La decouverte du ciel

de Harry Mulisch
Roman - 1130 pages
Editions Gallimard - novembre 1999
Editions poche Folio - janvier 2002

Onno et Max font connaissance par hasard un soir de 1967, à l'occasion d'un stop sur la route d'Amsterdam. Ils ne se quittent plus, leur amitié se nourrit de leur érudition, Onno , 33 ans, étant un spécialiste des langues anciennes, d'une grande famille, et Max, du même âge, étant un astronome coureur de jupons. Max fait un jour la rencontre d'Ada, une brillante violoncelliste, et leur relation sera plus sérieuse que d'habitude. Mais quelques mois plus tard, c'est Onno qu'Ada épousera, enceinte. Duquel des deux ? Nul ne sait. Quinten naîtra suite à un malheureux accident qui a laissé sa mère dans un coma profond. Quinten, enfant divinement beau et intelligent, élevé en l'absence d'Ada, mais avec l'aide de la mère de celle-ci, et de Max, alors qu'Onno, le père officiel, est très pris par ses nouvelles fonctions politiques.

Je suis venue à bout des 1000 pages du roman (1130 pages dans l'édition de poche).... Non, il ne s'agit pas du Renaudot 2013, mais de ce roman d'un auteur néerlandais, roman fleuve très ambitieux, récit d'une fraternité à toutes épreuves. Faut pas avoir peur des pages bavardes, chargées de discours érudits, philosophiques, scientifiques, théosophiques ou politiques. C'est parfois un peu rebutant. Mais les péripéties, les drames improbables et tragiques qui secouent ce trio retiennent l'attention, ménageant un suspense (au delà des 300 premières pages) très riche. Géographiquement également, cette épopée emmène le lecteur au-delà des frontières étriquées des Pays-Bas : Cuba, Italie, Israël.

Extrait :"Quand j’étais petit, j’assimilais le pouvoir à la possession. Mes livres étaient à moi, mais ensuite, à un plus haut niveau, à vous, et à un niveau encore plus haut, au maire ; puis tout était encore une fois à vous, en tant que Premier ministre, mais au bout du compte, tout aux Pays-Bas appartenait à la reine. Une fois adjoint au maire, je pensais que le pouvoir politique était uniquement le pouvoir de la parole. Celui qui avait les meilleures idées et savait le mieux les exprimer avait le plus grand pouvoir. Maintenant je sais que les idées et les mots ne viennent qu’en troisième position, et que celui qui mes exprime, la personne, ne vient qu’en deuxième position. Ce que la plupart des gens jugent déjà terriblement antidémocratique, mais la réalité est encore bien pire. Le pouvoir est le pouvoir de la chair. Le pouvoir est purement physique. Personne n’a encore jamais essayé d’affronter cette réalité. Nul n’acquiert le pouvoir par la parole, son programme politique est accessoire, de même que la personne qu’il est ; un autre peut se présenter avec le même programme et rien ne se produit. Une personne acquiert le pouvoir parce qu’elle a la constitution charnelle d’une personne qui acquiert le pouvoir. Si elle disait autre chose, le contraire par exemple, dans un autre parti ou mouvement, elle obtiendrait tout autant le pouvoir."

Le lecteur est vite conscient, par les entrées de chaque partie du roman, qu'une grande manipulation divine est à l'origine des malheurs qui s'enchaînent sur les parcours des personnages. Dieu manigance quelquechose de très important, autour des tables des 10 commandements. Une histoire dans l'histoire, ou plutôt au-dessus de l'histoire. Le roman s'articule aussi sur plusieurs décennies (de 1969 à 1985) sans ignorer la grande Histoire, la Seconde Guerre Mondiale, la Guerre Froide... etcPour aborder la dernière partie du roman, mieux vaudra être initié ou intéressé par l'histoire des religions monothéistes. Loin d'être mon cas, cette quête du trésor a été moins passionnante je pense que pour d'autres lecteurs.Un roman exigeant , qui, s'il parvient à ne pas ennuyer par ses fréquentes digressions philosopho-scientifico-métaphysiques, trace des parcours de vies captivants.
L'avis de Christian Grenier - Auteur jeunesse
L'avis de Cuné, Le Bibliomane et Cathulu - Lecture / Ecriture