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Losers magnifiques ?

Par Borokoff

A propos de Prince of Texas de David Gordon Green ★★☆☆☆

Emile Hirsch, Paul Rudd - Prince of Texas de David Gordon Green - Borokoff / Blog de critique cinéma

Emile Hirsch, Paul Rudd ou l’inverse

Eté 1988. Alvin (Paul Rudd) et son beau-frère Lance (Emile Hirsch) travaillent ensemble au marquage d’une route zigzaguant entre des paysages de forêts dévastées par les immenses feux de l’année précédente. A l’opposé dans leur caractère, Alvin et Lance vont néanmoins bientôt se rapprocher, réunis par les circonstances de leur solitude, par leur goût pour la nature mais aussi pour l’échec voire une certaine forme de désenchantement…

Remake d’un film islandais de Hafsteinn Gunnar Sigurðsson, sorti en 2011 mais inédit en France, Prince of Texas (traduction inutilement modifiée du titre original, Prince Avalanche) est un film qui regorge de bons sentiments et de bienveillance.

Paul Rudd - Prince of Texas de David Gordon Green - Borokoff / Blog de critique cinéma

Paul Rudd

Le film écrit et réalisé par David Gordon Green décrit la trajectoire aléatoire et fluctuante de deux pieds nickelés alors qu’Alvin, très sûr et fier de lui, ne s’en rend pas compte au départ.

Lance (Hirsch, l’inoubliable acteur d’Into The Wild) est un jeune homme un brin impulsif et exubérant mais qui manque de confiance en lui. Son embonpoint cache un certain mal-être en lui et les récits de ses déconvenues sentimentales confirment son immaturité. Plus âgé que son comparse, Alvin au contraire, donne l’apparence d’être un homme équilibré et amoureux. Un brin « moraliste » voire ennuyeux, il s’érige en donneur de leçon voire en père de substitut pour un Lance rapidement échaudé. Pourtant, lorsqu’il se fait larguer sans ménagement par lettre, le monde d’Alvin s’écroule en même temps que toutes ses convictions sur la vie et sur l’amour.

Emile Hirsch, Paul Rudd - Prince of Texas de David Gordon Green - Borokoff / Blog de critique cinéma

Après s’être violemment disputés, les deux compères de « loose » se rapprochent, et comme s’ils attendaient un miracle, s’adonnent à de joyeuses beuveries, seuls au milieu de nulle part, perdus entre les arbres calcinées du Texas, métaphore parfaite de leurs amours déchus, de leur errance voire de leur désespoir.

C’est sans doute la dimension philosophique de Prince of Texas qui est la part la plus intéressante car, derrière l’attention du réalisateur portée à ses personnages et à la nature, le film souffre de ses répétitions et de ses redites, d’un certain manque de tension dans sa mise en scène et de longueurs.

Emile Hirsch - Prince of Texas de David Gordon Green - Borokoff / Blog de critique cinéma

Emile Hirsch

Cette dimension philosophique est liée à l’absurde. Ou plutôt à l’absurdité de l’attente. Lance et Alvin semblent constamment attendre dans cette forêt. Mais attendre quoi au juste ? Godot ? Sont-ils deux idiots paumés et grotesques mais touchants comme le rat géant et le panda en peluche du film Le Droit chemin (1983), petit bijou des artistes suisses Fischli & Weiss.

L’histoire de Prince of Texas fait aussi penser au merveilleux livre de Javier Tomeo, La nuit du loup, où deux types se retrouvent un soir coincés en pleine forêt après qu’ils se soient donné la même blessure à la cheville. Leurs discussions d’abord sans intérêt et distantes deviennent de plus en plus profondes et précises derrière leur apparente superficialité.

C’est un peu l’idée de Prince of Texas même si la mise en scène aurait pu être beaucoup plus enlevée. Deux personnages que tout oppose et qui n’ont rien à se dire vont bientôt se rapprocher, poussés par les circonstances de leur isolement dans la nature. Seul hic, c’est que la réalisation, trop dispersée (omniprésence des compositions, au piano notamment, du groupe Explosions in the Sky), trop distendue, trop soucieuse de sa bienveillance n’est pas assez au rendez-vous de ce duo de marginaux qui aurait pu être épique mais qui manque de sel et d’enjeux au final. Les liens qui vont bientôt les unir auraient dû être beaucoup plus approfondis comme leur amitié, teinté de misère, émouvante au final. Dommage car rien à dire du côté du jeu des acteurs et de leur entente. Deux acolytes irréprochables, quant à eux…

http://www.youtube.com/watch?v=yWQhGVn_bG8

Film américain de David Gordon Green, Emile Hirsch, Paul Rudd, Joyce Payne… (01 h 34)

Scénario de David Gordon Green d’après le film de Hafsteinn Gunnar Sigurðsson  : 

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Mise en scène : 

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Acteurs : 

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Compositions originales du groupe Explosions in the Sky

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