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Les chics types (5)

Publié le 11 novembre 2013 par Hongkongfoufou

Eleve Moinet 2  Par l'élève Moinet

Michel, Dan, Jimmy, Marc, Ric… Les jeunes gars du style rétro

Ce mois-ci : Lefranc dans Le mystère Borg

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Résumons-nous. Le besoin naturel d’un chic type est de rencontrer un chic type. Pour l’assouvir, il faut se mettre au lit. Confortablement. Allumer la lumière blanche de votre lampe de chevet et ouvrir ces deux bons gros morceaux de bon carton, ces 64 bonnes pages de bon papier bien jauni, reliées par une bonne bande de bonne percaline bien rouge. Soupesez l’intrigue bien ourdie. Humez le parfum de l’aventure bien courue. Reprenez des couleurs bien mariées. Vous avez rendez-vous avec la guerre froide. Bien au chaud.

Pwhâââ pwhâââ.  Que faire, oui que faire si vous vous rendez en plein hiver, sous un ciel menaçant, dans une célèbre station de sport d’hiver suisse à bord de votre Alfa Romeo Giulietta Sprint Veloce, en compagnie de votre pupille, afin de disputer le critérium des journalistes européens et alors que la route, dans une forte grimpée recouverte de neige durcie, se transforme en vraie patinoire, vous assistez impuissant, à la course-poursuite d’une berline Fiat 2300 lancée à toute allure, conduite par le collaborateur d’un célèbre bio-chimiste italien qu’il vient de faire ignominieusement disparaître dans un attentat maquillé en accident de la circulation afin de lui voler sa fantastique découverte, et d’une Jaguar MK 2 - conduite intérieure cossue, néanmoins très prisée en compétition à l’époque, ayant notamment remporté le Tour de France auto de 1960 à 63 aux mains de Bernard Consten - du vil Axel Borg et de ses sbires lancés à ses trousses afin de lui dérober son précieux trésor que certains états n’hésiteraient pas à payer une fortune colossale et que, par-dessus le marché, vous déclenchez malencontreusement, après avoir entendu des coups de feu, le mécanisme d’une bombe incendiaire à retardement cachée dans la Fiat qui vient de finir sa course dans le fossé alors que la Jaguar a mystérieusement   disparu ? Hein ? Je vais vous le dire, moi…Voilà, heu… Non… Ca non… Ca non plus… Ca ? N’importe quoi ! Et bien je ne vois pas, non… Oui, c’est facile de ricaner tant que je ne vous aurai pas dit que cette fantastique découverte n’est pas celle d’un enfant caché du prince Albert mais d’un super virus ! Rassurez-vous, ne vous précipitez pas pour éteindre votre ordinateur. Vous pouvez tranquillement savourer la fin de cette chronique, il ne s’agit pas d’un virus informatique mais juste d’un bouillon de culture capable de dévaster tout un pays. Alors ? On fait moins le malin maintenant ! En tout cas, la meilleure chose à faire c’est de relire les cinq premières pages du Mystère Borg.

Si la plus belle première page d’un album de ligne claire est celle du Fantôme espagnol de Bob et Bobette, celles-là sont incontestablement le meilleur commencement d’un album de style rétro ou je n’y connais rien. Unité de lieu, d’action, de temps, l’intensité du récit croît à mesure que la route s’élève et que la nuit tombe avant de se terminer, comme il se doit, par le traditionnel point d’exclamation. C’est un acte en deux pièces que l’auteur nous offre pour nous faire entrer de plain-pied dans cette tragédie. Suisse en l’occurrence, les grecques, c’est Alix qui va s’y faire voir.

Malgré tout, le sommeil vous gagne ? Il y a école demain ? Passons directement à un bon strip. Le dernier de la page 21, particulièrement attirant. De la virilité "Merci Hans ! Tu es un véritable chic type", de l’attendrissement "Pauvre gosse !... Il a souffert aujourd’hui !... Mais il a été à l’école du courage et s’en est très bien tiré !...", de la stupéfaction "Ca par exemple !... Qu’est-ce que vous faites ici ?!..." s’écrie notre héros dont le portrait est peut-être le plus séduisant de toute la série. Romantique, blond comme les blés, un regard sombre et ténébreux souligné par des sourcils bruns, bien dessinés. Le charme de l’homme affairé sans doute. Jamais notre héros n’a été si bien croqué. Pourtant... Peut-on être l’un et l’autre ? Blond et brun à la fois ? C’est comme être Blur ou Oasis, Poulidor ou Anquetil. Impossible. Alors, comment savoir ? D’ailleurs, est-ce une ex repentie venue lui gâcher ses vacances, qui l’attend dans le "petit salon" et provoque sa stupeur ? Elle pourrait nous… Heu, désolé. Mais en fait d’ex, tintin. Pour Lefranc, c’est… l’inspecteur Renard avec qui il a rencard. Le seul à porter moustache en "brosse à dents" et cheveux en "brosse" dans les sixties. Lui pourrait mener l’enquête et nous renseigner. Mais il doit bourrer sa pipe et déjouer une machination. On rigolera plus tard.

La suite, ce sont des pistes enneigées sur lesquelles Lefranc se déhanche ou qu’il suit, aussi ténues soient-elles. Gardsten, Venise en passant par Lucerne. Lucerne, immortalisée par l’anagramme du regretté maître Capello. Ca commence par enc, ça finit par ler et au milieu il y a une lettre. Tout ça avec son petit protégé et confident, Jeanjean à qui il a encore dû rédiger un mot d’absence. (Sans commentaires… Ou comment ne pas partir tout seul en vacances, sans risquer de se taper le poulet de la belle-mère le dimanche midi pendant trois mois)

Avant que vous n'éteigniez la lumière, vous avez raison de relever votre sourcil. Je ne voudrais pas que vous restiez sur une mauvaise impression. Jamais le mystère Borg n’a eu un dos toilé comme annoncé péremptoirement dans l’introduction. Il s’agit bien sûr de carton. Comme celui que va faire cette rubrique. Cette fois c’est sûr. Pwhâââ pwhâââ.

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