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Exposition Europunk à la Cité de la Musique, Paris

Publié le 07 novembre 2013 par Toto
Exposition Europunk à la Cité de la Musique, Paris Finalement, je ne suis pas allé au festival de Pitchfork : trop cher et la programmation ne m'attirait pas plus que ça, hormis Yo La Tengo. Il faudra d'ailleurs que je trouve un moyen de les voir un de ces jours en concert. A la place, je suis allé en face, à la Cité de la Musique, pour une exposition sur le punk. Mais pas n'importe quel punk, celui qui est né dans la deuxième moitié des années 70 en Angleterre, sous l'impulsion du couple de stylistes Malcolm McLaren et Vivienne Westwood. C'est ce punk-là qui engendrera la production artistique la plus intéressante et donc la plus apte à figurer dans un musée. Intéressante pas forcément d'un point de vue musical, car combien de suiveurs et je ne parle pas seulement des groupes de chez nous, pour une poignée seulement de formations essentielles de l'histoire du rock. Les Sex Pistols, évidemment, quoiqu'en diront les réfractaires, car ce sont eux les initiateurs à tous niveaux : musical, visuel et politique. Ils ont même été parmi les seuls à apporter un peu de dérision à un genre qui se prendra bien trop souvent au sérieux. De politique, ils n'en ont fait qu'à travers des textes à priori déconcertants de nihilisme. Mais leur célèbre slogan "No future" n'était pas à prendre au pied de la lettre. Car par "No future", il fallait entendre pas de futur donné par les institutions quelles qu'elles soient. Non, le futur, c'était à chacun de se le créer. C'est cette philosophie de vie, du "do it yourself", qui sera le leitmotiv de toute une jeunesse, à nouveau libérée de tous tabous, mais qui ne rêvait plus de politique et d'un monde meilleur pour tout un chacun, mais seulement de liberté individuelle, hors de tout système et de toute caste. L'exposition essaie de resituer l'effervescence de ce mouvement-là qui n'a duré que quelques années jusqu'à l'apparition de la new-wave, sorte de passage à l'âge adulte. De la rébellion des Clash succédait la noirceur de Joy Division. Comme si la société avait gagné. "I fought the law and the law won" (reprise de Sonny Curtis) chanteront même la bande de l'engagé et regretté Joe Strummer. Peut-être est-ce que le mouvement punk était voué à demeurer éphémère dès ses prémices, avec le message radical des Pistols vociféré avec une belle gouaille d'acteur. Johnny Rotten, de toute façon, ça ne pouvait pas être sérieux. Comme si ce contraste entre le fond et la forme cachait déjà une abdication implicite. Même si, dans l'intervalle, d'autres y ont cru - ou en ont tout du moins profité -, comme le collectif français Bazooka qui dévoilera une esthétique à nulle autre pareille et demeurera sans doute la seule fierté nationale punk.

Pour en revenir à l'expo en elle-même, si elle permet de se replonger agréablement dans cette période que seuls les plus de cinquante ans ont maintenant réellement connu, elle peut laisser sur sa faim. Hormis les dessins de Bazooka, peu de choses m'étaient étrangères. Elle s'adresse donc surtout aux novices, mais les novices s'y intéresseront-ils ? Et puis, les casques d'écoute, comme je l'ai déjà dit, permettent juste de se rendre compte que dans ce mouvement, tout n'était pas à garder, loin s'en faut. Les quelques interviews vidéos apportent un meilleur éclairage, surtout celle de Jean-Pierre Turmel, fondateur du trop méconnu label rouennais Sordide Sentimental. A ma décharge, je suis arrivé trop tard pour enregistrer mon propre morceau de punk à la guitare dans le mini studio recréé pour l'occasion. De même pour l'atelier de badges... Mais ces aspects plus ludiques étaient plutôt là pour occuper ceux que le reste intéressait moins... Les enfants, par exemple. Au final, faire entrer la musique dans un musée reste toujours un exercice délicat, surtout pour une musique aussi énergique et instinctive que le punk...

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