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L’interview: Yann Arthus-Bertrand

Par Jsbg @JSBGblog

L’interview: Yann Arthus-Bertrand

Rencontre exceptionnelle que voici: celle d’Yann Arthus-Bertrand. Un drôle de bonhomme moustachu, sorte d’aventurier des temps modernes, dont la biographie est très difficile à résumer. Photographe, on lui doit, entre autres, la série de recueils photographies « La Terre vue du ciel ».  Animateur télé, aussi, avec son émission portant ce même titre. Miraculé, lorsqu’il ceda, au dernier moment, sa place à Daniel Balavoine dans l’hélicoptère de Thierry Sabine, qui se cracha quelques instants plus tard. Cinéaste: après « Home« , il présente son second long métrage, « Planet Ocean ». Défenseur de la terre (il déteste le terme écologiste), grâce à sa fondation Good Planet.

Good Planet, justement, la fondation que Yann Arthus-Bertrand a créée en 2005, avec pour mission de sensibiliser et éduquer le public à la protection de l’environnement, a reçu dès 2011 le soutien de la marque horlogère suisse Omega. Suite à l’annonce de partenariat, Omega a décidé de financer le projet de film « Planet Ocean ». Réalisé par Yann Arthus-Bertrand et Michael Pitiot, ce documentaire de 90 minutes vise à sensibiliser le public à la responsabilité qui incombe à tous les habitants de la planète quant à l’urgence de se préoccuper de l’environnement, et notamment des océans. Le film allie les prises de vue depuis un hélicoptère qui ont forgé la réputation d’Yann Arthus-Bertrand à des images sous-marines réalisées par une équipe de caméramans et tournées dans plus de vingt pays.

L’oeuvre a été dévoilée pour la première fois à l’occasion du 5ème Sommet de la Terre en juin 2012 à Rio de Janeiro. Depuis, le film a été présenté lors d’événements dans de grandes villes du monde entier. En septembre 2013, il a été projeté à New York au siège des Nations Unies en présence du Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon. Afin de toucher le plus grand nombre, « Planet Ocean » est désormais gracieusement mis à la disposition de toute ONG qui en fera la demande.

Sur le terrain, Omega s’associe également à GoodPlanet par l’intermédiaire du lancement d’un modèle spécifique, la Seamaster Planet Ocean 600M GoodPlanet, une véritable montre de plongée assurant une étanchéité allant jusqu’à 60 bar (oui, c’est écrit dessus, 600 mètres). Elle est dotée du fameux calibre Co-Axial 8605, un mouvement à remontage automatique muni d’un échappement co-axial à trois niveaux et d’un spiral en silicium. La recette des ventes de ce modèle servira à financer dans sa totalité un projet visant à sauver les mangroves et certaines espèces de plantes aquatiques en voie d’extinction en Asie du Sud-est, tout en sensibilisant les populations locales à l’importance de cette préservation.

L’homme, connu pour son franc-parler, ne tient pas en place. Difficile de le voir assis pendant plus de deux minutes, se levant mille fois pour saluer quelqu’un ou répondre à un appel urgent. Mais quand il se met enfin à parler, l’enthousiasme l’envahit, et il devient inarrêtable. Voici son interview:

L’interview: Yann Arthus-Bertrand

JSBG – Après avoir commencé votre carrière comme acteur de cinéma, qu’est-ce qui vous a aiguillé vers la photographie? Yann Arthus-Bertrand – J’étais parti avec ma compagne en Afrique pour finir une thèse universitaire sur les lions. Ce qu’ils mangeaient, l’accouplement, le territoire, essayer d’analyser la différence entre notre groupe de lions et le groupe de lions qui était au Serengety. Et pour gagner ma vie j’étais pilote de montgolfière, et je survolais en montgolfière un jour sur deux le territoire des lions que nous étudiions. J’en profitais pour faire des photos pour la thèse. Là je me suis aperçu de l’importance incroyable de la photographie aérienne. Rien n’explique mieux qu’une image. On peut expliquer des choses par l’image que l’on ne peut pas par l’écriture. Donc j’ai commencé là la photographie aérienne, puis ça m’a passionné. C’était l’époque où il y avait Geo, Figaro Magazine, etc, et donc je suis arrivé et tout le monde a acheté mes photos. Je me suis dit je vais devenir photographe, que c’était un métier formidable, plus facile que d’être scientifique. Je pourrais travailler tout en allant là où j’avais envie d’aller. C’était l’époque de l’âge d’or des photographes, où tout le monde gagnait beaucoup d’argent, on vivait bien, pas comme maintenant. Voilà comment je suis devenu photographe. Depuis j’ai toujours fait de la photo dans l’environnement, des gens, des animaux.

