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Patrick Dewaere, une vie, de Christophe Carrière

Par Filou49 @blog_bazart
04 novembre 2013

 Après un ode à Pierre Richard ce matin, j'ai envie de vous parler d'un autre comédien français, star des années 70, Patrick Dewaere, qui n'a hélas pas connu la même destinée que l'acteur du Grand Blond. Ici ce n'est pas par le biais du Festival Lumière, mais par le biais d'une excellente autobigraphie dont je vous livre mon analyse ci dessous:

dewaere

La meilleure façon de marcher de Claude Miller, Les Valseuses de Bertrand Blier, Série Noire d'Alain Corneau, ou  bien encore Coup de tête de Jean-Jacques Annaud  ou Un mauvais fils de Claude Sautet : voilà (au moins) cinq des chefs d'oeuvre vus pendant mon adolescence qui m'ont convaincu que Patrick Dewaere était un comédien absolument unique en son genre, le genre d'acteurs qui semblaient jouer sa vie sur un plateau, et dont le coté écorché vif et tourmenté imprimait terriblement la pellicule. Comme tout le monde le sait, Dewaere a décidé de s'éclipser le 16 juillet 1982, d'une balle dans la tête,  à  seulement 35 balais.

Pourtant c'est peu de dire que Patrick Dewaere est toujours là, bien présent dans l'imaginaire et la mémoire d'un grand nombre de cinéphiles. Pour ma part, mon père en était dingue et m'a inculqué le virus Dewaere, et si j'ai vu depuis je pense, la quasi totalité de ses films ( doit me manquer le dernier, Paradis pour Tous D'alain Jessua, bof), je n'avais pas encore eu l'occasion de lire une biographie sur l'acteur.

C'est désormais chose faite avec une biographie publiée l'an passé aux éditions Balland, intitulé tout simplement Patrick Dewaere, Une vie, et qui est l'oeuvre de Christophe Carrière, ancien journaliste à Première, maintenant à l'Express et chroniqueur à la dispensable émission de Cyril Hanouna, Touche pas à mon poste.

Bien que le livre commence par une révélation très  intime et bien glauque  que j'ignorais totalement  (on y apprend que Patrick Dewaere a subi des abus sexuels dans son enfance, et pour l'auteur cette blessure profonde a contribué à le pousser de plus en plus au fond, jusqu'à commettre l'irréparable), cette énième nouvelle biographie de Dewaere qui fascine une bonne partie des cinéphiles n'est assurément pas un livre polémique et racoleur pour cet acteur culte, pour toutes les générations à venir qui l'ont érigé ensuite comme un modèle.

Christophe Carrièrenous  livre ici un portrait très sensible et vraiment lumineux de cet acteur si tourmenté et si habité par ses rôles.

PatrickDewaere

On y apprend notamment que sa période d'apprentissage du milieu d'acteur au Café de la Gare va être pour lui la meilleure période de sa vie, faites d'improvisations, de liberté sentimentales et sexuelles,  puis j'ai su aussi comment Bertrand Blier lui a offert la notoriété avec Les Valseuses.  Mais le livre nous dévoile également, comme le titre l'indique,  beaucoup de sa vie, de  ses amitiés (Henri Guybet, Coluche, avec qui il nouera une relation ambigue...), ses amours ( Miou Miou, Sotha, Elsa...)  à sa dépendance à la drogue, sa soif de reconnaissance, le mépris affiché par un certain milieu du cinéma et son quasi-bannissement médiatique par l'hyper-corporatiste monde du journalisme, suite à une agression de Dewaere à l'encontre d'un journaliste du Journal du Dimanche qui aura trahi sa confiance.

 Mais si sa vie privée est largement évoquée, ce n' est jamais par désir de "peopolisation", mais toujours dans un souci de Christophe Carrière d'illustrer l'artiste et sa carrière, en restant toujours à la frontière du voyeurisme ou même de la simple indiscrétion. 

Dewaere était peu reconnu par les critiques de l’époque, il n’a notamment  jamais obtenu de récompenses, alors qu’il désirait tant la reconnaissance de ses pairs) et ce n'est qu'après sa mort que Dewaere fut décreté acteur culte. On comprend mieux à la lecture de cette passionnante biographie urs de Patrick Dewaere est vraiment touchant.

En bonus, un extrait de Patrick Dewaere, dans Beau Père,  un de ses films les plus méconnus, et pourtant  tout aussi formidable à mes yeux que les films dont j'ai parlé au début.

Patrick Dewaere dans Beau-Père (1981)


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