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Kobe enfin MVP!

Publié le 07 mai 2008 par Thomy

Le joueur le plus talentueux de ces dix dernières années vient enfin d'être récompensé par les journalistes américains et canadiens du titre de MVP (Most Valuable Player) de la saison régulière 2007-08. Dit comme ça c'est donc une évidence, voire même la réparation d'une injustice. Il suffit de surfer sur les différents forums de basket en ce moment pour bien apprécier le phénomène. Si l'on en croit ce qui s'y dit, Kobe se serait fait voler au bas mots les 2 ou 3 derniers titres de MVP. Steve Nash double lauréat de ce trophée Maurice Podoloff (du nom du 1er commissionner de la NBA de 1946 à 1963) en 2005 et 2006 en prends d'ailleurs actuellement pour son grade. Pourquoi cette remise en cause? Le problème vient principalement d'une erreur d'interprétation.

Bobe MVP de la saison

Alex Fedorak, directeur des relations publiques de Kia Motors, remet à Kobe Bryant le trophée de MVP de la saison 2007-08.

Comme son nom l'indique le trophée récompense le joueur le plus "précieux" et nom le meilleur. Si le trophée Maurice Podoloff récompensait le BP (Best Player), alors oui Kobe en aurait déjà 3 ou 4. Mais la notion de" valuable" englobe des domaines bien plus larges que le seul talent. Etre "valuable" c'est ainsi faire gagner sa team, le bilan de son équipe est donc primordiale, et c'est aussi incarner un leadership incontestable que ce soit sur le terrain évidemment mais aussi en dehors. Or sur ces deux derniers critères, Kobe Bryant était bien derrière le Steve Nash de ces dernières années. Même s'il était sans doute plus facile de vaincre avec les Suns qu'avec les Lakers ces dernières saisons, on ne peut enlever à Nash cette faculté qu'il a eu à emmener sa team au top de la ligue (62-20 en 2005, 54-28 en 2006 et 61-21 en 2007). D'ailleurs Kobe avec quasiment le même effectif cette année que l'année dernière (Derek Fisher à la place de Smush Parker) a montré qu'il était possible de la mener au sommet de la ligue. Bien sûr l'arrivée du pivot espagnol Pau Gasol a fait passer un cap à l'équipe des Lakers, mais il ne faut pas oublier que sans lui les angelinos carburaient parfaitement. Sans Gasol LAL affiche ainsi un bilan de 35V pour 20D, soit un pourcentage de victoires de 63.6% bien supérieur aux dernières années (24-48 soit 41.4% en 2005, 45-37 soit 54.8% en 2006 et 42-40 soit 51.2% en 2007). Kobe a donc enfin réussi à totalement impliqué ses équipiers comme rarement auparavant. C'est d'ailleurs sur ce dernier point qu'il a pour moi le plus changé. Car si niveau statistique il a déjà fait mieux (ce qui prouve encore une fois que les perfs individuelles ne conditionnent pas tout dans ce vote), en revanche il a enfin appris à rendre meilleurs ses troupes notamment en leur accordant plus de confiance. Le match culte contre Toronto et ses 81pts est d'ailleurs significatif. A l'époque les lakers, à l'instar de Cleveland avec James actuellement (mais sans la qualité de la défense des cavs), se reposaient totalement sur leur leader. Pas vraiment par manque de talent mais tout simplement parce que pour Bryant la meilleure façon de gagner était de passer par lui. C'en était arrivé à tel point que de nombreuses fois certains joueurs se retrouvaient surpris quand Kobe leur refilait la gonfle sur une action décisive. En changeant cette façon de voir, Kobe a nettement contribué à faire de ses lakers un des meilleurs collectifs de la ligue. C'est là pour moi la plus belle des victoires de Bryant. Avoir transformé cette team spectatrice de ces exploits individuels grandioses en une équipe au collectif abouti.

Conférence de presse de Kobe après l'annonce du titre de MVP

Revenons maintenant plus précisément sur le vote. 126 journalistes américains et canadiens élisent le MVP en élisant 5 joueurs. Ils accordent respectivement 10pts au 1er, 7 au deuxième, 5 au troisième, 3 au quatrième et 1 au cinquième. A l'issue du vote, voici le le classement des 10 premiers:

1- Kobe Bryant: 82 1ères places - 32 2ème - 10 3ème - 2 4ème - 0 5ème place = 1100pts