Quelle expérience avez-vous tiré de votre contact avec les animaux, par exemple lors de la réalisation de votre livre Lions ou lorsque vous avez côtoyé Dian Fossey parmi les gorilles au Rwanda? Dian Fossey, Jane Godhal,… c’étaient mes idoles. Je suis vraiment parti en Afrique grâce au livre que Jane avait fait sur les chimpanzés. Approcher une famille que l’on suit, toujours la même, les voir vivre, c’était très nouveau à cette époque là. Ça m’a donné envie de travailler sur les lions. Enfin de compte les scientifiques n’allaient pas tant travailler sur le terrain, il n’y avait pas ces espèces de thèses que l’on voit sur les animaux en les côtoyant tous les jours de près, c’étaient des recherches très à l’anglo-saxonne. C’est marrant parce que Jane Godhal elle a été envoyée par Richard Feynman, qui travaillait sur les premiers hommes. Ils avaient trouvé des traces dans la vallée de l’Omo au Kenya. Et c’est lui qui avait compris le rapport entre les singes et les hommes, et qui avait envoyé Jane Godhal et Dian Fossey pour travailler sur ces grands-singes qui étaient très proches de l’homme, pour essayer de comprendre l’homme à travers les grands animaux. C’est très curieux comme c’est vraiment un anthropologue qui a commencé ces études de comportement. J’ai été très marqué par ces rencontres.

À quel moment est née votre vocation pour l’écologie, quand avez-vous pris conscience de l’urgence? Dès le départ. Quand j’avais 20 ans je m’occupais d’une grande réserve zoologique. Dès le départ on était déjà engagés, il y avait le WWF, anti-chasse… C’était la grande époque des pandas. Dans les émissions de télévision on amenait les animaux sauvages sur les plateaux, des tigres, des lions, c’était complètement décalé. On découvrait les animaux, les pandas, les rhinocéros, les éléphants, il y avait une espèce de passion pour le monde animal. Moi j’ai commencé là donc j’aimais la nature. Le mot écolo on en parlait pas encore. On disait protection de la nature. Le nucléaire, les pesticides, on en parlait pas, ça ne m’intéressait pas. Il y avait déjà quelques gens qui étaient engagés là-dessus, mais moi ce qui m’intéressait c’était la nature et les animaux. Protéger le monde naturel, se battre contre la déforestation, j’y suis depuis mes 20 ans, ça ne date pas d’aujourd’hui.

Vous avez suivi beaucoup de Paris-Dakar ou encore collaboré sur un livre portant sur la Ferrari 250 GTO. Comment conciliez-vous votre amour des belles mécaniques avec votre engagement écologiste? Quand j’étais au Kenya, je ne gagnais pas très bien ma vie comme pilote de montgolfière, et j’avais déjà deux enfants. Et j’ai mon cousin qui me dit : « Tu ne voudrais pas faire les photos du Safari Rallye? » Je suis donc allé faire les photos du Safari Rallye du Kenya, et Jacky Ickx était là qui me dit « tu devrais aller faire le Paris-Dakar ». À cette époque-là personne ne disait que le Paris-Dakar n’était pas écolo, au contraire c’était le gros truc. Quand tu disais que tu faisais le Paris-Dakar dans un diner tu étais le héros, c’était invraisemblable. Et j’ai donc suivi le Paris-Dakar pendant 10 ans, je suis devenu très copain avec Thierry Sabine. J’étais le premier à lui dire « faut qu’on nettoie les camps », qu’on nettoie derrière ce qu’on fait, je le faisais vachement chier avec ça. Parce qu’on laissait les camps en bordel, des bidons d’huile, etc. Voilà. J’ai fait ça pendant 10 ans. Aujourd’hui tous les écolos me le reprochent mais à cette époque personne ne disait que c’était pas écolo. Il n’y a pas très longtemps je suis retourné pour un film dans un petit village où je m’étais toujours arrêté, et pour eux c’est un drame que le Dakar n’y passe plus. Une fois par an tu avais 3’000 personnes qui arrivaient, tout le village était investi, ils vendaient de tout, et ils en vivaient pendant 6 mois. Pour eux c’est un drame que le Dakar ne passe plus en Afrique. Maintenant on peut aussi dire que c’était pas bien, mais quelque part il y a toujours un prix à payer. Pour les Ferrari, un jour tu es photographe et on te dit « Est-ce que vous voulez faire un livre sur la GTO, qui est une Ferrari très particulière, une voiture de collection. » J’ai répondu oui, et pendant 15 jours j’ai fait ces photos pour ce livre qui était une commande des champagnes Moët & Chandon, et je gagnais ma vie en tant que photographe. Surtout c’était formidable parce qu’on allait d’un château de grand cru à l’autre, et j’ai ainsi goûté tous les plus grands vins du monde, c’était sympa. Mais j’ai aussi été photographe de Formule 1 à une époque. J’arrivais d’Afrique, j’avais besoin de gagner ma vie. J’ai même fait un livre sur le nucléaire. Pendant 6 mois j’ai  fait des images dans les centrales nucléaires pour un livre. Et je me souviens très bien avoir dit à ces mecs: « le nucléaire, il y a eu Three Mile Island, le nucléaire c’est pas terrible quand même… ». Je n’étais pas du tout connu alors, mon nom n’était même pas sur la couverture. Et là on imprime le livre, et Tchernobyl arrive! Hop, les 20’000 livres au pilon. Et on refait un chapitre. Et je dis aux mecs: « Ben voilà, vous voyez, le nucléaire ça peut être dangereux! » Et je suis allé à Tchernobyl par la suite. Sur le nucléaire, ce ne sont pas les déchets qui m’inquiètent. Ce qu’on respire tous les jours avec les pots d’échappement et les pesticides que l’on met dans les champs est bien pire à mes yeux, la pollution on l’a tous les jours sous notre nez ! Par contre, de dire que le nucléaire n’est pas dangereux, c’est vraiment irresponsable. J’ai survolé après la tempête à Blayais où le pilote d’hélicoptère m’a dit qu’ils paniquaient complètement et Alain Juppé m’a raconté qu’on l’avait appelé en pleine nuit pour lui dire qu’il faudrait peut-être évacuer la ville de Bordeaux. C’est super dangereux le nucléaire, on ne sait pas maîtriser ça. Lors de la catastrophe de Fukushima, je me souviens encore d’écouter le matin à la radio qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que le Japon avait eu Hiroshima, était habitué aux tremblements de terre, que c’était le pays le plus préparé… tu parles! Le nucléaire est dangereux, et il ne faut pas en avoir parce que un jour ou l’autre il y aura des accidents nucléaires. Il y en aura en France, il y aura forcément des accidents. Ce ne sont pas tant les déchets qui m’inquiètent, c’est plutôt le fait que c’est un truc que l’on ne maîtrise pas. Quand tu vas à Tchernobyl, ça fout les jetons quand même!

