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Ma révérence - Lupano et Rodguen

Publié le 13 novembre 2013 par Litterature_blog
Ma révérence - Lupano et Rodguen Quand la lecture de « Crime et Châtiments » déclenche une idée de braquage, ça pourrait donner quelque chose de flamboyant. Malheureusement, si le braqueur est aussi rompu à la grande délinquance qu’un footballeur professionnel aux arts lyriques, le résultat ne peut qu’être catastrophique. Pourtant Vincent est persuadé que son plan est imparable. Il veut faire un braquage social, non violent et altruiste. De l’atypique, du jamais vu. Un coup d’éclat avant de tirer sa révérence et de partir pour l’Afrique où l’attend la belle Rana et son fils. Problème, il a dégoté en Gaby un acolyte alcoolique et pas fiable pour deux ronds, encore plus bras cassé que lui. Un gars jamais sorti des années cinquante, gominé à la Dick Rivers, raciste, homophobe et qui a le « Gabriel » de Johnny comme sonnerie de portable. Forcément ça ne va pas le faire, forcément, le fiasco est proche, forcément, leur révérence, ils vont la tirer la queue entre les jambes…
Une lecture que je dois à Noukette. Son billet enthousiaste m’avait convaincu que cet album était fait pour moi. Parce que j’ai un gros faible pour les losers et que Vincent et Gabriel sont des spécimens rares dans leur genre. Des losers mais pas que. Ce sont des gars finalement très humains, cabossés et sacrément paumés. Vincent surtout m’a beaucoup touché. Un peu fragile, un peu lâche, un peu rêveur, très amoureux, très poissard, pas du tout sûr de lui mais parfaitement lucide. Je me suis retrouvé dans ce personnage sur bien des points (je vous laisse rayer les mentions inutiles, par certain qu’il y en ait beaucoup d’ailleurs).
Ma révérence - Lupano et Rodguen La narration de Lupano est nerveuse à souhait et son écriture très orale, pleine de gouaille, ne pouvait que me plaire. Niveau dessin, ça tient aussi la route. Rodguen bosse depuis 18 ans pour les studios Dreamworks en Californie et il signe ici sa première BD. Son trait est souple, tout en mouvement. Il est surtout très fort pour exprimer un maximum de sentiments à travers les visages. Ça n’a l’air de rien mais les mimiques qu’il parvient à croquer en disent bien plus que de longs discours.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser « Ma révérence » n’est pas un polar. C’est plutôt un récit d’initiation mâtiné de tragi-comédie qui tire par moments vers la satire sociale. Mais c’est avant tout un excellent album, pêchu et jubilatoire, drôle, pétri de finesse et d’intelligence. Décidément, après le formidable Singe de Hartlepool Lupano s’affirme comme un des plus brillants scénaristes actuels.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Moka.
Ma révérence de Wilfried Lupano et Rodguen. Delcourt, 2013. 126 pages. 17,95 euros.
Ma révérence - Lupano et Rodguen


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