Otages au Niger : difficile d’imaginer une libération sans contrepartie" border="0" title="POLITIQUE > Otages au Niger : difficile d’imaginer une libération sans contrepartie" />
De gauche à droite, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, le président François Hollande et le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, entourés des otages libérés au Niger, le 30 octobre 2013 à Villacoublay. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)
Officiellement la France ne paye pas de rançon pour libérer ses otages. Mais après la joie, l’émotion de leur libération, des questions s’imposent.
Dès hier soir, après l’annonce de la libération des otages au Niger, le Ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius a voulu couper court aux rumeurs de rançon : "La doctrine immuable du président de la république, c’est qu’on ne verse pas de rançon".Jean-Yves Le Drian a également démenti tout paiement : "On ne joue pas à cela", a-t’il déclaré sur France2. Le ministre de la Défense a assuré que les otages avaient été récupérés en territoire nigérien par les hélicoptères de l’armée locale.
Le gouvernement français nie donc fermement avoir versé la moindre rançon pour libérer les otages et impute celle-ci aux efforts du président du Niger, Mahamadou Issoufou.Une thèse qui ne tient pas selon Dorothée Moisan, journaliste à l’AFP et auteur de Rançons : enquête sur le business des otages (Fayard) : "Cela fait dix ans qu’Aqmi enlève des otages occidentaux, dans le but de récupérer des rançons pour mener ses opérations au Sahel", explique la journaliste à France-Inter et France3. Elle rappelle qu’une rançon de €12,5M avait été versée par AREVA et Vinci pour la libération des trois premiers otages dont Françoise Larribe en 2011.
AREVA aurait payé - Une thèse confirmée par Jean-Charles Brisard, spécialiste du terrorisme interrogée par BFM TV. "Il est illusoire de croire que l’on puisse obtenir la libération d’otages, sans aucune contrepartie, [notamment car] les intermédiaires qui agissent sur le terrain doivent être rémunérés pour leur action".
Selon le quotidien Le Parisien, "AREVA a fait passer au gouvernement un message explicite indiquant son intention de payer pour obtenir la libération de ses quatre salariés. Une somme qui se chiffre en millions d’euros. Mais qui ne sera sans doute jamais dévoilé."Une source française, connaissant les détails de cette opération, citée par Le Monde, affirme que des membres de la DGSE ont remis le 20 octobre en "contrepartie" à la libération des otages, "plus d’une vingtaine de millions d’euros".Enfin selon l’AFP, une source proche des négociateurs nigériens parle d’une rançon de 20 à 25 millions d’euros.
Pas d’argent public mais… même si Paris cache le contraire afin de ne pas susciter d’autres tentatives d’enlèvement, on ne peut imaginer cette libération sans contrepartie. Qu’elles soient financières ou diplomatiques.Interrogé hier soir sur le plateau du 20 h de TF1, Laurent Fabius a d’ailleurs indiqué qu’aucun "argent public" n’avait été versé, sans se prononcer toutefois sur les versements d’argent d’un groupe privé, ni sur d’éventuelles conversions religieuses...F/G