Après votre premier film « Home », nous avons maintenant l’occasion de découvrir votre nouvelle oeuvre, « Planet Ocean ». Comment avez-vous opéré la transition de photographe à réalisateur? C’est parce que j’ai fait de la télévision. En faisant l’émission « Vu du ciel », qui était une émission qui marchait bien, j’ai souvent été dans les hélicoptères pour filmer, et c’est là que j’ai appris la vidéo. Et quand j’ai vu le film d’Al Gore (« Une vérité qui dérange » – ndlr), je me souviens m’être dit que je voulais faire un film. Et un jour j’ai commencé à travailler sur un scénario. La télévision m’a beaucoup porté, le fait d’avoir fait beaucoup de primes. Je dois reconnaître que maintenant je préfère l’image vidéo à la photo. Malheureusement je le fais grâce à un hélicoptère, qui émet du CO2. Mais là j’en ai marre de me faire attaquer par les écolos à ce sujet. Aujourd’hui à la fondation, tout ce que je vole, les billets d’avion, les voitures, nous compensons le carbone. En faisant comment? Grâce à des fours de bio gaz en Inde. Ce n’est pas l’idéal mais j’essaye de faire quelque chose. Dès que je prends l’avion, je compense. Personne autour de moi, même parmi mes amis, ne compense. Et pourtant l’avion ça émet beaucoup de CO2. D’ailleurs en calculant moi-même j’émets plus de CO2 avec mes voyages en avion qu’avec mon hélicoptère. Quand tu vas sur place et que tu vois ce que l’on fait, tu vois les fours à bio gaz et l’énergie que l’on donne à des familles indiennes, et on en a fait des milliers, et bien on peut être fier de ça. Action Carbone, il faut aller voir sur le site de la fondation, c’est vachement bien. Ce n’est pas planter des arbres ce que nous faisons, c’est d’aider des gens au développement sur les énergies propres. Quand dans un petit village en Inde tu leur permets de créer de l’énergie grâce au bio gaz en partant de déchets végétaux et de déjections animales, et bien c’est tout ça en moins qu’ils ne couperont pas en bois dans la forêt. Pour revenir à notre projet avec Omega, non seulement Omega nous a aidé, mais en plus ils financent deux projets de protection des Mangroves dans le sud-est asiatique. Il y a toujours une dimension humaine derrière ces projets. Là sur le littoral indonésien avec Omega notre projet est de restaurer les milieux, favoriser le retour de la bio diversité. Nous sommes là évidemment pour préserver l’environnement, mais toujours avec une dimension dans laquelle nous incluons les gens en impliquant les communautés locales dans nos projets. Au final ce sont elles qui en bénéficient par la gestion durable de leurs ressources , ce qui leur permettra de se développer. Il est très important pour nous de donner à chaque fois une dimension humaine à tous ces projets. Au-delà du film, Omega a également financé tout le programme de sensibilisation et et l’action de terrain que nous menons avec la Fondation Good Planet.

