Nous vous avons parlé ici de 40-60, le nouvel et dernier album de Michael Jones.
L’artiste qui a décidé d’arrêter sa carrière en son nom était en promotion à Paris il y a quelques jours et j’ai eu le plaisir de le rencontrer pour vous.
L’occasion de discuter avec lui de cette décision, de l’élaboration de cet opus et de revenir un peu sur sa carrière.
Bonne lecture,
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Bonjour Michael,
On se rencontre à l’occasion de la sortie récente de votre album 40-60. Avez-vous déjà eu l’occasion de jeter un œil à son accueil ?
Les retours commerciaux non car je m’en fous un peu, par contre j’ai vu les retours des gens qui l’ont écoutés et ils sont superbes. Les gens qui m’envoient des messages sont très sympathiques et pour le moment tout le monde aime. Je suis content de cet accueil positif.
Vous l’avez annoncé, c’est votre dernier album, est-ce indiscret de vous demander quelle est la raison principale de ce choix ?
Aujourd’hui, faire un album c’est beaucoup de travail, c’est 1 an de boulot. Le disque n’est plus quelque chose qui se vend bien, je pense qu’il faut vivre avec le présent et que le CD ce n’est déjà plus le présent. Il faut donc faire autre chose. Je vais encore faire de la musique mais différemment.
Est-ce que cela veut dire qu’on aura plus du tout de nouvelles de vous ?
En fait j’arrête les tournées en tant qu’artiste Michael Jones, cela ne veut pas dire que je n’irais pas jouer et m’amuser sur scène avec d’autres personnes. Je continuerais de jouer avec les gens que j’aime.
Pour ce dernier album, avez-vous essayé d’aborder des thèmes ou des sonorités que vous n’aviez pas encore testé en vous disant « c’est le moment ou jamais » ?
On essaye toujours mais en fait on a toujours des idées derrière et on se dit « merde, si j’avais su j’aurais mis celle-là ». Ca arrive tout le temps mais il ne faut pas avoir de regrets, je ferais profiter mes nouvelles idées à d’autres.
Vous travaillez avec d’autres personnes ?
Oui j’essaye d’aider des jeunes artistes qui n’ont pas les moyens de s’en sortir en apportant mon expérience et je fais en sorte qu’ils puissent enregistrer des chansons pas trop chères. J’ai travaillé notamment avec une jeune chanteuse qui s’appelle Lili Road et qui a fait son album chez moi. Ce sera aussi le cas d’autres personnes.
Certaines chansons de ce disque m’ont inspiré quelques questions, notamment la première Jardin secret. En 40 ans de carrière, vous avez toujours été discret, c’était un choix personnel pour vous protéger ?
Je ne sais pas si j’ai été secret ou si je n’ai intéressé personne. Peut-être un peu des deux (rires). Il faut savoir que si on n’est pas une grande gueule, souvent la presse télé ou radio ne nous prend pas au sérieux car ils aiment les artistes qui poussent des coups de gueule ou qui ont des opinions très fortes. Pourtant moi aussi il y a des choses que je pense, par exemple en ce moment je pense aux 18 millions d’euros qu’on va dépenser par mois pour rien car on a enlevé l’écotaxe, qui déjà était une stupidité au départ. On aurais du faire comme en Suisse, mettre une vignette obligatoire pour circuler dans le pays, ça aurait couté moins cher et ça aurait pi faire travailler une entreprise française qui fabrique les vignettes. Ca par exemple ce sont des choses qui m’exaspèrent, après, avoir une opinion de droite ou de gauche, ça ne m’intéresse pas.
Il y a également la chanson Pas signé pour ça. Si on se retourne sur votre parcours, ressigneriez-vous pour tout ça ?
Bien sûr oui. Je ne ferais peut-être pas pareil car on fait tous des erreurs mais je pense que j’ai été béni par le destin. J’ai eu une vie magnifique, et c’est pour ça aussi que je me dis que je peu prendre ma retraite car j’ai eu plus que la normale.
Dans le texte de Vaille que vaille vous dîtes que vous n’avez jamais triché. Est-ce vrai ou avez-vous parfois fait des choses dans votre carrière contre vos principes ?
Je déteste la triche. Je déteste les gens qui trichent en sport, aux cartes ou en politique.
Evidement, ce disque comprend la reprise acoustique de Je te donne avec Jean-Jacques Goldman dont on parle temps. Qui a proposé l’idée à l’autre ?
C’est moi, je suis allé chez lui en lui disant « voilà Jean-Jacques, j’ai un service à te demander » et il m’a dit « non », c’est toujours sa première réponse. Après il m’a dit « je t’écoute » et je lui ai expliqué que j’avais été connu grâce à la chanson Je te donne sur l’album Non homologué, que j’allais faire mon dernier disque et que j’aimerais boucler la boucle en la refaisant sur ce disque. Là il m’a dit bien sûr, tout simplement.
C’est vous aussi qui lui avait demandé des chansons pour ce disque ?
Pour nous ça allé de soi. Je ne peux pas ne pas demander de chansons à Jean-Jacques. En fait il a eu le choix. En dehors de Un dernier verre et de Jardin secret que j’avais déjà fait, toutes les autres je les avais faites en anglais. Il y avait aussi l’évidence que la seule personne à pouvoir me faire un texte pour On achète pas sa vie c’était Claire Keim. J’ai été très touché par le film Sa part du gâteau et j’ai écrit cette chanson en anglais en ayant vu ce film. J’étais donc sur que Claire qui est une actrice allait comprendre de suite ce que je voulais dire. Après, Jean-Jacques à eu le choix dans le reste et à sélectionné C’est pour lui et Pas signé pour ça.
Vous évoquez Claire Keim, il y a aussi une autre collaboration, celle de Francis Cabrel pour un duo sur Keep on rollin’.
Oui, c’est une chanson de Jacques Veneruso que j’aime beaucoup en tant que musicien et en tant que personne. On a beaucoup d’influences communes et on adore jouer ensemble. Le choix de Francis Cabrel pour un morceau un peu blues m’a aussi paru comme une évidence. J’ai une anecdote car le jour ou je devais enregistrer la chanson avec lui, chez lui, j’ai eu mon accident à Courchevel la veille et je me suis retrouvé à l’hôpital. Je l’ai prévenu et cela tombais mal car lui partait après aux Etats-Unis un bout de temps. Il a donc finalement fait la chanson seul chez lui et m’a envoyé la voix après.
Vous êtes actuellement en pleine tournée depuis quelque temps déjà, comment se passe le rendez-vous avec le public ?
C’est exceptionnel car le disque n’est sorti que lundi, et moi je joue ces chansons sur scène depuis le mois de juin. Elles ont un super accueil. Je le sais car je regarde si les gens ont l’air de s’ennuyer sur des nouvelles chansons, et ça passe très très bien.
Même si l’on vous reverra sur scène avec d’autres, appréhendez-vous votre toute dernière date ?
Non. Je suis quelqu’un qui pense qu’il vaut mieux avoir des remords que des regrets.
Le Mediateaseur remercie Michael Jones pour le temps qu’il nous a accordé et sa grande simplicité.Nous sommes ravi de pouvoir vous offrir cet entretien avec un si grand artiste. Si vous n’avez pas encore écouté l’album 40-60 nous vous conseillons vivement de le faire très vite.
A noter qu’il ne reste que quelques dates pour la première partie de cette tournée qui reprendra ensuite en février 2014. Vous pouvez retrouver le planning complet sur le site officiel de l’artiste en cliquant ici.