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Du l'ART ou du cochon

Publié le 16 novembre 2013 par Joseleroy
16 novembre 2013

Une oeuvre de Warhol vient de se vendre il y a quelques jours 105 millions de dollars : Double disaster

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Baudrillard a dit que Warhol était nul et que l'art contemporain était insignifiant.

 "Ça prétend être nul: «Je suis nul! Je suis nul!» ­et c'est vraiment nul.

Toute la duplicité de l'art contemporain est là: revendiquer la nullité, l'insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu'on est déjà nul. Viser le non-sens alors qu'on est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels. Or la nullité est une qualité secrète qui ne saurait être revendiquée par n'importe qui. L'insignifiance ­ la vraie, le défi victorieux au sens, le dénuement du sens, l'art de la disparition du sens­ est une qualité exceptionnelle de quelques oeuvres rares, et qui n'y prétendent jamais. Il y a une forme initiatique de la nullité, comme il y a une forme initiatique du rien, ou une forme initiatique du Mal. Et puis, il y a le délit d'initié, les faussaires de la nullité, le snobisme de la nullité, de tous ceux qui prostituent le Rien à la valeur, qui prostituent le Mal à des fins utiles. Il ne faut pas laisser faire les faussaires. Quand le Rien affleure dans les signes, quand le Néant émerge au coeur même du système de signes, ça, c'est l'événement fondamental de l'art. C'est proprement l'opération poétique que de faire surgir le Rien à la puissance du signe ­ non pas la banalité ou l'indifférence du réel, mais l'illusion radicale. Ainsi Warhol est vraiment nul, en ce sens qu'il réintroduit le néant au coeur de l'image. Il fait de la nullité et de l'insignifiance un événement qu'il transforme en une stratégie fatale de l'image." Baudrillard, Le complot de l'art, 1996

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Boite de Brillo, de Warhol

La question c'est à quoi sert l'art ?

Est-il purement décoratif, insignifiant visant au divertissement des classes oisives qui ayant acheté des maisons, des montres de luxe, des voitures de sport achètent aussi des "oeuvres d'art" ? L'art n'est-il qu'un divertissement insignifiant ?

Non, le rôle de l'art, du grand art, est beaucoup plus profond ; il pointe vers notre réalité ultime. Voici ce qu'en disait Jean Klein :

« Philosophe : En dernier lieu tous les objets pointent vers la vérité et la beauté mais il y a des objets qui, par excellence, nous ramènent à la vérité et à la beauté. Ce sont des objets d'art. (…) L'art qui percute les sens et nous amène au-delà d'eux à un état éternel pourrait s'appeler “ art sacré ”. L'art décoratif expérimental nous laisse dans les sens, de sorte qu'il peut être appelé séculier. Ces grandes œuvres “ sacrées ”, qui ont le pouvoir symbolique de nous éjecter dans le domaine impersonnel, sont très rares.

Chercheur : — Parlons de ces œuvres d'art. Qu'entendez-vous lorsque vous dites qu'elles percutent les sens et nous emmènent au-delà ?

Artiste : — N'est-ce pas cette joie esthétique que je ressens parfois lorsque je suis si absorbé par une œuvre d'art qu'elle n'est plus présente en tant qu'objet ? Il ne reste qu'un sentiment d'émerveillement, de joie et d'expansion dans lequel j'oublie l'espace et le temps et je ne suis plus dans mes sens, comme vous dites.

Philosophe :Exactement. Dans la joie esthétique nous revenons à nous-mêmes, près de notre être originel. La joie des grandes œuvres d'art est qu'elles ont le pouvoir de nous diriger vers ce que nous sommes, vers cette nudité et ce ludisme d'être simplement, libre de toute pensée et conscience de soi. "Jean Klein, Qui suis-je ? La quête sacrée, Albin Michel, 1988.


Le grand art doit pointer vers le Soi, vers notre vraie nature ; en ce sens tout grand art est un art sacré . Il est vrai que pour celui qui est déjà centré dans la conscience de soi tout objet pointe vers le vide, y compris les boites niaises de Warhol. Mais on attend d'un artiste qu'il sache dévoiler ce mystère, non qu'il cherche à divertir une caste de critiques et quelques nantis ne sachant que faire de leur argent! L'art doit nous initié au Rien, au grand Rien, à la vacuité ultime qui est la source de toute création. Baudrillard touche juste quand il écrit que "Quand le Rien affleure dans les signes, quand le Néant émerge au coeur même du système de signes, ça, c'est l'événement fondamental de l'art". Mais il y a aujourd'hui des contrefaçons de l'art ; il y a un snobisme de la nullité. Du Rien sacré au nihilisme il n'y a qu'un pas.

Ce n'est pas toujours facile de distinguer le Grand Art aujourd'hui.

Que penser par exemple de cette oeuvre de John Cage ?

Eh bien, il me semble qu'elle pointe en conscience vers le Silence, le Grand Rien...

jlr

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