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Ce mardi 4 novembre, a décollé une fusée indienne emportant une sonde vers Mars. Peut-être la sonde Mangalyaan ne trouvera-t-elle aucune trace de méthane sur la planète rouge ; en revanche, il est bien possible que cette mission Mars Orbiter fasse évoluer les mentalités en matière d’innovation technologique.
Le succès de cette entreprise audacieuse prouverait à la face du monde qu’il est possible de se lancer dans des projets aussi ambitieux que la conquête spatiale avec des moyens beaucoup plus limités que ceux dont disposent des grandes puissances comme les États-Unis ou la Russie. Avec un budget de 54 millions d’euros, contre 504 millions pour Maven (la nouvelle mission spatiale de la NASA dont le décollage est prévu le 18 novembre), Mars Orbiter est définie officiellement comme la première mission spatiale low-cost de l’Histoire. Sans compter l’économie de temps : 18 mois de préparatifs contre 5 ans pour Maven. Là où envoyer un gramme dans l’espace coûte à l’Inde un peu moins 12 euros, il en coûte dix fois plus à la NASA.
Pour concevoir la fusée de lancement, les Indiens se sont contentés de recycler la PSLV, un modèle utilisé depuis les années 1990. Celle-ci n’était pas assez puissante pour échapper à la gravité terrestre ? Qu’à cela ne tienne : en la faisant tourner autour de la Terre pendant un mois, elle prendra assez de vitesse pour répondre aux exigences de la mission, un peu comme un projectile que l’on fait tourner dans une fronde – un bon moyen également d’économiser du carburant. La PSLV est la plus petite fusée jamais utilisée pour une mission interplanétaire.
« A l’ISRO, la technologie a des usages multiples. Les programmes se nourrissent les uns des autres. », déclare Y.S.Rajan, professeur distingué à l’ISRO, l’agence spatiale indienne.
- Cyrano de Bergerac, pionnier du voyage spatial en mode frugal
Par ailleurs, là où les Américains construisent deux prototypes de vaisseaux avant de procéder au lancement effectif d’un troisième modèle, les Indiens ont fait le choix, plus risqué mais moins coûteux, d’effectuer le maximum de tests virtuellement et de ne construire que le vaisseau final.
Les tests ont été optimisés au maximum, le plus d’informations possible devant être retiré de chaque test. En 2008 déjà, le projet Chandrayaan-I (celui qui permit de déceler des traces d’eau sur la lune) avait surpris par sa méthode minimaliste, cherchant à économiser efforts et dépenses par une planification rigoureuse.
Démontrer que l’on peut faire de l’aérospatiale à bas coût en étant simplement ingénieux et « jugaad » peut permettre à l’Inde de gagner une place de choix sur le marché international des lancements de satellites – un marché très concurrentiel, aujourd’hui dominé par Arianespace, mais qui n’est pas à l’abri d’évoluer. En 2011, la NSR (Northern Sky Research) annonçait que 1600 satellites restaient à lancer avant 2025 : du travail en perspective.