Magazine Culture

Grand Navires de Croisière : l’accord du 5 novembre 2013

Publié le 06 novembre 2013 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Une réunion s’est tenue à Rome, pour sceller définitivement le problème des Grands Navires de Croisières à Venise. Cette réunion était présidée par le Premier ministre, Enrico Letta, en présence des ministres concernés, de l’Infrastructure, Maurizio Lupi, de l’Environnement, Andrea Orlando, du Patrimoine et de la Culture et du Tourisme, Massimo Bray, ainsi que du secrétaire du Premier ministre, Filippo Patroni Griffi, du secrétaire général du Palazzo Chigi, Roberto Garofoli, du Président de la Région de la Vénétie Luca Zaia, du maire de Venise, Giorgio Orsoni, et du président du Port de Venise, Paolo Costa.

Ce matin, tous les journaux publient de grands articles triomphaux soulignant un accord historique.

51113_01

51113_02

51113_03

51113_04

51113_05

Que dit exactement cet accord présenté et signé à Rome le 5 novembre 2013.

A partir du 1er Novembre 2014, le passage des navires de croisière supérieur à 96.000 tonnes brutes sera interdit dans le bassin de San Marco et le canal de la Giudecca.

Ceci reste, déjà, une grave exception à la loi Clini-Passera votée après la catastrophe du Costa Concordia, qui limitait à 40 000 tonneaux l’accès des navires à l’intérieur de la lagune de Venise. Pour mémoire, le Titanic jaugeait 46 000 tonneaux.

En clair, cela signifie qu’un navire comme le MV Zenith, 47 255 tonneaux, qui avait été victime d’une grave avarie suite à un incendie au large de Choggia, pourra continuer à passer dans Saint-Marc (ce paquebot à récemment été "racheté" par la compagnie Croisières de France à l’opérateur espagnol de croisière Pullmantur Cruises, toutes deux étant des filiales de la Royal Caribbean International, et donc propriétés de Micky Arison – en réalité, le bateau ne change pas de propriétaire).

Zenith

Le monstrueux Disney Magic navire de croisière de la Disney Cruise Line, opérateur de croisière de la Walt Disney Company, construit dans le chantier naval de Fincantieri de Marghera et immatriculé sous pavillon de complaisance aux Bahamas pourra également transiter par le canal de la Giudecca car il ne jauge "que" 83 300 tonneaux.

L’accident de navigation qui provoquerait d’irrémédiables dégâts sur la ville, ses monuments et ses habitant-e-s n’est donc pas définitivement écarté, et tôt ou tard cet accident surviendra, catastrophe évitable dont les élus responsables de cet "accord historique" porteront alors le poids sur leurs seules épaules.

DisneyMagic

Et déjà, ce premier point fait des mécontents, puisque Massimo Bernardo a immédiatement réagit pour le groupe de pression VeneziaCruise en prétendant que "C’est une limite irrationnelle, qui aurait pu être portée au moins à 110.000 tonnes, dénuée de tout fondement scientifique et qui finira par provoquer la faillite du port de Venise".

Dans le communiqué de presse de l’Etat Italien, on peut lire :

- Il porto croceristico di Venezia è e resta la Marittima;
– La si raggiunge scavando il Contorta Sant’Angelo che è l’unica opzione sposata dal Governo;
– Anche Porto Marghera sarà in futuro un altro approdo croceristico;

Il a été décidé une réduction du stationnement maximal quotidien (pas plus de 5 navires de croisière avec un tonnage supérieur à 40.000 tonnes) et la concentration des arrivées et des départs au lever et au coucher du soleil .

Ce qui signifie que les grands navires de croisière seront toujours présents, mais qu’on va s’efforcer qu’il y ait moins de témoins (gênants?) de leur passage et de leur présence. La loi Clini-Passera ne s’appliquera donc pas à la lagune de Venise, et la cité lagunaire sera toujours mise en danger, non plus par un probable accident direct, mais par les courants provoqués par la navigation des paquebots dans la lagune qui va continuer à saper les fondations de la ville, et, à plus ou moins long terme, provoquer son effondrement et sa disparition.

Pour les navires de plus de 98 000 tonnes, le port de la Maritima est maintenu en service, le canal Contorta Sant’Angelo sera creusé plus profondément pour permettre leur passage.

C’est ce que demandait Paolo Costa, président de l’Autorité Portuaire de Venise, qui a déclaré : "Ottima giornata per Venezia e il suo porto".

Un nouveau port de croisière sera aménagé à Marghera pour accueillir d’autres navires.

C’est le projet que soutenait Giorgio Orsoni, maire de Venise, qui a publié un communiqué de presse commençant par "Finalmente un primo stop al gigantismo in laguna…"

Du coup, autant Orsoni que Costa crient victoire, puisque chacun a vu son projet validé par le gouvernement.

51113_00

En bleu : le parcours actuel qui sera maintenu pour les paquebots de moins de 98000 tonnes.
En jaune: le parcours vers le nouveau port Orsoni de Marghera
En pointillé: le creusement du canal pour permettre l’accès de tous les navires au port Costa de la Maritima.

Mais il suffit d’être un simple citoyen et de savoir compter pour comprendre que du coup, ce sont les pires choix possibles qui ont été fait et ce sont ces choix qui réjouissent ceux qui ont l’avenir de la lagune entre leur mains.