2- Chris Paul, Nouvelle-Orléans: 28 - 64 - 32 - 2 - 0 = 894pts

3- Kevin Garnett, Boston: 15 - 23 - 56 - 26 - 1 = 670pts

4- LeBron James, Cleveland: 1 - 7 - 28 - 77 - 8 = 438pts

5- Dwight Howard, Orlando: 0 - 0 - 0 - 7 - 39 = 60pts

6- Amare Stoudemire, Phoenix: 0 - 0 - 0 - 3 - 18 = 27pts

7- Tim Duncan, San Antonio: 0 - 0 - 0 - 2 - 19 = 25pts

8- Tracy McGrady, Houston: 0 - 0 - 0 - 2 - 13 = 19pts

9- Steve Nash, Phoenix: 0 - 0 - 0 - 4 - 6 = 18pts

10- Manu Ginobili, San Antonio: 0 - 0 - 0 - 0 - 9 = 9pts

Ce classement démontre clairement que pour les votants le titre de MVP ne se résume pas élire le joueur aux meilleures stats. James ou Stoudemire sont les meilleurs joueurs à l'évaluation mais n'occuppent que les 4ème et 6ème place ici. Au vu du bilan des Cavs James ne pouvait prétendre au titre (comme Kobe ces dernières années) malgré une saison statistique vraiment impressionnante. Garnett remplissait lui complètement les 2 critères de leadership et de bilan équipe (le meilleur de la ligue) mais était en dessous individuellement (9ème éval). Dans sa propre équipe Paul Pierce, comme le titrait l'excellent mag Reverse il y a quelques mois,  était d'ailleurs considéré comme le véritable leader des Celtics. Le titre se jouait donc entre 2 hommes Kobe donc et Chris Paul. Le formidable meneur des Hornets s'est imposé sans contestation comme le leader de son équipe malgré son jeune âge et affichait même des stats légèrement supérieures au célèbre numéro 24 (3ème à l'éval contre 5ème). Au point de vue bilan collectif, les deux équipes se sont tirés la bourre jusqu'à l'ultime journée et ce n'est que pour une petite victoire que LA a pris les commandes de la conférence Ouest (57-25 contre 56-26). Bref bien difficile de les séparer. Comme en 2005, j'aurais été tenté de partager le trophée (je trouvais à l'époque que le Shaq le méritait autant que Nash). Mais il est un autre critère qui a sans doute, et à juste raison, été utilisé: la régularité au plus haut niveau. En effet si CP3 a dès sa 1ère année marquait les esprits (rookie of the year 2006), ce n'est que depuis cette saison qu'il est entré dans la cour des tous meilleurs alors que Kobe côtoie ce milieu depuis au moins 7-8 ans. D'ailleurs en remportant le trophée au bout de sa 12ème année en NBA, il devient le lauréat à avoir "attendu" le plus longtemps, à égalité avec Karl Malone. Au final, il me parait donc totalement logique de récompenser ce formidable talent, pour moi le plus grand (avec Duncan dans un autre genre) des années 2000.

Une p'tite rétro pour le plaisir

Il ne faut pas oublier en effet que Kobe fut, avant que James ne s'attaque un à un à ses records, le phénomène de précocité de l'histoire de la ligue. Il est d'ailleurs actuellement le plus jeune joueur de l'histoire à avoir atteint les 20 000pts et se classe actuellement en 12ème position des meilleurs scoreurs. Dans une ligue qui traditionnellement récompense les "big men", Kobe rejoint son modèle (même si son joueur préféré reste Magic) Michael Jordan en devenant le 2ème small guard à obtenir ce tire de MVP (Iverson, combo gaurd jouant aux positions 1 et 2, peut être classé également dans cette catégorie).

Les MVP par positions:

PG: Bob Cousy 1957 - Oscar Robertson 1964 - Magic 1987, 89 et 90 - Iverson 2001 - Nash 2005 et 06

SG: Michael Jordan 1988, 91, 92, 96 et 98 - Kobe Bryant 2008

SF: Julius Erving 1981 - Larry Bird 1984, 85 et 86

PF: Bob Pettit 1956 et 59 - Charles Barkley 1993 - Karl Malone 1997 et 99 - Tim Duncan 2002 et 03 - Kevin Garnett 2004 - Dirk Nowitzki 2007

C: Bill Russell 1958, 61, 62, 63 et 65 - Wilt Chamberlain 1960, 66, 67 et 68 - Wes Unseld 1969 - Willis Reed 1970 - Kareem Abdul-Jabbar 1971, 72, 74, 76, 77 et 80 - Dave Cowens 1973 - Bob McAdoo 1975 - Bill Walton 1978 - Moses Malone 1979, 82 et 83 - Hakeem Olajuwon 1994 - David Robinson 1995 - Shaquille O'Neal 2000.

Kobe enfin MVP. Oui c'est bien logique, mais malgré son talent incommensurable, il n'en demeure pas moins que selon les critères retenus par les journalistes nord-américains, c'est en toute logique pour moi qu'il ne l'obtienne que maintenant. D'ailleurs pour éviter la confusion, il serait peut-être intéressant d'élire un Best Player of the year, dont le vainqueur serait élu par ses pairs (coachs et joueurs). Quoiqu'il en soit, ce titre aussi prestigieux soit-il est avant tout honorifique et demeure bien fade à mes yeux comparé à un titre NBA, le seul et unique graal à convoiter.




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