au premier EP I Love Japan. On a décidé de le faire avec eux pour plusieurs raisons.

Philippe : Pour plein de raisons. Il y a un mélange de feeling perso, un truc d’équipe, à savoir qui travaille dedans, qui travaille à la promo, qui travaille au marketing… Ce ne sont pas des raisons très musicales, plus business. Ce n’est pas forcément très glamour d’en parler. Après ça reste un choix important de sentir l’équipe avec laquelle tu vas pouvoir faire le mieux ton travail. Donc tu fais la tournée des popotes, tu te montres à tout le monde, tu te toilettes pour être le plus joli possible, pour être le plus vendeur possible… Après c’est un truc un peu d’enchères, chacun dit « ça nous intéresse », tu fais le tour de table et tu choisis.

On est très content d’être à la Columbia. Je suis très fier d’être à la Columbia. De la même manière on est très content d’avoir fait jouer John Helliwel le saxo de Supertramp sur notre album. Je suis content d’être dans un vieux label mythique.

Emile : Un label qui a une vraie histoire

Philippe : Le seul autre label qui m’aurait parlé c’est Parlophone EMI, car c’est les Beatles, Radiohead. Là aussi j’aurais fait OK, rien à dire, respect ! Columbia c’est aussi Bob Dylan, Michael Jackson, Jeff Buckley. Une fois que j’ai sorti ça, je n’ai plus rien à dire, j’ai même une pression monstrueuse, et je me dis « ouah ».

Certains jours je montais à l’étage pour dire bonjour à l’équipe, il y a des photos des artistes, je suis tombé nez à nez avec Jeff Buckley qui était là au coin du couloir en train de me regarder, et là j’ai pris une claque. Parce que j’adore Jeff Buckley, pour moi c’est une sorte d’ange, un mec magique touché par la grâce, disparu trop tôt qui était traversé par quelque chose. Quand il ouvre sa bouche il y a une espèce de chant de sirène qui sort, c’est complètement envoûtant, c’est incroyable. Le mec a une tessiture de fou, il dégage une émotion, c’est vraiment terrible pour moi. Et là, j’étais en train d’halluciner, tu sors ton album et tu es dans la même maison de disque que ce gars là qui est pour moi une sorte d’idole, de légende. On est très fiers d’être à la Columbia.

Qu’est-ce qu’on trouve dans votre premier album Making Love & Climbing ?

Emile : On y trouve plein de choses différentes. On a voulu montrer plus de choses que sur les EPs, explorer d’autres facettes de ce qu’on a envie de montrer aux gens, tout en gardant ce qui faisait Saint Michel sur les premiers EPs.

Philippe : Franchement on y trouve un album de pop. Pour nous c’est de la pop music, on n’est pas un duo de djs. Les gens ont tendance à faire l’amalgame entre de la pop électro, qui va être une sous catégorie de la pop parce qu’il y a des synthés dedans et des boites à rythmes, et l’électro. Nous, c’est un album de pop, un album de chansons qui racontent des histoires. Des histoires de mecs, des histoires de filles, des histoires de relations amoureuses. Du coup on a essayé de proposer quelque chose d’assez ouvert, assez dense. On n’a pas voulu se restreindre sur une couleur musicale. C’est important pour nous de présenter de vraies chansons, avec cet habillage électro et de passer par différentes couleurs.

Là où le EP est assez solaire et naïf, dans l’album on est allé chercher des choses plus sombres, plus intérieures, des choses plus profondes. On a osé, car on aurait pu rester dans la droite ligner du EP, faire le prolongement du EP, on a osé élargir le débat là-dessus. Ca nous paraissait intéressant de montrer des choses plus opaques, plus sombres, plus intérieurs.

Du coup ça navigue entre ces titres qui vont être plus profonds jusqu’à des titres qui vont rester très naïfs, très innocents. Parfois on se moque un peu de nous, on s’amuse, on se traite mutuellement de Bisounours parce qu’on recherche toujours des choses délicates, des choses douces, des choses légères. On aime bien que chaque truc soit à sa place. On est encore très loin d’avoir envie de faire un album de punk, garage, noisy, un truc très brut, dur pour l’oreille, on n’a pas envie de ça. Il faut qu’il y ait un coté dolce vita dans ce qu’on fait.

Du romantisme également ?

Philippe : Oui, du romantisme, de la douceur, de la légèreté. Par contre cela ne nous empêche pas d’aller vers des territoires sombres, opaques, ça ne nous empêche pas de cacher l’information, de créer une sorte de trouble, de troubler la lecture. Mais d’être toujours dans quelque chose de maîtrisé.

A quelques jours de la sortie de l’album (le 21/10/2013), comment êtes-vous ? Impatients, stressés ?

Emile : Cela fait un an qu’on attend cette sortie, donc là, savoir que c’est dans quelques jours, pour nous ça fait plusieurs semaines, plusieurs mois que l’album est fini. La notion de temps est bizarre. Pour les gens, ils vont voir débarquer ça, ça va être complètement nouveau pour eux, alors que pour nous, cela fait plus d’un an qu’on est là-dessus. Je n’arrive pas trop à appréhender le truc. Ca ne me fait pas stresser, mais en même temps…

Philippe : C’est très dur à décrire. Comme en plus c’est notre premier album, on n’a pas de point de comparaison.

Il y a déjà de beaux articles sur vous, dans Madame Figaro, Les Inrocks …

Philippe : C’est cool. On est soutenu globalement et déjà reconnu ou apprécié pour une partie du travail qu’on a pu faire. C’est hyper satisfaisant, mais ça reste une énorme inconnue. On n’arrive pas à se projeter. On peut imaginer des scénarios où les choses se passent bien, où les choses se passent moins bien, on se doute que c’est entre ces deux bornes là que va se trouver la réalité.

Merci !


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