En effet, à terme, nous aurons donc DEUX PORTS dans la lagune, ce qui signifie que les énormes paquebots de croisière pourront venir encore plus nombreux et transporter encore plus de touristes qui viendront encombrer les installations et les équipements lagunaires (gare, aéroport, transports public, sans compter la pollution des navires et la gestion des déchets).

D’ailleurs, les industriels du florissant tourisme de croisière pour les masses populaires ne s’inquiètent pas beaucoup des conséquences de cet accord, comme on peut le voir dans un article paru sur Mer et Marine : L’Italie va restreindre le transit des paquebots à Venise.

On peut y lire que la limitation de jauge ne touche en fait qu’une petite partie de la flotte, puisqu’elle permet encore à des navires imposants, comme les unités de la classe MSC Musica (293.8 mètres, 93.300 GT, 1275 cabines), Costa Luminosa (294 mètres, 92.600 GT, 1130 cabines) ou Norwegian Jade (295 mètres, 93.500 GT, 1188 cabines) d’emprunter le canal de la Giudecca.

Pour mémoire, le port de Venise a accueilli, l’an dernier, plus de 650 escales de navires de croisière, avec plus de 2 millions de passagers. Les compagnies se servent notamment de ce port comme tête de ligne pour les croisières en Adriatique et vers la Grèce.

La décision du gouvernement de restreindre la navigation dans le canal de la Giudecca ne devrait, pour autant, pas avoir d’impact sur l’activité croisière, qui n’a cessé de croître ces dernières années à Venise. A l’instar des ferries, les plus gros paquebots pourront, en effet, contourner la ville en longeant l’île de la Giudecca afin de rejoindre le terminal croisière.

51113_06

Et en attendant le mois de novembre 2014?

Les travaux du MOSE dans la passe du Lido, vont obliger une pause dans la navigation. De Novembre 2013 à Avril 2014 aucune navigation ne sera possible, et les paquebots de croisière devront transiter par le canale dei Petroli pour accoster à Marghera. Les organisateurs de voyages se plaignent déjà d’un important préjudice alors que c’est la basse saison et que peu de navires prennent la mer sous nos latitudes, les bateaux étant presque tous dans les mers du sud en cette saison. Mais c’est une bonne occasion pour ces escrocs du tourisme de masse pour tenter d’obtenir des aides payées par nos impôts.

A partir de Janvier 2014 le transit des ferries sera interdit dans le canal de la Giudecca, ce qui entraîne une réduction de 25% des transits en face de San Marco et 50% des émissions polluantes.

D’avril à novembre 2014 réduction de 20% (par rapport à 2012) des navires de plus de 40 mille tonnes. 

Pour la plus grande majorité des vénitien-e-s cet accord n’est nullement une victoire, mais simplement un premier pas en avant. Ils restent 33% à demander que les grands paquebots de croisière soient accueillis dans un port à l’extérieur de la lagune.

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) persiste dans sa demande au gouvernement italien de limiter l’accès des grands navires de croisière dans les zones importantes sur le plan culturel et écologique, notamment dans Venise et sa lagune, fréquentée par près de 300 grands navires de croisière chaque année.

Dans une lettre envoyée au ministre italien de l’Environnement, au nom de la Directrice générale, Irina Bokova, le Sous-Directeur général de l’UNESCO pour la Culture, Francesco Bandarin, écrit que "le tragique accident du Costa Concordia le 13 janvier 2013 renforce l’inquiétude quant aux risques que font peser les grands navires de croisière sur certains sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, notamment Venise et sa lagune et le Bassin de Saint-Marc".

Les divers comités de protection de la nature et de défense de la qualité de vie, ainsi que les associations de défense de la culture et du patrimoine de Venise seront très attentifs sur les impacts du creusement du canal Contorta Sant’Angelo. D’autre part, le projet qui cumule les deux option est clairement une victoire des croisiéristes qu dépends de l’équilibre de l’éco-système lagunaire et un grand danger pour l’avenir ainsi que l’a déjà dénoncé le Comitato No Grandi Navi :

Così non avremo solo il terminal crociere in Marittima con lo scavo del Canale Contorta Sant’Angelo, oppure il nuovo terminal crociere a Porto Marghera. No, li avremo tutti e due! Questo, almeno, per chi crede davvero che in futuro verrà dato al sindaco, Giorgio Orsoni, il contentino del “suo” nuovo porto crociere nel luogo che prima o poi avrà la cortesia di indicare alla città.
A leggere il suo comunicato, il sindaco abbozza e gongola nonostante la pesante sconfitta sullo scavo del Contorta, ma se qualcuno crede di spegnere il movimento cittadino contro le grandi navi agitando altrettanti contentini come la riduzione dal 1. gennaio 2014 del 20 per cento delle navi oltre le 40 mila tonnellate di stazza lorda in Bacino San Marco o il divieto di accesso in laguna delle navi oltre le 96 mila tonnellate dal 1. novembre 2014 si sbaglia di grosso.
Incassiamo quel po’ di buono che c’è nella decisione romana, lo consideriamo come una prima vittoria della nostra mobilitazione che ha portato a livello mondiale lo scandalo del crocerismo a Venezia, ma la battaglia certo non si ferma e prosegue, spostandosi intanto in sede di Valutazione di impatto ambientale sul devastante progetto del Contorta, dove, non per bontà loro ma perché così dice la legge, dovranno venire valutate “TUTTE” le proposte alternative, compresa quella dell’estromissione dalla laguna delle navi incompatibili.
La regata, come si dice a Venezia, è ancora lunga!


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Oliaiklod 11319 partages Voir son blog

Magazines