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Sâdhu - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

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Un très beau voyage spirituel !

Gaël Métroz, réalisateur de documentaire fasciné par l'Asie, a vécu un pèlerinage de 18 mois, aux cotés de Suraj Baba, un sâdhu, autrement dit un sage indou ayant consacré sa vie à la recherche spirituelle, retiré du monde. Le film retranscrit-il l'émotion spirituelle de ce moment unique ?
Sadhu-Photo-01Le(s) plus

Gaël Métroz a réellement vécu 18 mois à la manière de Suraj Baba, à marcher 10 kilomètres par jour. Ce choix radical de le suivre dans ses choix quotidiens a fait naitre une vraie relation entre eux, et après quelques minutes étranges et mystiques, on découvre un homme comme les autres, en recherche.
Loin des clichés de l'homme en toge orange qui passerait ses journées à méditer, on découvre un tout autre aspect de cette foi indou, avec ce sâdhu qui fait le choix de l'humilité, et de la quête perpétuelle de la vérité, au détriment des certitudes spirituelles.
Ce portrait est accessible à tous car cet homme ne cherche jamais à imposer un message violent et figé, mais au contraire se questionne en permanence, et se révèle ainsi très moderne, et même occidental sur certains aspects.

Suraj Baba a vécu 9 ans seul dans une grotte, et se révèle être un homme touchant et profond. Chacune des rencontres, et particulièrement lorsqu'il rencontre des gens « normaux » est très touchante, car on devine en même temps sa gène à retrouver la société, et en même temps la redécouverte des plaisirs de la présence humaine, et des vrais repas. Il communique une vraie présence à la caméra, et une grande humilité se dégage de lui.

La structure du documentaire est très minimaliste. Gaël Métroz a fait le choix de se couper au montage, et de ne garder que les mots de Suraj Baba. On pourrait penser que ce choix porte préjudice au film, mais au contraire, ce dispositif convient parfaitement pour cet homme qui se livre à la caméra : on imagine que c'est la forme qu'a réellement dû prendre leur dialogue sur place, le cinéaste étant plus là pour être ami et confident que débatteur ou contradicteur.
On ressent d'ailleurs une vraie évolution de cette relation au cours du film. En choisissant une narration linéaire, qui suivrait le tracé du pèlerinage, le réalisateur respecte la vérité de leur expérience, et donne à cette relation une épaisseur supplémentaire, par cette progression dans les questionnements du sâdhu.

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Le film s'avère de plus être un authentique et beau film de pèlerinage, mettant en valeur la nature indienne, et la petitesse des hommes. Le montage est particulièrement efficace, alternant avec une certaine efficacité les situations diverses que rencontre le sâdhu, et créant réellement dans certains passages une émotion étrange, par la lenteur de certains passages, et l'insistance sur certaines actions de méditation ou d'incantations.

La musique joue un grand rôle dans le film, puisque Suraj Baba compose sa propre musique, en anglais. Grâce à un mixage très réussi, le film mélange la voix et l'instrumentalisation sommaire du sâdhu sur place, avec les guitares de plusieurs musiciens, pour créer des séquences où finalement, il révèle de façon un peu anecdotique une grande partie de ses questionnements.

Le(s) moins

Malheureusement, certaines séquences peuvent, mais c'est souvent le cas dans les documentaires, sembler longues. C'est particulièrement le cas pour certaines séquences de méditation ou de marche, qui seront difficilement accessibles à certains spectateurs, qui sont peu familiarisés avec la foi.

En outre, le film s'avère décevant sur certains points qu'il n'approfondit pas, comme le passage au Tibet bouddhiste, mais cela est sans doute dû aux aléas du tournage.
De plus, Gaël Métroz semble s'être rendu en Inde à la recherche d'un certain type de Sâdhu, spirituel et discret, ce qui a pu favoriser son choix de suivre Suraj Baba après leur rencontre de hasard. Mais on n'a pas l'impression qu'il corresponde forcément à la majorité des Sâdhus. Cela est sans doute dû aux clichés, que le cinéaste a souhaité dissiper, mais le passage à Kumbha Mela nous en fait douter.