L’interview: Yann Arthus-Bertrand

Quel message souhaitez-vous faire passer avec Planet Ocean, le film que nous découvrons aujourd’hui en Suisse et que vous avez présenté lors du dernier Sommet de Rio 2012? Aujourd’hui nous avons dépassé les 400 ppm (« parties par million », l’unité de mesure du taux de CO2 dans l’atmosphère – ndlr), ce qui montre bien que malgré tout le ramdam que l’on fait sur le changement climatique nous ne sommes pas capables de changer, et on ne changera pas. On ira jusqu’à dépenser la dernière goutte de pétrole, de gaz ou d’uranium parce que notre civilisation a besoin de ça pour vivre. Qu’est-ce qui paye les écoles, les hôpitaux? Et bien c’est le commerce. Et le commerce a besoin de ce carbone pour se développer. Dans le film, quand l’on voit ces milliers de containers que l’on charge à Shanghai et bien on se dit qu’on n’arrêtera pas la machine. Et bien aujourd’hui je n’essaie plus de convaincre, on voit bien que ça ne sert à rien. Dans les grands sommets internationaux il ne se passe rien. On dépense des centaines de millions de dollars pour rien du tout. On vit dans le déni, on continue à vivre comme avant, et voilà. Donc le message que je veux faire passer est de ne pas attendre que les hommes politiques fassent quelque chose, on a les hommes politiques que l’on mérite. Il faut essayer de vivre mieux avec moins, de consommer un peu moins de tout. Il faut réfléchir à ça, à la décroissance. Il faut plus une croissance de l’amour et de l’Humanité mais une décroissance de notre consommation. Je suis souvent attaqué quand je travaille avec des grosses entreprises, mais moi je n’ai pas honte de le faire. On a monté en France un gros projet avec la chaîne de supermarchés Casino sur les produits responsables. Si on peut vendre dans les Casino plus de produits éco responsables ou bio grâce à notre action, et bien voilà, c’est bien de le faire. Le projet qu’on a monté avec Omega amène plus de conscience. L’autre jour on a fait une projection du film aux employés d’Omega, et bien forcément qu’au final tu fais avancer la boîte et la société en général. Sur certains combats, grâce à ces grosses boîtes et bien on peut faire ces choses. Si tout le monde avait des projets comme Omega, excuse-moi mais ça changerait le monde. Si toutes les marques de montres ou même de luxe s’engageaient comme s’engage Omega et bien bravo, mais il n’y en a pas beaucoup qui le font. Non seulement Omega nous a donné de l’argent pour faire le film, mais en plus on peut le faire libre de droits. Aujourd’hui ce film est gratuit. On organise 1000 projections gratuites dans le monde, dans les universités. Le film est gratuit pour toute association de par le monde grâce à Omega. Et il sera visible sur internet bientôt. Tout ça veut dire qu’il n’y a pas d’un côté les gentils consommateurs et de l’autre les méchants industriels. Nous sommes tous dans le même bain, je me bats un petit peu contre cette manière de voir les choses, c’est assez hypocrite d’attaquer les autres alors que soi-même on n’est pas capable de changer. C’est global tout ça. On accuse les hommes politiques mais au final ils font ce dont tu as envie.

Vous venez de lancer une montre siglée de votre fondation Good Planet pour Omega. Quelle part de vous avez-vous insufflé à ce modèle?  On ne va pas changer le monde, mais on va par exemple faire une application gratuite avec tous les poissons que l’on peut manger. Tu vas au restaurant qui sert tel poisson, et bien tu pourras directement voir si tu peux le manger ou pas. On a aussi fait ce projet formidable de protection des mangroves en Indonésie. C’est à ça que sert cette montre (l’Omega Seamaster Planet Ocean 600M GoodPlanet – ndlr). Les bénéfices issus de la vente de ce modèle vont à notre projet sur ces mangroves. Ce qui est formidable avec Omega c’est que non seulement ils financent le film, mais ils organisent des premières ici et partout dans le monde, ce qui permet au film d’avoir une vie qu’il n’aurait pas eu autrement. Ce n’est pas que du marketing, je crois que quelque part ils sont fiers d’avoir fait ce film, qu’ils sont fiers de le montrer… ça les a peut-être même étonnés que le film soit si bon (rires) ! On peut faire une prise de conscience avec le film, et ensuite continuer avec nos projets qui permettent aux gens d’agir, de mettre à profit ce petit déclic qu’ils ont en voyant le film. Il y a de l’utopie là-dedans, mais l’utopie est une vérité prématurée.

Merci YAB!

- Jorge S. B. Guerreiro  

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