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Conclusion

Gaël Métroz signe un documentaire de cœur.
Avec un respect total de l'individu et de son expérience, il signe un film qui, certes éclipse sûrement de nombreux aspects de ces hommes solitaires, mais met en valeur un vrai destin humain et spirituel, et réussit à nous toucher.

Ma note: 8/10


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Sâdhu

Réalisé par: Gael Metroz.
Avec: Suraj Baba.
Genre: Documentaire.
Nationalité: Suisse.
Distributeur: Urban Distribution.
Durée: 1h33min.
Date de sortie: 6 novembre 2013.


Synopsis :
"ll y a 8 ans, Suraj Baba s'est retiré du monde pour devenir un sâdhu, un ermite isolé dans une grotte au coeur de lʼHimalaya.
Tous les 12 ans, la Kumbha Mela réunit plus de 70 millions de pèlerins. Suraj y assiste pour la première fois. Quand il découvre ce qui ressemble plus à une foire commerciale quʼà un rassemblement spirituel, sa foi est ébranlée.
Doit-il s'efforcer d'être un saint homme ou juste un homme bien ?"

  • Bande annonce

  • Les Anecdotes !


    Le terme "sâdhu" vient du sanskrit qui signifie "homme de bien, Saint Homme". Le sâdhu doit alors faire vœux de pauvreté et de chasteté. Ce personnage est une figure mythique de l'Inde, représentant à la fois la philosophie et le rejet des biens matériels au profit de la spiritualité.

    Pendant leur quête d'eux-mêmes et pour se détacher des souffrances physiques qui rendent l'homme vulnérable, les sâdhus s'imposent de multiples mortifications comme se coucher sur des lits de clous, se tenir sur une seule jambe, garder le silence ou l'immobilité... Ils ne se retirent de leur lieu de méditation qu'une fois tous les douze ans pour assister à la "Kumbha Mela", un pèlerinage hindou où plusieurs dizaines de millions de sâdhus se réunissent.

    L'intérêt de Gaël Métroz pour les sâdhus remonte à 2008, alors qu'il était sur la réalisation de son premier long-métrage documentaire : Nomad's Land – Sur les traces de Nicolas Bouvier. Ces personnages n'y font qu'une brève apparition mais c'est au moment de la postproduction du film que le cinéaste a voulu porter son prochain long sur l'un d'entre eux.

    Gaël Métroz a passé près de trois mois pour trouver celui qui incarnerait le personnage principal de Sâdhu. Suraj Baba a été retenu pour son originalité. Celui-ci a chamboulé le mythe du sâdhu que Métroz s'était construit. C'est l'anticonformisme du saint, notamment son attrait pour l'art occidental comme la musique rock ou les philosophies platoniciennes, qui a plu au réalisateur.

    Le protagoniste de Sâdhu est Suraj Baba. Cet indien, issu d'une famille aisée, a tout quitté pour mener une vie de retranchée et se consacrer à la méditation. Il vivait depuis huit ans dans une grotte à 3200 mètres dans l'Himalaya lorsque Gaël Métroz l'a rencontré. Muré dans son mutisme pendant près d'une décennie, il a fallu plusieurs jours avant que le sâdhu ne puisse parler.

    Le tournage de Sâdhu a duré 18 mois entre les plaines du bord du Gange en Inde, à travers les cols de l'Himalaya puis au Nord-Est du Népal pour se diriger vers le Tibet.

    La musique a été composée en deux semaines dans le canton du Valais natal du réalisateur. Un joueur de sitar prénommé Orindam, rencontré pendant le tournage, a insufflé les premières notes musicales du documentaire. Deux musiciens rock se sont ajoutés par la suite, Stéphane Montangéro et Florian Alter, pour les sonorités occidentales.

Et vous qu'avez-vous pensé du film Sâdhu ?

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